Aujourd’hui, la Healthtech en France représente quelque 2000 entreprises actives en biotech, medtech, e-santé… lesquelles « ont franchi un nouveau cap de développement et de croissance » en 2021, selon Franck Mouthon, président de France Biotech qui relève « la dynamique entrepreneuriale et le forte attractivité » d’une filière qui peut, avec le recul, s’appuyer sur « l’expérience des pionniers » et sur les réseaux qu’ont construits les entreprises entre elles.
Ces mêmes réseaux qui facilitent le dialogue avec les pouvoirs publics, lesquels ont apporté un soutien inédit au secteur via Bpifrance qui a injecté 1,2 Md€ dans les entreprises de santé en 2021, soit quatre fois plus qu’en 2020 et ont promis une dotation de 7 Md€ pour « refaire de la France la première nation innovante en matière de santé à horizon 2030 », selon les mots du Président de la République.
Recrutements massifs
France Biotech et ses partenaires ont mené leur étude sur un échantillon de 427 entreprises totalisant 800 M€ de chiffre d’affaires en 2020. Ce qui permet d’établir le profil type d’une healthtech (9 ans d’âge, 25 salariés, 2,3 M€ de chiffre d’affaires). 80 % de ces biotechs (42 % de l’échantillon), medtech (22%), société de la e-santé (15 %), CRO/CDMO… ont recruté, l’année dernière. Directement, elles ont embauché 10 000 personnes en 2021 et prévoient plus de 2000 recrutements cette année encore. « Au total, la filière a procédé à plus de 50 000 recrutements. Dans la plupart des cas, il s’agit d’emplois hautement qualifiés pour la R&D et la production note Chloé Evans, responsable des études sectorielles chez France Biotech.
Records de levées
La healthtech française a battu ses records historiques en matière de financement en 2021 avec 2,3 Md€ levés (soit près de 50 % de plus qu’en 2020), dont 1,6 Md€ (contre 900 M€ en 2020), en capital risque. « La France figure au 2ème rang en nombre d’opérations en capital risque avec un ticket moyen de 13 M€ (versus 8 M€ en 2020) soit une augmentation de 63%, » explique Cédric Garcia, partner chez EY. La bonne nouvelle, c’est qu’au vu des fonds levés (IPO et capital risque) par les sociétés européennes et américaines en 2021, soit un total de 55 Md€, les montants réunis par les sociétés du Vieux Continent a doublé à 17,5 Md€. « Il y a un vrai rattrapage des sociétés européennes sur les sociétés américaines », estime le consultant. Ces dernières ont levé 37,5 Md€ en 2021. L’an passé, les financements ont continué à affluer dans la santé, avec un intérêt renforcé pour les fonds spécialisés (Sofinnova, Jeito et récemment LSP) qui ont levé encore plus d’argent qu’en 2020. On note ainsi que les fonds européens dédiés aux biotechnologies ont collecté 745 M€ en 2021 pour un total de 11 Md€ sous gestion.
Ça monte dans les tours
Dans le secteur des biotech, les levées les plus importantes sont toujours réalisées par des sociétés américaines avec 15 opérations de plus de 200 M$ dans le secteur en 2021, contre 4 en Europe mais zéro en France, l’Hexagone occupant toutefois la 3e place du podium des deals financés par les fonds de capital risque en Europe derrière le Royaume-Uni et l’Allemagne. Sur le Vieux continent, les montants investis dans les segments des dispositifs médicaux et de la e-santé ont plus que doublé (à 10,3 Md€) tandis que le nombre des opérations croissait de 10 %. En France on enregistre quelques deals au-delà de 100 M€ (DNA Script, Dental Monitoring ou eCential Robotics), des levées de plus en plus internationales impliquant des investisseurs européens, américains, asiatiques… et des levées de série A supérieures à 20 M€ de plus en plus nombreuses.
Le marché boursier s’est révélé lui aussi très dynamique. 131 sociétés de santé sont cotées sur Euronext (dont 75 françaises) pour une capitalisation de près de 60 Md€. Sept IPOs ont eu lieu en 2021 sur Euronext Paris (pour 101 M€), auxquelles s’ajoutent deux double- cotations (Valneva et Biophytis) pour 78 M€. Les opérations de refinancement sur les marchés ont également progressé (573 M€), avec quelques tickets tickets significatifs (trois de plus de 50 M€).
A l'aide !
Les pouvoirs publics ont fortement soutenu la filière en 2021 en attribuant 1,2 Md€ d’aides à 850 porteurs de projets d’innovation / industrialisation, soit quatre fois plus qu’en 2020. De fait, « la part des aides octroyée au secteur de la santé est passée de 20 % (2019) à 33 % du budget total en 2021 », souligne Rosalie Maurisse, Directrice Innovation Santé chez Bpifrance. Parmi elles, 830 M€ relèvent du Plan de relance et 100 M€ sont issus du 4ième plan d’investissement d’avenir (PIA), octroyés par Bpifrance. En parallèle, la banque publique a investi 158 M€ au capital des sociétés de healthtech et 205 M€ dans des fonds de capital-risque healthtech en 2021. Depuis le début de la crise le montant des aides de l’État pour soutenir les entreprises qui luttent contre le Covid-19 s’élève à 856 M€.
Le poids des partenariats
Bien souvent issues de la recherche publique (49 %), les sociétés de la healthtech ont investi plus de 1 Md€ en R&D en 2020. Coutumières des accords de licence (6 600 en 5 ans) et des partenariats, toujours avec la recherche publique ou avec des acteurs industriels, elles ont enregistré des records en 2020 et 2021, en termes de d’opérations et de montants. Ainsi, le montant total des partenariats et accords de licences signés en 2020 et 2021 s’élève à plus de 1,2 Md de Md$ au total, le montant moyen d’une opération se situant à plus de 500 M$ depuis 2020 comme on a pu le voir quand Cellectis a signé avec Cytovia Therapeutics (775 M$ seront versés en cas de réussite totale) ou quand Genfit a conclu avec Ipsen (543 M$). L’oncologie concentre 30 % des accords (35 % de la valeur totale), devant les maladies infectieuses et le système central, ces trois domaines thérapeutiques concentrant plus de la moitié des accords.