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Afrique #132 : Holberton, Kisanfu, Sawari Ventures, Paymob, Samurai Incubate...


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© Holberton School

© Holberton School

Formation informatique : Holberton / Redpoint eventures / Pearson Ventures / Daphni / Imaginable Futures / Reach Capital / Trinity Ventures (Afrique / États-Unis / Brésil / États-Unis / France)

Fondée en 2016 à San Francisco par deux entrepreneurs français, Julien Barbier et Sylvain Kalache, l’école de formation informatique Holberton vient de réunir 16,6 M€ (20 M$) à l’occasion d’une série B visant à accélérer son développement sur le continent africain. Après avoir essaimé dans quinze campus aux États-Unis, en Amérique Latine, au Moyen-Orient et en Afrique, puis avoir pris pied fin 2020 - pour sa première implantation française et européenne - au sein de l’écosystème EuraTechnologies à Lille, la start-up californienne compte sur cette nouvelle levée pour étendre ses offres de solutions de formation aux universités, aux centres de formation et aux entreprises sur le continent africain. Mené par le VC brésilien Redpoint eventures, le tour de table a vu la participation d’un nouvel investisseur, Pearson Ventures (basé à New York), ainsi que celle des actionnaires existants, le français Daphni et les fonds américains Imaginable Futures, Reach Capital et Trinity Ventures (voir fiche opération sur CFNEWS). À l’heure actuelle, c’est à travers plusieurs instituts dans différents pays, tels que la Tunisie, Madagascar et le Maroc, que la jeune pousse est présente en Afrique. Des milliers d’étudiants y ont déjà bénéficié de son expertise. L’école de code ambitionne de former plus de 500 000 personnes sur le continent d’ici 2030, soit directement via son réseau d'écoles Holberton School, soit indirectement, via des établissements d’enseignement et des centres de formation. « L'Afrique est un continent qui dispose d'une pépinière considérable de jeunes talents. Avec nos solutions, nous accompagnons les institutions publiques et privées dans la mise en place d’un enseignement moderne et adapté aux besoins du marché de l'emploi sur le continent », a déclaré Julien Barbier, P-dg et co-fondateur de Holberton. Dans un entretien accordé à Maddyness en août dernier, son co-fondateur Sylvain Kalache expliquait par ailleurs: « On veut aller là où on est utiles. On souhaite avoir un impact positif sur l’écosystème local. La réussite de l’étudiant nous tient bien sûr à cœur mais, en parallèle, on travaille avec des entreprises et des organismes locaux pour s’assurer qu’il y a à la fois un besoin et un bassin d’emploi sur place. » Partout dans le monde, les développeurs logiciels formés par l'école ont ainsi réussi à décrocher des emplois bien rémunérés dans les meilleures entreprises tech internationales, d'Amazon à Apple en passant par Google, LinkedIn ou encore Tesla.

 

Bourse - Industrie minière : mine de Kisanfu / Contemporary Amperex Technology / China Molybdenum (République démocratique du Congo / Chine)

© Mine de Kisanfu (RDC)

© Mine de Kisanfu (RDC)

Popularisé par l'expression Chinafrique, le développement spectaculaire de la présence chinoise en Afrique depuis vingt ans vient une nouvelle fois de se manifester de façon éclatante. C’est cette fois l’industrie minière de RDC qui se retrouve sous les feux des projecteurs, et plus particulièrement la mine de cuivre-cobalt de Kisanfu, avec les 113,9 M€ (137,5 M$) déboursés par le géant mondial des batteries pour véhicules électriques, le chinois Contemporary Amperex Technology (CATL), pour y acquérir une participation de 25 %. Fondé en 2011 par le milliardaire chinois Zeng Yuqun, le groupe coté à la Bourse de Shenzhen compte sur cette opération, réalisée via sa filiale Ningbo Brunp CATL New Energy, pour sécuriser son approvisionnement en cobalt, matériau stratégique pour l’industrie, et ainsi garantir l’augmentation de sa production de batteries pour véhicules électriques. Son objectif: se maintenir dans la durée en tête des fournisseurs de batteries lithium-ion mondiaux, dans un contexte de croissance continue de la demande en véhicules électriques. La mine de Kinsanfu constitue l'une des plus grandes sources de cobalt non développées au monde, avec près de 3,1 millions de tonnes. Son actionnaire majoritaire est une autre entreprise minière chinoise du nom de China Molybdenum, productrice de cobalt, de cuivre, de tungstène et de niobium. Ayant acquis 95 % de la mine en décembre dernier, cette dernière en détiendra encore 71,25 % au terme de la transaction. L'État congolais en est également actionnaire minoritaire.

