Thales enchaîne les opérations à plus d'1 Md€. Après Cobham Aerospace Communications, le groupe coté, accompagné par les banques d'affaires Morgan Stanley et Centerview Partners, signe sa plus grosse acquisition depuis 2019 avec Imperva, un éditeur californien spécialisé en cybersécurité. Salariant 1 400 personnes, la cible aux 496 M$ (449 M€) de revenus en 2022 appartenait à 100 % au fonds Thoma Bravo, depuis un LBO de 2,1 Md$ (1,9 Md€) il y a quatre ans. Thales déboursera 3,6 Md$ (3,26 Md€). « Cette hausse du prix d'acquisition s'explique par plusieurs build-up réalisés depuis 2019, indique Pascal Bouchiat, directeur général finance et systèmes d'information de Thales. Lors de l'arrivée de Thoma Bravo, ce prix était de cinq fois le chiffre d'affaires mais la société n'était pas rentable. Si le montant du rachat est aujourd'hui de 6,1 fois les revenus estimés pour 2024, Imperva a atteint la rentabilité. » L'opération est financée par la trésorerie du groupe et une future émission obligataire, lancée dans les mois à venir, mais pas par la cession de son activité transport (Ground Transportation Systems) à Hitachi Rail pour 1,66 Md€, bouclée en début d'année.
Un spécialiste de la sécurité des applications
La société fondée en 2002 à San Mateo par l'Israëlien Shlomo Kramer est principalement active dans deux secteurs de la cybersécurité : la data security (protection des données) et l'application security (sécurité des applications). La première branche, qui génère environ 200 M$ (181 M€), soit 39 % du chiffre d'affaires d'Imperva, propose des solutions logicielles pour la compréhension de la sensibilité et le classement des données, la gouvernance de cette data, ainsi que la surveillance des bases de données (systèmes anti-fraude et anti-piratage). Concentrant la majeure partie de son activité, la seconde, qui génère près de 300 M$ (344 M€) de revenus en 2022, développe et vend notamment des pare-feux pour les applications web, capables de détecter les signatures d'attaques et couper l'accès à un réseau en cas de besoin. Elle édite également des solutions anti-bot, de protection contre les attaques (de type saturation d'un site web), et de sécurisation des interfaces entre applications et serveurs. Plus de 6 000 clients (53 % situés en Amérique du Nord, contre 20 % situés en Europe, Moyen-Orient et Afrique) utilisent les logiciels d'Imperva, disponibles sur abonnement, dont 35 % des sociétés du Fortune 100 et six des dix principaux opérateurs télécom au monde.
2,4 Md€ de revenus de cybersécurité
Thales se renforce ainsi en cybersécurité, où il est notamment actif dans le domaine de l'identification en ligne, encore plus depuis le rachat du néerlandais One Welcome l'été dernier. Le groupe coté est aussi présent dans la protection des données, proposant des solutions de chiffrement et de gestion des clés. Imperva est intégrée à l'entité Identité et Sécurité Numériques du français, issue de l'acquisition de Gemalto en 2017. « Le chiffre d'affaire estimé de cette branche pour 2024 est d'environ 4,5 Md€, précise Patrice Caine, le président-directeur général de Thales. Au sein de celle-ci, nous incluons les parties produits et services de notre activité de cybersécurité, soit 2 Md€ de revenus espérés en fin d'année prochaine, en incluant Imperva. Nous ne prenons cependant pas en compte nos solutions destinées aux administrations publiques comme les ministères, qui devraient générer 400 M€ de chiffre d'affaires en 2024. » Thales espère accroître les revenus de sa branche de 6 % à 7 % entre 2024 et 2027, pour atteindre entre 5,4 et 5,5 Md€, et une marge opérationnelle de 16,5 %. Au total, le groupe coté sur Euronext salarie 77 000 personnes réparties dans 68 pays, pour un chiffre d'affaires de 17,6 Md€ en 2022, et 1,9 Md€ d'EBIT.