Pula : 18,8 M€ pour l’assurance climatique des agriculteurs africains
Dans un contexte de dérèglement climatique de plus en plus préoccupant, se manifestant par des phénomènes météorologiques extrêmes touchant tout particulièrement l'Afrique - affectant ainsi les moyens de subsistance des populations - la dernière levée de l'assurtech helvético-kényane Pula revêt une signification particulière. Fondée en 2014 à Nairobi et Mollis (Suisse) par Thomas Njeru et Rose Goslinga afin de fournir une assurance climatique aux petits exploitants agricoles africains, elle a récemment collecté 18,8 M€ (20 M$) afin de poursuivre l'extension de ses activités en Asie et en Amérique latine. Actuellement active au Kenya, au Nigeria, en Zambie, au Malawi et au Mozambique, la jeune pousse a su convaincre notamment la société d’investissement suisse BlueOrchard, la Société Financière Internationale (SFI) - filiale du groupe de la Banque mondiale en charge du financement du secteur privé - la fondation Bill & Melinda Gates et le VC kényan Hesabu Capital. Contrairement aux informations précédemment diffusées, le spécialiste tricolore des systèmes solaires domestiques Baobab+ n'a pas participé à cette levée [màj 17 juin 2024]. Selon Richard Hardy, directeur des investissements en capital-investissement pour l’Afrique chez BlueOrchard, Pula s'appuie sur l'IA, ainsi que sur « des mécanismes de collecte de données sur le terrain, des systèmes d’enregistrement basés sur le mobile, de la télédétection et des outils d’automatisation de bout en bout », pour développer ses produits d'assurance climatique, mais aussi de semences améliorées et de crédit. Les programmes d’assurance climatique auxquels participe la start-up ont déjà bénéficié à quinze millions de petits exploitants agricoles dans vingt-deux pays. Le marché demeure colossal puisqu'on estime qu'aujourd'hui 97 % des agriculteurs africains n’ont pas accès à une assurance formelle, et près de 80 % dans l'ensemble des pays en développement.
YoLa Fresh : 6,5 M€ pour connecter directement agriculteurs et détaillants
Autre figure de la révolution agricole africaine en marche : la start-up marocaine YoLa Fresh qui cherche optimiser l’efficacité de la chaîne d’approvisionnement des produits frais en supprimant les intermédiaires - ce qui permet d'une part d'augmenter les revenus des agriculteurs, et d'autre part de réduire à la fois les coûts de distribution, le gaspillage alimentaire et les émissions de gaz à effet de serre, tout en améliorant la qualité des produits pour les consommateurs. Elle vient de réunir 6,5 M€ (7 M$) à l'occasion d'un tour d'amorçage mené par le VC marocain Al Mada Ventures, avec la participation du francilien Janngo Capital (à l'origine start-up studio à impact social ivoirien qui a lancé en 2020 son fonds de capital-risque, Janngo Capital Startup Fund), du californien Unpopular Ventures, de la banque de développement néerlandaise FMO, du kényan E3 Capital et de l'égyptien Algebra Ventures. Lancée en 2023 par les actuels dirigeants Youssef Mamou et Larbi Alaoui Belrhiti, l'agritech s'appuie sur des technologies avancées en matière de données pour suivre le transport des produits frais depuis la ferme jusqu'aux entreprises de distribution et de restauration. Objectif du tour de table : élargir son réseau logistique et le nombre d'agriculteurs bénéficiaires (y compris au-delà du Maroc dès 2026), et renforcer sa plateforme technologique. À terme, l'ambitieuse agritech entend s'affirmer en tant que nouvelle licorne sur le continent. Dès 2025 ou 2026, elle espère engranger entre 40 et 50 M$ de revenus annuels.
LAfricaMobile : 4 M€ pour des campagnes de communication vers des mobiles
Lancée il y a dix ans sous la houlette de Malick Diouf et Oumar Diallo - deux entrepreneurs sénégalais rencontrés sur les bancs de l’École de Management de Grenoble - l'éditeur dakarois d’un logiciel cloud permettant la génération de campagnes marketing vers les téléphones mobiles lève 4 M€, dont 80 % auprès du fonds tricolore Janngo Capital. Ont également participé au tour de table Karim Jouni et Jihed Othmani, fondateurs de la fintech Expensya (qui permet d'automatiser la gestion des dépenses professionnelles), ainsi que la banque panafricaine d’investissement SouthBridge, la société d'investissement à l'initiative de la diaspora africaine Ciwara Capital (toutes deux basées à Paris) et les footballeurs professionnels Aurélien Tchouaméni et Jules Koundé. Après avoir déployé sa solution logicielle en Afrique de l'Ouest, grâce à une levée de 599 K€ en 2020 auprès du VC sénégalais Teranga Capital et de l'entreprise Abysse, la jeune pousse aux trente salariés souhaite à présent financer son développement en Afrique centrale et doubler ses effectifs d'ici la fin de l'année. (Pour plus de détails, lire l'article LAfricamobile télécommunique une série A sur CFNEWS.)