E-commerce : Wasoko / Tiger Global / Avenir Growth Capital / Quona Capital / 4DX Ventures / JAM Fund / VNV Global / Golden Palm Investments (Kenya / États-Unis / Suède / Ghana)
Nouveau record en matière de levée de fonds sur le continent : l’entreprise kényane de commerce électronique Sokowatch, qui se rebaptise Wasoko à cette occasion, se valorise 570 M€ (625 M$) grâce à une série B de 114 M€ (125 M$) menée par les américains Tiger Global et Avenir Growth Capital (via son véhicule I), soit le plus important tour de table réalisé par une société d’e-commerce en Afrique. La transaction a également vu la participation d’autres investisseurs nord-américains (Quona Capital, 4DX Ventures et JAM Fund), mais aussi du suédois Vostok New Ventures (VNV Global), du ghanéen Golden Palm Investments, ainsi que des business angels indiens Binny Bansal (co-fondateur de Flipkart), et Sujeet Kumar (co-fondateur d'Udaan).
Lors de son lancement en 2016 au Kenya, Sokowatch se définissait comme une plateforme allégée en actifs et place de marché pour la distribution de biens de consommation à rotation rapide des fournisseurs aux détaillants. Son changement d’appellation coïncide avec son expansion géographique (le nouveau nom, qui signifie « gens du marché » en swahili, étant jugé plus simple, plus facile à prononcer et à épeler sur tous les marchés), puisqu’elle se présente désormais comme une plateforme permettant aux détaillants du Kenya, de la Tanzanie, du Rwanda, de l'Ouganda, de la Côte d'Ivoire et du Sénégal de commander des produits aux fournisseurs (par SMS ou via son application mobile), pour une livraison le jour même dans leurs magasins et boutiques, via un réseau de chauffeurs logistiques. Déjà présente dans les six marchés africains cités, la pépite kényane souhaite s’appuyer sur cette manne financière pour y consolider sa présence tout en s’étendant davantage en Afrique de l’Ouest et australe. « Notre choix de nous étendre aux marchés francophones d'Afrique de l'Ouest reflète la forte croissance que ces pays ont affichée dans la région, en général. Le Sénégal et la Côte d'Ivoire ont tous deux connu une solide croissance annuelle du PIB, au cours de ces dix dernières années », a expliqué Daniel Yu, président fondateur de Wasoko. Parallèlement, la start-up envisage d'étendre son offre de produits à des secteurs verticaux tels que les systèmes marchands de points de vente, les paiements de factures et le commerce social, par le biais d'investissements stratégiques et d'acquisitions de sociétés.
En février 2020, la plateforme d’e-commerce avait obtenu près de 13 M€ (14 M$) lors d'une série A dirigée par Quona Capital, à laquelle avait pris part JAM Fund, Golden Palm Investments, et d'autres investisseurs comme les californiens Vertex US et Breyer Capital, le nigérian Timon Capital, le kényan Catalyst Fund et le texan Amplo. Revendiquant une augmentation de ses revenus de plus de 500 % en 2021, elle affirme avoir livré, via son réseau de chauffeurs, près de 2,5 millions de commandes à plus de 50 000 détaillants de produits de consommation dans dix-huit villes.
Services financiers : Moove / Left Lane Capital / Speedinvest / thelatest.ventures / AfricInvest / MUFG Innovation Partners / Latitude / Kreos Capital / NBK Capital (Nigeria / États-Unis / Autriche / Émirats arabes unis / Tunisie / Japon / Royaume-Uni / Koweït)
Sept mois après une série A d’environ 20 M€ (23 M$) co-dirigée par le new-yorkais Left Lane Capital et le viennois Speedinvest, la fintech de mobilité nigériane Moove, qui facilite aux entrepreneurs africains l’accès aux financements pour l’acquisition de véhicules neufs, réunit 96 M€ (105 M$) complémentaires dont 60 M€ (65 M$) en capital. Les deux investisseurs leads du tour de table d’août dernier remettent au pot, aux côtés de thelatest.ventures (Dubaï), AfricInvest (Tunisie / Afrique), MUFG Innovation Partners (Japon), Latitude (Royaume-Uni), Kreos Capital (Royaume-Uni) et NBK Capital (Koweït).
