Parfois il vaut mieux rester chez soi !
La Grosse Affaire du Private Equity :
Mais qu’est-ce que c’est que cette histoire dont tout le monde parle ? Cette affaire où Atria Capital Partners, fonds de LBO mid-cap bien connu de la place, se retrouve devant le Tribunal de Commerce contre Massena Capital Partners, un de ses LPs dans son fonds actuel, APEF3. Sans revenir sur les détails de cette histoire que tout le monde connait à présent, l'article de Médiapart (ou plutôt le roman.. il faut d'ailleurs rester bien concentré pour tout suivre) a circulé à la vitesse Grand V partout. Sur quoi repose le litige? Une affaire de reclassement de titres. Atria a cédé 50% de la participation (FPEE) qui lui restait dans le véhicule APEF1, acquise pour 12 M€ en 2003, à leur véhicule APEF3, ainsi qu’au véhicule Pragma2 du fonds éponyme pour les 50% restants, et ce, sur une valeur de 60 M€ en 2009. Une belle valorisation pour une belle société qui peut paraitre élevée mais elle ne se paie alors que 5 fois l'Eibtda. Au final, APEF1 fait une belle culbute, mais pour le LP de APEF3, véhicule toujours en cours, l'histoire est autre, il se sent lésé - surtout s'il cherche à sortir... On le voit bien, cette affaire rassemble tous les ingrédients du private equity où il est question de gouvernance, déontologie, reclassement, « carried interest », expertise, secondaire, relations entre GPs et LPs. Sans encore une fois porter un jugement de fond sur cette affaire particulière, qui touche aussi Axa Private Equity, plusieurs fois cité, mais aussi Barclays PE (pour le coup jamais cité et pourtant Barclays PE a également dans la foulée pris une part aux cotés d'Atria et Pragma, validant de fait la valorisation établie) on peut exprimer plusieurs remarques :
1. Nos investisseurs institutionnels sont nos clients, la transparence doit être notre credo ;
2. Avant toute opération de ce genre on peut peut-être s’interroger sur les conflits d’intérêts potentiels (et cette affaire semble en soulever beaucoup) ;
3. Plutôt qu’une valorisation par expert « indépendant », n’y aurait-il pas aujourd’hui le marché secondaire pour « pricer » ce genre de situation ? ;
4. Mediapart a vraiment fait un article fouillé et étonnamment détaillé (voir la liste des récipiendaires du « carried interest » lié à cette opération) ;
5. Tout le monde sait que ces pratiques de reclassement sont répandues dans nos métiers ;
6. Ce n’est pas pour autant élégant, ni bon pour la profession ;
7. Une solution à l'amiable devrait être trouvée ;
8. Une réflexion de place doit être ouverte pour, s'il y a lieu, clarifier les méthodes dans ce type de cession. L'Afic saura, nous en sommes sûrs, prendre le sujet en mains. Pour la crédibilité du métier c'est indispensable.
9. Tout reste une affaire d'argent, dommage.
10. Attendons le jugement du Tribunal !
Cessions de dette :
Nous vous l’avions dit, ce sera un des enjeux de l’année : RBS vend son portefeuille de dettes espagnol pour un montant évalué à 1,58 Md€. KPMG dans cette optique a recruté une cellule de 10 personnes (qu’elle a « piqué » à son concurrent PWC) afin de se positionner sur la cession des portefeuilles de dettes à venir. Ma tante de Haute-Garonne à qui je racontais cela m’a dit « moi ce que je sais c’est que quand on hérite de dettes, il faut mieux refuser la succession ».
Alpinvest :
Ca y est, Carlyle a racheté Alpinvest (le plus gros fonds de fonds européen qui gère environ 32 Md€, auprès d’APG et de PPGM. Carlyle, dont l’ambition est de grossir sur tous les métiers du Private Equity, doit maintenant faire face à des fonds concurrents qui sont inquiets de se retrouver avec cet acquéreur comme Limited Partner et qui, donc, aurait ainsi accès à toutes leurs informations. Il ne reste donc plus qu’à racheter Carlyle et la boucle sera finie.
Secondaire :
Ca swingue toujours. Calpers met en vente un portefeuille de positions dans des fonds pour un montant de 800 M$. Ces grands nettoyages d’investisseurs institutionnels posent quand même la question de savoir si ces derniers, qui comme Calpers vendent en secondaire leurs positions dans ces fonds, vont quand même investir dans les fonds suivants gérés par les mêmes équipes dont ils se sont séparés.
Elevation Partners :
Marck Bodnick, un des fondateurs de ce fonds "média" basé en Californie vient d’annoncer qu’il quittait la firme. Certains se posent la question de l’avenir d’Elevation Partners. Heureusement que Bono (le chanteur) en est un des partners les plus médiatiques, et surtout qu’il en avait activement participé au fund raising. « Sunday bloody Sunday ».
Biotech :
Belle sortie pour Innoven qui cède les 5 % de sa participation globale de l'entreprise de biotechnologies BioVex à AMGEN sur une valorisation d’environ 1 Md$. Belle réussite du capital-risque français puisqu’il y avait aussi dans le tour de table, Ventech, Crédit Agricole Private Equity, Innoven...
Goldman Sachs :
Le patron de Goldman Sachs triple son salaire qui passe de 600 K$ à 2 M$ et perçoit un bonus de 12,6 M$. Cependant, comme nous le rappelle l'excellent confrère de CFnews le New York Times, c’est un niveau bien inférieur à celui d’avant la crise puisque son bonus était à l’époque de 68,5 M$. No comment.
Ainsi va la vie dans le non coté. Bonne semaine !
Diogène (diogene@cfnews.net)
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