 

Fonds - Technologies : Sawari Ventures / National Bank of Egypt, Banque Misr, Banque du Caire, Suez Canal Bank / Misr Insurance Group / Ekuity Capital (Égypte / Tunisie)

Swvl développe une application de réservation de voyages en bus qui concurrence l'américain Uber et l'estonien Taxify. - © Swvl

Swvl développe une application de réservation de voyages en bus qui concurrence l'américain Uber et l'estonien Taxify. - © Swvl

Sawari Ventures porte à près de 59 M€ (71 M$) le total des ressources mobilisées au profit de son véhicule d’investissement axé sur les entreprises technologiques égyptiennes. Le VC égyptien vient en effet de récolter un supplément de 25 M€ (30 M$) auprès de banques locales (National Bank of Egypt, Banque Misr, Banque du Caire, Suez Canal Bank), ainsi que de la compagnie nationale d'assurances Misr Insurance Group et de la société d’investissement tunisienne Ekuity Capital (ex Consortium Tuniso-Koweïtien de Développement - CTKD). Selon Ahmed El Alfi, son dirigeant fondateur depuis 2010, la société de capital-risque a vocation à « générer des rendements exceptionnels en investissant dans des entreprises axées sur les technologies, qui ont le potentiel d'apporter des changements transformationnels à l'économie égyptienne». Le véhicule, qui investira en phase d'amorçage et de croissance, avait précédemment mobilisé 34 M€ (41 M$) auprès des plusieurs investisseurs, dont la Banque Européenne d'Investissement (BEI), le britannique CDC Group et Proparco, la branche dédiée au secteur privé de l’Agence Française de Développement (AFD). Son portefeuille englobe une trentaine de sociétés, parmi lesquelles la société de réservation de voyage Swvl (relire bulletin #57) ou la fintech MoneyFellows (relire bulletin #96).

 

Services financiers : Paymob / Global Ventures / A15 / FMO (Égypte / Émirats arabes unis / Pays-Bas)

© Paymob

© Paymob

La palme de la plus grande opération de série A jamais réalisée par une fintech égyptienne vient d’être décrochée par Paymob, une plateforme de paiement lancée en 2015. Neuf mois en effet après l’obtention d’une première tranche d’un financement de série A, d’un montant de 2,9 M€ (3,5 M$), la jeune pousse lève un supplément de 12,4 M€ (15 M$) auprès du VC dubaïote Global Ventures, ainsi que du fonds d’investissement égyptien A15 et de la banque néerlandaise de financement du développement FMO. Grâce à cet apport, le fournisseur égyptien de services de paiements numériques, actif au-delà de son pays natal au Kenya, au Pakistan et en Palestine, entend poursuivre son expansion en Arabie saoudite. Après avoir multiplié par cinq ses revenus en 2020, et dépassé le seuil des 35 000 marchands locaux et étrangers sur sa plateforme, Paymob souhaite renforcer à la fois son réseau et ses solutions de paiement.

