Infrastructures - Énergie : Tulu Moye Geothermal Operations / Meridiam / Reykjavik Geothermal (Éthiopie / France / Islande )
C’est en Éthiopie, et plus précisément sur le site de Tulu Moye, dans l’État régional d’Oromia, que le fonds d’investissement tricolore Meridiam et son partenaire, le développeur islandais Reykjavik Geothermal (RG), sont en passe de finaliser le montage financier de leur projet géothermique de 150 MW, pour un montant total estimé à 685 M€ (800 M$). Lancé fin 2017 lors de la signature de l’accord d’achat d’énergie (Power Purchase Agreement - PPA) avec l’Ethiopian Electric Power (EEP), ce projet prend la forme d’une joint-venture, Tulu Moye Geothermal (TMGO), détenue à 51 % par le spécialiste français des infrastructures. La centrale géothermique devrait être pleinement opérationnelle à partir de 2025, mais dès 2023, les premiers 50 MW pourraient être fournis au réseau électrique éthiopien. Afin de mener à bien cette première phase, la JV a signé en octobre 2019 un accord d’une valeur de 51 M€ (60 M$) avec la compagnie kényane KenGen pour le forage de douze puits devant alimenter l’infrastructure. Géo2D, expert des ressources géologiques, de l’innovation en géoscience et en ingénierie pour le développement durable, a également apporté son assistance à Meridiam en amont du projet. Ce dernier est financé par TMGO, le consortium créé ad hoc par Meridiam et Reykjavík Geothermal, qui a bénéficié du soutien financier de l’Agence américaine pour le commerce et le développement (USTDA) lors des études de faisabilité.
Parallèlement, le gestionnaire de fonds d’infrastructures français et l’énergéticien islandais mènent un autre projet géothermique en Éthiopie, en collaboration avec Africa Renewable Energy Fund (AREF) et Iceland Drilling: celui de Corbetti, également situé dans la vallée du Rift éthiopien. La production cumulée des deux infrastructures s’élèvera à 1000 MW pour un investissement global d’environ 3,8 Md€ (4,4 Md$).
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Bourse : Africa Finance Corporation / SIX Swiss Exchange (Afrique / Suisse)
L’institution multilatérale Africa Finance Corporation (AFC) émet 139 M€ (150 MCHF) d’obligations vertes à la la SIX Swiss Exchange (Bourse suisse) afin de financer des infrastructures durables en Afrique. D’une maturité de cinq ans, ces obligations notées A3 par l’agence Moody’s portent un coupon de 1,205 % et un intérêt de 20,5 %. Cette émission verte - la première libellée en francs suisses par une organisation supranationale de la région Europe centrale et orientale, Moyen-Orient et Afrique (CEEMEA) - a été arrangée par Credit Suisse et Renaissance Capital en tant que chefs de file et teneurs de livres conjoints. Elle servira à financer des projets à fort impact social et environnemental, tels que le parc éolien de Djibouti, ou le barrage électrique de Singrobo en Côte d’Ivoire (dont les travaux seront réalisés sur le terrain par le groupe français Eiffage). Principal fournisseur de solutions d’infrastructures en Afrique, l’AFC a vocation à promouvoir le développement durable sur le continent, tout en diversifiant ses sources de financement et en élargissant la gamme de solutions et de produits offerts à ses clients. L’institution panafricaine spécialisée dans le financement des infrastructures, qui gère plus de 5,7 Md€ d’actifs, avait déjà réalisé une première émission réussie cette année. Son P-dg, Samaila Zubairu, s’est réjouit du succès de ce premier emprunt vert de référence non garanti RegS : « un accès accru au financement climatique devrait accélérer le développement et le financement des projets d’atténuation et d’adaptation au changement climatique nécessaires pour rendre l’Afrique plus résistante face à l’impact du changement climatique ».
