A Termes-d’Armagnac, sur les terres du Madiran
Retour dans le Sud ouest cher à mon cœur. Quelques kilomètres après la sortie de l’aéroport de Pau, les belles collines du Gers s’étalent devant nous. Elles sont couvertes de maïs et de vignes. La région est agricole mais loin du Gers des cartes postales de Fleurance et du Bonheur est dans le pré. La région est moins riche. Depuis de longues années, les viticulteurs indépendants souffrent. Le Madiran qui était sur toutes les tables du Nord de la France dans les années 60, n’a plus les faveurs des buveurs occasionnels. Ceux dont le premier contact avec le vin a été le beaujolais nouveau et qui se contentent de vins de cépages acheté chez Nicolas. Le Madiran est devenu trop dur à leur palais. Alors, les petits producteurs ont vendu leurs terres ou se sont associés aux caves coopératives. Celle de Plaimont devant laquelle nous passons a fait un immense travail. Nous la dépassons pour aller poser nos valises à Termes-d’Armagnac.
Le château d’Aydie, une histoire de famille
En ce week-end de Pentecôte, le programme n’est pas à la dégustation. Nous venons pour la féria de Vic Fezensac. La région est comme souvent, abondamment arrosée de pluie. Nous hésitons à nous rendre à la féria. Mais pendant le déjeuner le soleil fait son apparition. Pas d’hésitation. Erreur. J’ai adoré les nuits de féria et les arènes d’Arles, je me suis enflammé pour les toros et les toreros à Nîmes. Vic Fezensac n’est qu’un petit bourg arpenté par un ramassis de poivrots. La corrida était pitoyable. Or ce spectacle ne supporte pas la médiocrité ! Il nous faut un petit remontant. Pour cela rien de tel qu’une petite visite chez Christiane. Son laboratoire est une véritable caverne d’Ali Baba. Ses foies gras, ses magrets, ses pâtés, sont délicieux. On prend tout, on triera plus tard. Retour aux basiques. Visite improvisée à un producteur de renom. Le château d’Aydie de la famille Laplace. C’est une véritable histoire de famille. Le Madiran du terroir. Pierre Laplace nous reçoit. Nous dégustons son madiran Laplace est simple et franc. Il est temps de passer aux choses sérieuses. L’Odé d’Aydie devrait être recommandé sur toutes les tables. C’est un délice de madiran qui réussit à dompter le redoutable cépage tannat. Son grand frère, le château d’Aydie n’est pas à la portée de tous. C’est un vin puissant, concentré et délicieusement épicé. Un vin réservé aux amateurs.
Les cerises noires de mon enfance
Pierre Laplace n’est pas le gascon le plus exubérant que je connaisse. Il est totalement imprégné de son travail de la terre de la nécessité de maintenir dans la famille toutes les plus belles traditions. Il faut prendre le temps de discuter longuement avec lui de ses terres, de ses vignes, de l’amour des cépages et du travail dans les chais. Alors, il se laisse aller à parler de ses expériences pour retrouver certains goûts de l’ancien temps. Il sort une drôle de petite bouteille de 50 cl, ramassée et toute en verre noir. Une belle petite étiquette design barre le bas de la bouteille. MAYDIE y est inscrit au pochoir. L’inscription Tannat Vintage complète l’étiquette et le bouchon est tatoué d’une tête de taureau ! Un bel objet. Intriguant. C’est un vin de liqueur, 100 % tannat, vinifié quasiment comme un porto. Sa robe est d’un noir profond. Son nez exhale des parfums de mûres et de cassis. Il faut le rafraichir pour profiter de sa puissance. Le vin titre tout de même 17 degrés. En bouche ce vin est un modèle d’équilibre entre le sucre et l’alcool. Mais, il se singularise par un goût prononcé de cerise. Immédiatement, il a fait surgir le souvenir de ces cerises noires, juteuses, délicieusement sucrées dont nous nous régalions, enfant. Tous les ans, nous allions chez des amis de mes parents qui organisaient une fête autour de leur cerisier. Tous les enfants passaient la journée dans l’arbre à se bâfrer de cerises. Le grand jeu était d’en mettre le maximum dans la bouche et ensuite de compter les noyaux que nous recrachions. Il en manquait généralement un ou deux, avalés par inadvertance. Le soir, nous avions tous un peu mal au ventre. Ce souvenir m’est cher. Presque autant que ce Maydie de la famille Laplace.
Odé d’Aydie : environ 11 euros
Château d’Aydie : environ 15 euros
Maydie : environ 15 euros