En juin 2023, Mistral AI frappait les esprits en levant 105 M€, quelques semaines seulement après son immatriculation. Un an plus tard le développeur de modèles d'intelligence artificielle générative dépasse le milliard d'euros, non pas de valorisation puisqu'il est déjà licorne depuis sa série A de 385 M€ en décembre, mais de montant levé depuis l'origine. Il réunit cette fois 600 M€, comprenant un mélange d'equity et d'obligations convertibles, comme lors des deux premiers tours. L'augmentation de capital atteint 468 M€, selon des informations confirmées et publiées initialement par le Financial Times, pour 5,8 Md€ de valorisation. Soit un quasi triplement de la valeur de la pépite parisienne, toujours détenue majoritairement par le trio fondateur composé d'Arthur Mensch, Timothée Lacroix et Guillaume Lample. À noter que ses trois tours intègrent le top 10 des levées françaises depuis début 2023 (voir le tableau ci-dessous).
DST Global et General Catalyst, lead investors
DST Global entre comme investisseur principal de cette série B, quelques mois après avoir mené le tour d'une autre licorne tricolore, Pennylane. Déjà actionnaire, General Catalyst réinjecte un ticket en co-meneur. Quelques VCs rejoignent le tour très international, à commencer par les français Eurazeo et Korelya, mais aussi le californien SV Angel, ainsi que les gérants d'actifs britannique Latitude IM, coréen Hanwha Asset Management et saoudien Sanabil Investments. Lightspeed, a16z (Andreessen Horowitz), Bpifrance et BNP Paribas remettent au pot. Mais l'entreprise fait surtout une place à une demi douzaine d'industriels : Cisco, IBM, Samsung Venture, ServiceNow, Bertelsmann Investments et Belfius. L'actionnariat compte déjà quelques corporate dont CMA CGM, Nvidia, Salesforce, Databricks et Microsoft. Ces deux derniers avaient rejoint la série A en début d'année, et conclu des partenariats notamment pour distribuer les modèles du français entré cette année dans le label Next40.
Bureau californien
Mistral, qui a publié sept modèles d'IA gen en un an, mettra à contribution ses nouvelles ressources pour obtenir de la puissance de calcul supplémentaire, même s'il a su se montrer économe sur ce plan. Misant sur l'open source, il a néanmoins développé des produits propriétaires, dont le modèle de génération de texte Mistral Large. L'entreprise d'une soixantaine de salariés entend appuyer son effort commercial, en particulier aux États-Unis où elle s'est implantée récemment, confiant les clés de son bureau de San Francisco à Marjorie Janiewicz, une Française passée par SAP, MongoDB, HackerOne et Foursquare. Une présence outre-Atlantique rendant plus concrète encore la concurrence de Mistral avec OpenAI, Anthropic, Cohere ou Meta.