EnR : Greenlight Planet / CDC Group / Norfund / Symbiotics Global Partnership / SIMA Funds / ResponsAbility / ARCH Emerging Markets Partners (États-Unis / Afrique et Asie du Sud / Royaume-Uni / Norvège / Suisse)
L’américain Greenlight Planet, premier fournisseur de solutions solaires offgrid en Afrique et en Asie du Sud, collecte 77 M€ (90 M$) en dette pour financer ses opérations de paiement prépayé d’énergie (Pay-As-You-Go, PAYG) et consolider son portefeuille de dettes. Cet apport permettra de couvrir davantage de foyers et de faciliter leur inclusion financière. L’entreprise fondée en 2008 revendique avoir d’ores et déjà distribué plus de 1,3 million de ses kits « Sun King » au Kenya, en Tanzanie, en Ouganda et au Nigeria, au rythme actuel de 65 000 en moyenne par mois. Basée à Chicago, avec des antennes locales à Mumbai (Inde) et Nairobi (Kenya), elle emploie 1 250 personnes à temps plein et 5 500 agents commerciaux, dans des régions d’Afrique subsaharienne pâtissant de niveaux de chômage élevés. Plusieurs institutions européennes de financement tels que le britannique CDC Group et le norvégien Norfund ont participé à la levée de fonds, aux côtés d’investisseurs à fort impact comme les suisses Symbiotics Global Partnership et ResponsAbility, l’américain SIMA Funds, et de la firme britannique de private equity ARCH Emerging Markets Partners (via l’Africa Renewable Power Fund). Sur le montant total mobilisé, 59 M€ (69 M$) ont été décaissés à ce jour, le solde devant être versé une fois certains objectifs remplis, notamment en termes de nombre de mini systèmes solaires solaires distribués. « Après une décennie de perfectionnement de notre technologie solaire et de notre stratégie de distribution, nous attaquons maintenant le dernier obstacle qu’est l’inclusion financière. Nous élargissons l’accès au financement des consommateurs, en mettant l’énergie solaire de base à la disposition de tous, à un coût aussi bas que 0,15 $ par jour » a expliqué T. Patrick Walsh, le dirigeant co-fondateur de Greenlight Planet. L’an dernier, la société s’était alliée avec le géant tricolore Orange pour la distribution de kits solaires à domicile dans les zones rurales de plusieurs pays en Afrique subsaharienne, et plus spécifiquement, dans un premier temps, au profit des abonnés Orange du Burkina Faso résidant dans les régions les plus difficiles d’accès du pays (relire bulletin #69).
Bourse : État marocain / investisseurs internationaux (Maroc / International)
Le Maroc vient d’émettre un emprunt obligataire d’1 Md€ sur le marché financier international (MFI), en deux tranches de 500 M€ chacune. La 1ère tranche d'une maturité de cinq ans et demi est assortie d'un prix de 99,374 % et d'un taux de rendement de 1,495 %, soit un coupon de 1,375 %, tandis que la seconde tranche d'une maturité de dix ans est assortie d'un prix de 98,434 % et d'un taux de rendement de 2,176 %, soit un coupon de 2 %. En dépit du contexte difficile, le carnet d'ordres a dépassé les 2,5 Md€ émanant de 197 investisseurs internationaux. Cet indéniable succès témoigne de la confiance dont jouit le royaume auprès des investisseurs obligataires internationaux et des agences de notation. Et sans doute également de l’efficacité du « NetRoadshow » mené par le ministre de l'Économie, des finances et de la réforme de l'administration (Mohamed Benchaâboun), et les équipes de la Direction du Trésor et des Finances Extérieures (DTFE) auprès de la communauté des investisseurs internationaux. Au cours de celui-ci, les autorités ont souligné la stabilité politique du pays, la résilience de son cadre macroéconomique (confirmées par le niveau « Investment Grade » octroyé par les agences de notation S&P Global Ratings et Fitch Ratings), ou encore la portée des réformes menées en matière de développement pérenne, ainsi que les mesures prises pour limiter l'impact des effets de la crise sanitaire et relancer l'économie. Quatre banques d’affaires ont accompagné l’État marocain dans cette levée de dette, à savoir Barclays, BNP Paribas, Natixis et JP Morgan. Réalisée sous format 144A/RegS dans l’optique de permettre une large participation des investisseurs à travers le monde, cette émission vise avant tout à refinancer la tombée d’octobre 2020 (c'est-à-dire la somme des intérêts et des remboursements) du même montant : elle permettra d’éviter de puiser sur les avoirs extérieurs pour la rembourser, et garantira ainsi le maintien d’une marge suffisante dans le contexte actuel d’incertitudes liées à l’évolution de la pandémie. Par ailleurs, ce refinancement permettra d’éviter d’aggraver davantage le déficit de la liquidité bancaire.
Éducation : Valenture Institute / GSV Ventures (Afrique du Sud / États-Unis)
L’edtech sud-africaine Valenture Institute, créée l’an dernier, lève 6 M€ (7 M$) auprès du VC franciscanais GSV Ventures afin de permettre son expansion à l’international. Son fondateur, Rob Paddock, peut se targuer d’une expérience significative dans le secteur, puisqu’il avait en amont lancé en 2007 la plateforme éducative GetSmarter, acquise par la société cotée 2U en 2017 pour 88 M€ (103 M$). Proposant un programme reconnu par les meilleures universités du monde, Valenture Institute a su tirer profit du confinement consécutif à la pandémie pour accélérer sa croissance. Ambitionnant de devenir le plus important « lycée en ligne » de la planète d’ici 2028, la jeune pousse utilisera les ressources mobilisées pour poursuivre le déploiement de campus hybrides, combinant apprentissage en ligne et accompagnement pédagogique en présentiel par des formateurs. En janvier prochain, elle inaugurera à Johannesbourg et au Cap ses trois premiers campus, avant de chercher à s’implanter à l’international, en particulier à Londres, Boston et New York.
