J’ai une tendresse particulière pour le Portugal. J’aime Lisbonne et son centre populaire, ou Porto au débouché des belles collines du Douro. Il y a une dizaine d’années, nous avons passé un été dans tout petit village près d’Anadia do Bairro, dans une maison prêtée par une amie portugaise. Le petit village niché au creux d’une forêt d’eucalyptus était bâti moitié de maisons traditionnelles et moitié de maisons neuves. Ces dernières étaient autant de signes extérieurs de richesses des natifs du pays vivant à l’étranger. Il y avait la maison de l’américain, celle de l’allemand et celles plus nombreuses des français.
Au centre du village : La boutique tout à la fois épicerie, essence, coiffure, bar et restaurant. Notre amie nous avait dit d’y déjeuner. Nous y avons rencontré un amour de tenancière, avons gouté à sa sublime cuisine et commandé son petit vin. Dans ces conditions, on est prêt à tout boire. Mais pas ça. Un vin plaisant, complexe, infiniment supérieur à son prix. A peine quelques euros. La propriétaire de l’épicerie-coiffure, bar-restaurant me confie que ce vin est l’œuvre de son gendre, winemaker dans le groupe Doa Sul qui exploite des Quintas dans le Doa et le Bairrada, la région d’Anadia. Je sympathise immédiatement avec lui et nous passons la soirée à déguster ses premiers vins. Car il venait de créer la Quinta do Encontro, filiale de Doa Sul. Il m’a initié au vin pétillant portugais l’Espumante do Encontro. Franchement, pas mon genre. J’ai préféré son merlot. Et sans conteste, j’ai été séduit par son touriga nacional, le cépage des grands portos. En vin sec, ce cépage est profond, chaleureux et puissant. Sa couleur est d’un rouge rubis virant sur le noir. J’ai encore le souvenir d’avoir traversé le petit val herbeux entre sa maison et la mienne, les bras chargés de bouteilles pour la semaine. Bon souvenir, bonne semaine.
Quelques années plus tard, je prends un vol de la TAP pour m’échapper à Porto quelques jours. Avec le déjeuner, les stewards proposent du vin. Surprise, la petite bouteille est siglée Quinta do Encontro. Fou de joie, je dis au steward que j’ai assisté aux premiers pas de cette quinta. Il est revenu avec une bouteille grandeur nature qu’il m’a offerte.
Je ne suis pas retourné au Portugal depuis mais j’ai récemment fait une recherche sur cette Quinta do Encontro sur Google. Nouvelle surprise, le groupe Dao Sul a fait de cette propriété un haut lieu de l’oenotourisme. Comme savent si bien le faire les grands d’Espagne (Marques de Riscal avec Franck Gehry), la construction en 2007 de la winery a été confiée à un architecte. Le lieu a l’air somptueux. Je promets d’y retourner - et vous dire !