« La plus grosse levée d'un éditeur de solutions de cybersécurité XDR [détection et réponse automatique des menaces à différents niveaux (postes de travail, email, cloud, serveurs...), ndlr] dans le monde », tient à souligner Laurent Oudot, co-fondateur de Tehtris avec Eléna Poincet. L'éditeur en cybersécurité vient de boucler une série B de 36 M€, sans compter un emprunt bancaire de 8 M€. Le nouvel entrant Jolt Capital injecte plus de la moitié de cette somme via son fonds IV, accompagné par les historiques Tikehau Ace Capital, Open CNP et le fonds régional Nouvelle-Aquitaine Co-Investissement (Naco), dont le mandat de conseil est passé récemment d'Aquiti Gestion à M Capital. Ce trio avait consacré 13,5 M€ en deux tranches lors du premier tour il y a deux ans d'un montant annoncé à 20 M€ en incluant du financement non dilutif (lire ci-dessous). La pépite parisienne, dont le gros de l'effectif est à Bordeaux, avait choisi Cambon Partners pour organiser ce nouveau tour. « Nous cherchions des investisseurs à l'esprit entrepreneurial, positionnés non plus sur le venture mais sur le growth et capables de nous aider dans le développement international. Plusieurs fonds étrangers sont venus nous rencontrer, parmi les plus gros du monde, mais Jolt nous a convaincus de part sa dimension RSE et sa compréhension de la deeptech », indique Laurent Oudot.
Filiales en Espagne, Allemagne mais aussi au Japon, Canada et Singapour
En deux ans, Tehtris a quadruplé de taille, tout du moins le nombre de salariés, à 260. Un essor s'accompagnant de l'ouverture depuis janvier de quatre filiales à l'étranger, où travaille une dizaine de personnes. Celles de Tokyo et de Vancouver permettent d'étendre la couverture horaire via des équipes techniques prêtes à réagir à tout incident. En Espagne et en Allemagne en revanche sont basés des commerciaux. Le chiffre d'affaires n'est pas communiqué, mais Jolt Capital cible pour rappel des sociétés générant au moins 10 M€. « Tehtris a dépassé le stade du financement de l'innovation et avait besoin de fonds pour la déployer, en particulier à l'international. Cela correspond parfaitement à notre thèse d'investissement », souligne Guillaume Girard, managing partner chez Jolt Capital, qui relève par ailleurs son basculement réussi d'une activité de conseil à celle d'édition de logiciels Saas. Le compte de résultat reste déficitaire mais « le chemin vers la rentabilité est connu », indique l'investisseur de cap-dev.
Croissance externe au programme
L'éditeur entre dans une phase d'accélération du développement commercial, pour soutenir la transformation du modèle vers la distribution indirecte. Il s'adresse ainsi particulièrement aux intégrateurs et opérateurs de cybersécurité. S'il défend l'excellence technologique française et l'autonomie numérique européenne, ses ambitions mondiales se traduisent par le recrutement prochain de forces de vente à Toronto et à Singapour. Le concurrent de CrowdStrike et de SentinelOne, deux acteurs américains cotés depuis trois et un an, prévoit le recrutement de 300 personnes dans les trois ans, et regarde les options possibles en matière de croissance externe. Il peut compter pour cela sur l'appui de son nouvel actionnaire, qui dispose d'un outil utilisant l'intelligence artificielle pour identifier des opportunités d'investissement mais pouvant servir aussi à ses participations en phase de build-up.