Liquidation - Conseil : Ectar (France / Afrique)
Fondé en 2002 par le consultant malien Cheick Tidiane Camara - ancien directeur Europe d'Air Afrique - avec d’ex-cadres dirigeants de ladite compagnie panafricaine défunte, la cabinet de conseil Ectar, basé à Bagnolet, vient de faire l’objet d’une liquidation judiciaire avec cessation de ses activités. Représentant en France de nombreuses compagnies opérant sur le continent (Air Algérie, Aigle Azur, Air Burkina, Toumaï Air Tchad, Ecair, entre autres), il assurait des missions de conseil, mais disposait aussi d’un centre d’appels. Sa liquidation, prononcée le 7 septembre par le Tribunal de commerce de Bobigny, a été officialisée il y a un peu plus d’une semaine par sa directrice générale, Délia Bergonzi.
Nomination - Société : Allianz Global Corporate & Specialty (Europe / Afrique)
Allianz Global Corporate & Specialty (AGCS), filiale française de l’assureur allemand dédiée aux risques industriels, maritimes, aériens et transports, promeut Marilyn Faugas au poste de directrice distribution pour sa région Méditerranée & Afrique (France, Italie, Benelux et Afrique). Ayant rejoint le groupe en 2010 en tant que key account manager (responsable développement et clientèle), elle assurait depuis 2018 la direction commerciale et marketing d’AGCS France.
Et aussi...
- C’est en Tunisie, dans la région des Berges du Lac de Tunis, que va naître le premier projet de centrale solaire flottante d’Afrique, fruit de l’alliance entre le producteur indépendant d’électricité français Qair (ex Quadran International) et l’opérateur public tunisien, la STEG. D’une capacité de 200 kWc, l’infrastructure composée de 638 panneaux photovoltaïques représente un coût initial de 500 K€, et sa construction devrait être achevée dès le printemps 2021.
- Carrefour vient de réaliser une augmentation de capital d’un montant de 6 M€ au profit d’Adialéa, la coentreprise du groupe et de son partenaire CFAO Retail, qui en détiennent respectivement 45 et 55 % depuis son lancement en 2013. Cette opération a pour objectif de renflouer les caisses de la JV, et de financer l’extension de son réseau de supermarchés en Afrique subsaharienne.
- Concurrencé par Careem (filiale d’Uber) au Maghreb, l’opérateur VTC français Heetch, six mois après avoir subi un revers au Cameroun - où il a dû fermer boutique faute de rentabilité - s’est lancé hier à Luanda, en Angola. Cette expansion atteste un changement de stratégie, puisque la société avait jusque-là favorisé des marchés francophones.
- La Compagnie Fruitière, entreprise française familiale et premier producteur de fruits de la zone Afrique-Caraïbes-Pacifique, a financé à hauteur de 1 M€ la reprise d’activité de son partenaire, la Cameroon Development Corporation (CDC), et travaille à un plan de replantation de 1 000 hectares d’un montant de près de 10 M€.
- Le groupe bancaire panafricain Oragroup bénéficie d’une ligne de crédit de 50M€ de la part de la Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO (BIDC), dans l’optique de contribuer à financer les investissements des PME/PMI des huit pays de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), à savoir le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo.
- La Banque Africaine de Développement (BAD) octroie une subvention de 23,3 M€ (27,3 M$) à l’Union Africaine (UA) afin d’intensifier la riposte de l’organisation face à la Covid-19.
- Le gouvernement burkinabé vient de lancer la construction de deux centrales photovoltaïques d’une capacité globale de 30 MWc, respectivement implantées dans les villes de Koudougou et de Kaya, et dont le marché de la construction a été remporté par la multinationale française Engie.
- Le service cairote de conciergerie en ligne Elves, lancé en 2017, réunit 1,7 M€ (2 M$) auprès du VC égyptien Sawari Ventures et d’autres investisseurs historiques, portant le montant total levé depuis sa création à près de 4,3 M€ (5 M$).
- La start-up kényane OkHi, qui développe une application permettant d’attribuer une adresse physique à ceux en sont dépourvus, réunit 1,5 M€ (1,8 M$) auprès du britannique Angel Investment Network pour étendre ses activités en Afrique et étoffer ses effectifs.
- Suite à la diffusion d’un documentaire jugé polémique sur le mouvement de protestation appelé "Hirak", la chaîne française de télévision M6 a désormais interdiction d’opérer en Algérie.
Bonne fin de semaine et à mardi prochain.
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