Fondée en 2020 par les Britanniques d’origine nigériane Ladi Delano et Jide Odunsi, la jeune pousse est le partenaire exclusif d'Uber pour le financement et la fourniture de véhicules en Afrique subsaharienne. Actuellement active au Nigeria, au Ghana, au Kenya et en Afrique du Sud, elle entend poursuivre son expansion géographique, au cours des six prochains mois, dans sept nouveaux marchés en Asie, en Europe et dans la zone Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA). Les fonds obtenus financeront également le développement de nouveaux partenariats et l’élargissement de sa gamme de véhicules. « Après avoir dépassé les trois millions de voyages via des véhicules financés par Moove à travers l'Afrique, déployé notre service dans six nouvelles villes et connecté des entrepreneurs de la mobilité aux marchés du covoiturage, de l'e-logistique et de la livraison, nous sommes aujourd'hui à la tête de cette catégorie croissante de la fintech. Nous sommes ravis de pouvoir compter sur le soutien d'investisseurs à travers le monde, qui nous permettront de faire connaître notre modèle », s’est félicité Ladi Delano.
Infrastructures de transport : Bus Rapid Transit / Meridiam / Fonsis / Keolis (Sénégal / France)
Fort de plus de 4 Md€ déployés en Afrique à ce jour, le fonds d’infrastructures tricolore Meridiam - qui espère porter cette somme à 10 Md€ d'ici 2026 - décroche 56 % d’une nouvelle concession à Dakar, dans le cadre d’un consortium comprenant le Fonds souverain d’investissements stratégiques du Sénégal, Fonsis (30 %) et la filiale de la SCNF, Keolis (14 %). Désireux d’accélérer son plan de modernisation de son réseau de transport d'ici 2025, le Sénégal souhaite moderniser sa capitale grâce au développement du Bus Rapid Transit (BRT ou « bus rapides sur voies réservées »), le premier réseau de bus électriques de la ville. Représentant un coût de 135 M€, ce projet comprend l’exploitation et la maintenance du réseau et la mise à disposition d’une flotte de 121 bus 100 % électriques, pour une mise en service prévue dès l'été 2023. Il s’agit du quatorzième investissement du véhicule MIAF I, dont les 546 M€ sont désormais totalement investis. (Pour plus de détails, lire l’article Meridiam transporte au Sénégal sur CFNEWS INFRA).
Infrastructures énergétiques & EnR : Soleil de Lessouda / Éoliennes de Bizerte / VSB énergies nouvelles / VSB Holding GMHB (Tunisie / France / Allemagne)
Présent en Tunisie depuis 2014, VSB énergies nouvelles, développeur nîmois d'électricité à partir d'EnR et filiale du groupe allemand VSB, vient de participer à la recomposition du capital de deux de ses sociétés de projet dans le pays. Celles-ci concernent la centrale solaire de 10 MWc à Lessouda d’une part (Soleil de Lessouda), et le parc éolien de Mateur d'une puissance de 30 MW d’autre part (Éoliennes de Bizerte), tous deux à un stade de développement avancé. Conseillé par la banque d’affaires Finergreen, VSB Holding GMHB, qui co-détenait les sociétés de projet depuis 2019, a cédé la totalité de ses parts (63,75 %) à VSB énergies nouvelles - qui contrôle désormais 51 % des parts de chaque cible - ainsi qu’à un fonds spécialisé dans le développement des énergies renouvelables en Afrique. L’arrivée au capital de ce fonds expérimenté, dont l’identité n’a pas été divulguée, aidera l’entreprise dirigée par François Trabucco à obtenir des financements auprès de bailleurs internationaux. VSB énergies nouvelles a engrangé 24 M€ de revenus l’an dernier avec plus de 129 collaborateurs, et gère plus de 900 MW d'actifs éoliens et solaires produisant l'équivalent de la consommation de plus de 900 000 habitants. (Pour plus de détails, lire l’article VSB Energies Nouvelles réforme son capital en Tunisie sur CFNEWS INFRA).
