Les cloches sonnent, les œufs sont lâchés, Joyeuses Pâques !
Face à moi se dessinent les côtes de Tanger la magnifique, à quelques encablures plus à l’ouest Trafalgar, de Gibraltar d’où je vous écris, me parviennent quelques nouvelles du monde du Private Equity, un monde qui bouge alors que moi je suis en vacances (nonobstant ces quelques lignes).
Venture Capital :
L’EVCA s’est réjoui de la nouvelle proposition de la communauté européenne qui introduit un « passeport » pour les fonds de Capital Risque leur permettant d’investir dans d’autres sociétés européennes suivant des règles simplifiées. Ce passeport va créer un statut commun pour les fonds qui sera ainsi reconnu à travers l’ensemble des 27 pays de la communauté. Cette mesure a pour objet d’augmenter les sources de financement pour les jeunes entreprises. Bravo.
Carried Interest :
Ca y est, Standard and Poors a placé la note des Etats Unis sous surveillance négative. Les Etats-Unis vont-ils faire faillite ? Non, mais cela va mettre la pression sur les discussions en cours au Congrès afin que Républicains et Démocrates se mettent d’accord sur un plan de rigueur impliquant pour le budget 2012 de nombreuses coupes dans les dépenses. Dans cette même logique d’austérité l’administration Obama envisage dès à présent de taxer les Carried Interest ! Le déclin de l'empire américain ?
Mouvement :
C’est à présent au tour de Jos van Gisbergen, un des hommes clé du fonds hollandais Mn Services, de quitter le groupe fin mai pour rejoindre un concurrent. Il semble logique que le Private Equity subisse des turbulences. Le mercato ne fait-il que commencer ?
Mongolie :
Silk Road (le fonds d'Afrique du Sud, pourtant loin des routes de Marco Polo) qui avait comme objectif de lever 25 M$ pour investir en Mongolie -, hors ressources naturelles- vient de clôturer son fonds, sursouscrit, à 30 M$. Il y avait des yourtes, des beaux paysages balayés par le vent, des steppes désertiques, et maintenant du Private Equity.
Estonie :
AXA Private Equity allié à Resources Partners vient d’investir dans SIA Baltkom TV, le premier câblo-opérateur estonien. Il s'agit de la première opération réalisée dans le cadre du partenariat signé entre les deux fonds en 2010. Je me souviens de Riga à peine libérée du joug soviétique, il y avait des chariots en bois dans les rues.
Québec :
Selon un article du journal québécois Presse Affaires, le virage entamé en 2004 pour la construction d’une vraie industrie du capital risque porte ses fruits. En effet, face à la faible présence du capital investissement dans le tissu économique à cette époque, Investissement Québec, la Caisse de Dépôt, le Fonds de Solidarité FTQ, Fondation CSN et Capital régional et coopératif Desjardins ont mis leur argent en commun pour le confier à des fonds spécialisés. Ces acteurs ont misé ensemble 603 M$ entre 2004 et 2008. Grâce à l'effet de levier, ces investissements ont attiré 431 M$ de plus, soit une cagnotte d'un peu plus de 1 Md$. Les fonds ont été distribués à treize équipes de gestionnaires de capital-risque, dont six nouvelles, qui ont investi à leur tour dans 69 entreprises québécoises. La stratégie volontariste québécoise de construction du capital risque attaque à présent une nouvelle phase. Trois fonds de démarrage viennent d’être lancés, ainsi que Teralys, un «fonds de fonds» qui canalisera désormais l'argent vers les fonds de capital-risque. Re-bravo.
Capital-risque US :
Les VCs américains ont réussi à lever plus de 7 Md$ au premier trimestre 2011, soit 76% de plus qu’à la même période en 2010, selon le site « Bureau Electronique (BE) ». Le grand gagnant de cette tendance reste le web et les médias sociaux (ces derniers représentent aujourd’hui plus de 25% des investissements effectués dans le domaine du web). En revanche, curieusement, les secteurs des biotechnologies et, dans une moindre mesure, celui des "technologies propres", sont ceux qui profitent le moins de cette croissance de l’investissement privé. (+ 2% en 2010 pour les biotechs et + 7% pour les énergies propres). Aux yeux des investisseurs, toujours d’après le BE, les biotechnologies sont très pénalisées pour deux raisons : un horizon d’investissement trop long (qui bloque les sommes investies pendant 7 à 10 ans) et des volumes unitaires d’investissement importants (plusieurs millions) associés à des risques trop élevés.
Par ailleurs, si les montants investis et levés sont en augmentation, l’industrie du capital risque poursuit sa mutation avec des acteurs moins nombreux mais plus puissants. Ainsi seulement 36 fonds de capital risque ont levé des fonds au premier trimestre 2011, contre 44 en 2010.
Conscient de la nécessité de renouveler son modèle au sein d’une industrie qui se contracte au profit de grands fonds et face aux sorties en bourse qui se raréfient, le capital risque américain cherche aujourd’hui à miser sur de nouveaux secteurs de croissance et sur l’expérimentation de nouveaux modèles. Trois tendances sont évoquées :
- L’investissement dans des entreprises en phase de développement précoce. Ce rôle qu’ils délaissaient jusqu’alors, pousse certains à créer leurs propres incubateurs, ce qui paraissait impensable il y a quelques années encore. Pourquoi ? Parce, pour certains c’est la réactivité des investisseurs qui pourra faire dorénavant la différence.
- Le management distribué. Dans ce modèle, l’entrepreneur a accès à un ensemble d’interlocuteurs et de ressources fournis par le fonds qui finance le projet. L’entrepreneur bénéficie alors de plusieurs segments d’expertise, ce qui augmente au final ses chances de succès.
- L’investissement au niveau international, particulièrement dans les pays émergents. Sous réserve de maitriser la règle d’or de proximité et de compréhension du business model des sociétés sous jacentes.
Grande Bretagne:
Le CDC Group britannique chargé d’investir dans le non-coté sur les pays émergents pour le compte du gouvernement a annoncé des résultats en hausse de 30%. En conséquence le gouvernement britannique va diligenter un audit stratégique pour auditer ses opérations d’investissements face aux critiques s’étonnant de ces gains financiers trop élevés, qui suggèrent que la politique suivie est trop orientée vers la recherche exclusive de profit. A méditer ...
Cinéma :
Laetitia Casta (qui a récemment incarné Brigitte Bardot dans " Gainsbourg, vie héroïque") va jouer aux côtés de Richard Gere dans le polar financier " Arbitrage" de Nicholas Jarecki, dont le tournage devrait s’amorcer dès 2012. Elle y incarnera une négociatrice en œuvres d'art qui - quelle surprise - séduit un homme d'affaires spécialisé dans les fonds d'investissements et incarné - nouvelle surprise - par M. Gere. Rassurez vous, c’est une fiction, aucun gérant sérieux ne peut se laisser détourner ainsi de sa mission. Rappelons par ailleurs que Carla Bruni sera aussi au festival de Cannes pour sa prestation dans le film « Midnight in Paris » de Woody Allen ...
Ainsi va la vie dans le non coté. Bonne semaine,
Diogène
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