 

Fonds : Samurai Incubate Africa / Toyota Tsusho Corporation (Afrique / Japon)

Page d'accueil du site du fonds Samurai Incubate Africa - © Samurai Incubate Africa

Page d'accueil du site du fonds Samurai Incubate Africa - © Samurai Incubate Africa

Samurai Incubate Africa (ex Leapfrog Ventures), filiale du VC nippon Samurai Incubate, vient de dépasser son objectif en réalisant le closing final à 15,5 M€ (plus de 2 MdJPY) de son véhicule Samurai Africa Fund 2 General Partnership, un an après son lancement (relire bulletin #76). Toyota Tsusho Corporation (TTC), filiale du géant de l’automobile japonais Toyota, est l’un des cinquante-quatre investisseurs ayant participé à la mobilisation de ce financement. Ce sont - pour l’essentiel - les quatre pays africains ayant concentré le plus grand nombre d’opérations en equity en 2020 qui se retrouvent en ligne de mire du fonds nippon, à savoir le Kenya, le Nigeria, l’Afrique du Sud et l’Égypte. Nombreux et diversifiés sont les secteurs visés: finance et assurances, logistique, transport et mobilité, santé, agriculture, énergie, e-commerce et commerce de détail, divertissement. Depuis son lancement sur le continent en 2018, la société de capital-risque y a d’ores et déjà finalisé près de vingt-six opérations. Samurai Africa Fund 2 General Partnership a revu à la hausse ses tickets d’investissements, puisqu’il compte désormais investir entre 76 K€ et 611 K€ (10 et 80 MJPY) dans chaque start-up, que ce soit en amorçage ou en série A. L’Égypte ne figurait pas à l’origine parmi les pays prioritairement ciblés, mais le fonds a reconsidéré sa position au vu du développement notable de l’écosystème des start-up égyptiennes et de son économie au cours de l’année écoulée.

 

Services financiers : BICIS / BNP Paribas / Proparco (Sénégal / France)

Choose Africa Résilience, un nouveau volet au service de l'initiative Choose Africa. - © Proparco

Choose Africa Résilience, un nouveau volet au service de l'initiative Choose Africa. - © Proparco

Au Sénégal, Proparco vient de consentir une nouvelle garantie de 1,9 M€ (1,25 MdXOF) à la filiale locale de BNP Paribas, dans le cadre de l’initiative française Choose Africa Résilience. La Banque Internationale pour le Commerce et l'Industrie du Sénégal (BICIS) s’appuiera sur ce financement pour garantir jusqu'à 80 % des crédits qu'elle aura octroyés à hauteur de ce montant, à des PME fragilisées par la crise et employant moins de deux cents personnes. Ces entreprises pourront bénéficier de prêts de douze à quarante-huit mois, d'un montant équivalent jusqu’à trois mois du chiffre d’affaires de 2019. Confrontée à des bénéfices en baisse depuis 2018, la filiale sénégalaise de BNP Paribas a débuté sa collaboration avec Proparco dès 2005, et a déjà bénéficié par le passé de ce type d’appui de la part de Proparco (mais en dehors de l’initiative Choose Africa). Récemment, le groupe panafricain de mésofinance Cofina a lui aussi obtenu, auprès de la filiale de l’AFD, une ligne de couverture d’1 M€ (relire bulletin #113) dans le cadre de cette garantie.

 

Nouvelle filiale - Avocats : De Gaulle Fleurance EMEA / De Gaulle Fleurance & Associés (Moyen-Orient / Afrique / Europe / France)

Jean-Baptiste Santelli, De Gaulle Fleurance & Associés

Jean-Baptiste Santelli, De Gaulle Fleurance & Associés

Le cabinet international d’origine française De Gaulle Fleurance & Associés prend pied à Abu Dhabi, avec l’ouverture d’une nouvelle filiale ayant vocation à accompagner ses clients dans leurs projets d’implantation et d’investissement entre le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Europe, ainsi que dans l'ensemble de leurs activités transfrontalières dans cette zone. Sous la houlette de Jean-Baptiste Santelli, associé au sein des bureaux parisien et luxembourgeois du cabinet depuis 2017, De Gaulle Fleurance EMEA travaillera en synergie avec les équipes basées à Paris, pour assister les entrepreneurs dans toutes les étapes de leurs projets.