Industrie pharmaceutique : Pharmaceutical Institute / Kelix bio / DPI / CDC Group (Émirats arabes unis / Maroc / Royaume-Uni)
Quatrième investissement pour Kelix Bio, une plateforme pharmaceutique fondée à Dubaï en 2020 par les britanniques Development Partners International (DPI) et CDC Group ainsi que la Banque Européenne de Reconstruction et de Développement (BERD), dans l’optique d’élargir l’accès aux médicaments de qualité à travers le continent africain. Elle s’est en effet récemment emparée du fabricant et distributeur de produits pharmaceutiques marocain Pharmaceutical Institute. Pour financer ce rachat, l’acquéreur a effectué une levée de fonds de 184 M€ (200 M$), menée par DPI, une société d’investissement de premier plan axée sur l’Afrique avec 2,5 Md€ (2,8 Md$) d’actifs sous gestion, et l’institution britannique de financement du développement qui sera rebaptisée British International Investment (BII) le 4 avril prochain.
Compte rendu : Gestion des risques dans les investissements en Afrique (Franklin)
Dans le cadre d’une série d’événements traitant des opportunités ou des problématiques africaines au travers de prismes juridiques, économiques et surtout pratiques, le cabinet Franklin a organisé, le 9 mars dernier, un petit-déjeuner sur le thème de la gestion des risques dans les investissements en Afrique. À cette occasion, il a accueilli la Société fiduciaire mauricienne MITCO et la société de gestion d’actifs IPRO. L’audience était composée de banquiers, de fonds d’investissements et de sociétés ayant des projets pour l’Afrique.
Joël Rault, senior advisor au sein du cabinet Franklin et précédent ambassadeur de la République de Maurice en France, a fait un état des lieux des opportunités subsahariennes actuelles et des bonnes pratiques cruciales pour un investissement réussi en Afrique. Il a dressé un tableau économique et géopolitique subsaharien en mettant l’accent sur les dispositifs existants pour mitiger et maîtriser, la grande majorité des risques susceptibles d’affecter le bon déroulé d’un investissement sur le continent.
Nathalie Daynes, directrice du développement de MITCO, a quant à elle abordé le volet de la structuration juridique via le centre financier mauricien, en énumérant les nombreux avantages de cette juridiction dans la maîtrise des risques. Au-delà du bilinguisme, des fuseaux horaires pratiques et des infrastructures modernes, le cadre législatif favorable aux investissements et l’absence de contrôle de change fait de Maurice un centre privilégié pour investir en Afrique.
Stéphane Henry, CEO d’IPRO, a partagé son investissement réussi au Botswana dans le domaine de la gestion d’actifs. Il a résumé les quatre facteurs qui ont contribué à son succès, à savoir : 1. Une bonne définition de la stratégie, qui a mis huit ans à se mettre en place ; 2. La confiance dans une équipe de gestion 100 % locale et dans des co-actionnaires locaux ; 3. Le travail permanent pour maintenir une parfaite réputation ; 4. Le long travail sur le relationnel, avec un unique interlocuteur principal pendant quinze ans.
Numa Rengot, associé chez Franklin, a insisté sur les missions d’accompagnement juridiques et extra-juridiques, qui sont centrales dans les opérations transfrontalières. Il a partagé son expérience des investissements depuis et vers l’Afrique, et son activité première qui est liée au restructuring de sociétés. Il a aussi rappelé les spécificités du cabinet Franklin, et notamment de son desk africain dont l’histoire est non seulement liée à la pratique et aux nombreux dossiers traités en Afrique, mais également, et plus généralement, aux parcours personnels et professionnels des membres du cabinet.
La session s’est prolongée par une séance de questions et Joël Rault a conclu en annonçant le prochain thème qui abordera les différents modes de financements de projets en Afrique.
