La Toscane, un pays gourmand
Au printemps quand il fait encore frais, en été et surtout en automne. La Toscane est toujours un miracle. C’est pour moi la plus belle expression de la civilisation. Ce miracle du Quatrocento toujours présent lorsque l’on admire les peintures de Botticelli, Fra Angelico, Lippi, Michel Ange, lorsque l’on est saisi par les fresques de San Gimignano, lorsque l’on se promène dans la cité idéale de Pienza. La Toscane invite aussi à la gourmandise. Dans le sud de la région, lorsque l’on quitte les douces collines pour un paysage un peu plus rude surgit la forteresse médiévale de Montalcino. Cet austère bâtiment abrite une belle enoteca. L’Italie a davantage le respect du visiteur que de la bouteille. Toutes les enoteca possèdent ces belles machines qui permettent de déguster de petits verres issues de bouteilles placées sous vide. Tous les flacons sont placés à la même enseigne, des plus communs au plus prestigieux. Un concept qui permet de démocratiser le vin . On commence à voir quelques uns de ces distributeurs en France, et je militerais volontiers pour qu’ils se multiplient. J’étais curieux de connaître les Brunello di Montalcino. On achète une carte prépayée et une petite assiette de charcuterie avant de s’installer sur fût de chêne. La dégustation peut commencer. Un, deux, trois petits verres de vins que je ne connaissais pas et dont je n’ai pas retenu le nom. J’en ai retenu seulement la sensation de plaisir. Ces vins sont sombres, épais et puissants. Ils sont issus d’une variété particulière du cépage Sangiovese mais offrent plus de profondeur que les Chianti.
Rondeur et précision
Et puis, il y avait un Sassicai. Ce super Toscan n’est pas de la région, mais son rayonnement est désormais mondial. C’est un vin d’exception bâti de toute pièce par le marquis della Rochetta qui dans les années 50 a décidé de planter des cépages bordelais cabernet sauvignon et cabernet franc. Après des années de production confidentielle, le vin a littéralement explosé dans les années 70 en battant tous les grands bordeaux dans les dégustations internationales. Le Sassicaia est une belle voiture italienne avec sa structure très droite et ses tanins souples. Avec un tel moteur surpuissant, il ne restait plus qu’à le parer d’une carrosserie de légende. Comme une belle Ferrari ou une Alfa des années 60, ses arômes sont à la fois tout en rondeur et très précis. Ce vin évoque définitivement la beauté et la vitesse. Au prix de la bouteille (environ 120 à 130 euros) je me réjouissais de pouvoir le déguster au verre. J’ai fais durer le plaisir pour mieux me resservir ensuite.
Au milieu de nulle part, une villa
Après cette belle étape dans le sud de la Toscane, nous sommes remontés dans le Chianti, à Greve de Chianti. Ce petit village possède la plus grande enoteca de la région ; le Cantine. Un ancien entrepôt de vin où l’on peut déguster des centaines de bouteilles toujours grâce à ces distributeurs. Un plaisir de môme dans un magasin de jouets. J’ai dégusté de nombreux Chianti, dont il faut avouer que peu m’ont laissé de grand souvenir. Mais l’endroit est tellement beau et agréable. Chaque région viticole française devrait offrir une telle expérience aux touristes de passage, amateurs ou non.
A la sortie de Le Cantine, nous devions nous diriger tranquillement vers notre hôtel, la Villa Bordoni. Mais, la route se terminait brutalement en petit chemin de terre. Impensable qu’un aussi bel hôtel soit au bout de ce sentier bordé de cyprès. Nous nous sommes engagés, avons rebroussé chemin et étions très perplexes. Un habitant nous a persuadés que la Villa Bordoni était bien là au bout. Il faut mériter cet endroit sublime : une villa patricienne plantée au milieu des collines toscanes au bout de nulle part. Elle est tenue comme il se doit par un couple d’Anglais. A room whith a view, please !
Sassicaia de 100 à 130 euros