 

Événement :

  • 29 avril (17h30-19h) : webinaire organisé par le Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN), dans le cadre de sa commission RSE&ODD, avec le soutien du Mouvement Impact France, sur le thème de l'Économie Sociale et Solidaire et la RSE en Afrique. Quels enjeux, quelles priorités de l'Économie Sociale et Solidaire, et quelles articulations partenariales avec la Responsabilité sociétales des entreprises ?

 

Et aussi...

  • Un consortium mené par le groupe panafricain diversifié Axian, dont le siège social est sis à Madagascar, va s'emparer - pour un montant non divulgué - de l'intégralité des activités de l'opérateur luxembourgeois Millicom en Tanzanie (Tigo Tanzania) et à Zanzibar (Zantel). Skadden a conseillé l'acquéreur dans cette opération.
  • À l'occasion de sa visite d'État en France, le président togolais Faure Gnassingbé obtient un prêt de 75 M€ de l'AFD, afin de financer l'électrification de cinquante-trois localités togolaises, et signe un PPP de 40 M€ avec l'entreprise aquitaine Sunna Design pour installer 50 000 lampadaires solaires dans plusieurs communes du pays.
  • En RDC, un réseau de fibre optique de 2 300 kilomètres vient d'être inauguré par la filiale locale du géant des télécommunications Orange et son confrère mauricien Liquid Intelligent Technologies. Le projet, qui relie Kasumbalesa à Inga (en traversant neuf autres villes d'est en ouest) est évalué à 16,6 M€ (20 M$).
  • Deux investisseurs luxembourgeois, Aroundtown et CPI Property Group, ont émis une offre d'un montant de 453 M€ (546 M$) auprès de Growthpoint Properties, l'une des plus importantes sociétés d'investissement immobilier sud-africaines (avec près de 533 actifs gérés à travers le monde), pour le rachat d'actifs immobiliers qu'il détient en Europe centrale et orientale.
  • En finalisant l'acquisition du mauricien ICPS, la multinationale marocaine Hightech Payment Systems (HPS) se positionne en leader du marché du processing sur le continent. Actuellement présent dans douze pays en Afrique francophone il entend y développer son activité, tout en s'étendant à une vingtaine d'autres États en Afrique anglophone.
  • La holding financière Rothschild & Co va arranger le deuxième eurobond du Cameroun, qui devrait être bouclé en juin pour un montant de 700 M€ (459 MdXAF), et qui vise à refinancer le tout premier eurobond de l'histoire des finances publiques camerounaises, lancé en 2015.
  • La start-up rwandaise Ampersand, premier fabricant de motos électriques d'Afrique de l'Est, mobilise 2,9 M€ (3,5 M$) auprès d'Ecosystem Integrity Fund (EIF), un fonds d'investissement américain qui finance les entreprises contribuant à la durabilité environnementale, afin d'augmenter sa flotte constituée de trente-cinq motos, et de conquérir la région. Selon l'agence Ecofin, il s'agit du plus important investissement jamais réalisé dans le domaine de la mobilité électrique en Afrique de l'Est.
  • La fintech éthiopienne AriPay, qui a démarré ses activités de paiement numérique ce mois-ci, est déjà parvenue à réunir 2,9 M€ (3,5 M$) auprès d'un pool constitué de trente-et-un investisseurs providentiels.
  • Air Liquide et le géant sud-africain de la chimie Sasol ont lancé un appel d'offres pour la fourniture de 600 MW d'énergies renouvelables sur leur site de Secunda, en Afrique du Sud, laissant aux producteurs indépendants d'électricité intéressés jusqu'au 23 avril pour candidater.

 

Bonne fin de semaine et à mardi prochain !

 

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