Événement :
- 7 avril (17h30-19h) : webinaire de la commission RSE & ODD du CIAN, en partenariat avec Africa Mutandi et l’École Régionale Supérieure de la Magistrature, intitulé « Vers un reporting extra-financier au sein de l’OHADA ? ». Ce rendez-vous important de la RSE en Afrique s’inscrit dans le cadre de la note 35 annexée depuis le 1er janvier 2019 à l’acte unique relatif au droit comptable et à l’information financière & système comptable de l’OHADA, qui pose les premiers principes d’un reporting extra-financier à l’échelle des dix-sept États membres. Cette exigence de reporting préfigure l’essor de la reconnaissance de l’engagement sociétal des entreprises dans l’atteinte des ODDs : toute entreprise de plus de 250 collaborateurs doit en effet désormais partager les informations relatives aux enjeux sociaux, sociétaux et environnementaux liés à ses activités. Le webinaire apportera des éléments de réponse à ces questions : Quelle forme doit prendre ce reporting ? Comment mieux le faire connaître ? Quelles sont les attentes et ambitions de l’OHADA liées à ce reporting extra financier ?
Et aussi...
- Au Sénégal, l’entreprise lot-et-garonnaise Fonroche, active dans le biogaz, la géothermie profonde et l'éclairage solaire, remporte un nouveau contrat de 121 M€ pour la fourniture et l’installation de 67 000 lampadaires solaires dans plusieurs localités.
- La société d’investissement sud-africaine H1 Capital, axée sur les énergies renouvelables et participant ainsi à l’accélération de la transition énergétique du pays, a su convaincre deux institutions de financement internationales de lever les capitaux nécessaires au financement de 2,4 GW de projets éoliens et solaires dans la nation arc-en-ciel. Le norvégien Norfund injecte ainsi 22 M€ (360 MZAR), le CDC Group britannique (qui sera rebaptisé « British International Investment » le 4 avril) s’engageant de son côté à hauteur de 14 M€ (240 MZAR).
- Kawarizmi, une start-up française spécialisée dans la publicité digitale et programmatique, a été choisie par le leader marocain du transfert d’argent Wafacash, filiale du groupe Attijariwafa bank, pour séduire les diasporas de cinq pays d’Afrique (Maroc, Sénégal, Mali, Cameroun et Côte d’Ivoire) dans plusieurs pays européens (France, Belgique, Espagne, Italie et Pays-Bas). Débutée en octobre dernier, cette campagne de communication de grande envergure se poursuivra sur les médias digitaux jusqu’en fin d’année.
- Afin d’étendre ses activités de prêts sans garantie à des micro-entreprises locales, la fintech kényane 4G Capital lève environ 17 M€ (18,5 M$) en série C auprès de la firme de private equity londonienne Lightrock.
- Après une campagne de crowdfunding ayant permis de récolter 8 000 euros au mois de novembre dernier, la société francilienne Fortys vient d’éditer la seconde édition du jeu de culture générale 100 % africain « Afriquiz », qui ambitionne de pallier le manque de représentation positive du patrimoine culturel africain à travers le jeu, notamment auprès de sa diaspora. Porté depuis 2018 par trois ingénieurs - Aurélien Djom, Karim Bakoume et Freddy Woga - le projet a atteint 164 % de l’objectif de préventes initialement visé (grâce à près de 174 contributions, ce sont 250 boîtes qui ont été vendues en 40 jours sur un objectif de 150 préventes).
- Honoré Gaming, éditeur tricolore de solutions logicielles destinées aux opérateurs de paris hippiques et sportifs, accompagnera sur le plan technologique le PMU France et La Loterie Nationale Sénégalaise (Lonase), dans le cadre de leur convention de partenariat pour le lancement de la masse commune internationale.
Bonne fin de semaine et à mardi prochain !
Une information à nous soumettre pour ce Bulletin Afrique ? Écrivez-nous à : stephanie.roux@cfnews.net
Retrouvez l'ensemble des chroniques CFNEWS (Afrique, mais aussi Asie et Amérique latine) :
- Dans la rubrique Les Chroniques de CFNEWS
- Ainsi que sur Twitter et LinkedIn