Chronique Asie, CFNEWS
L'actualité des deals, des investisseurs et conseils en Asie compilée par nos analystes... Quoi de neuf dans le Private Equity et le M&A en Asie cette semaine?
- Les Deals -
Automobile : Lamberet (France)
Le fabricant de carrosseries isothermes Lamberet a renoué avec la croissance et la question de sa cession par Arcole Industries est à l’ordre du jour. L’Autorité de la concurrence examine actuellement l’opportunité de rachat du transporteur installé dans l’Ain par le groupe AVIC EM (Aviation Industry Corporation Electromechanical Systems) (Lire aussi notre article : Pour qui roulera Lamberet ?).
Services Financiers : Axa / Bharti Enterprises (France / Inde)
Axa augmente sa participation de 26 % à 49 % dans ses co-entreprises d'assurance vie et d'assurance dommages indiennes avec Bharti Enterprises. Cette décision est faite suite à l'approbation de l' « Insurance Bill » par le Parlement indien. Ce dernier a adopté jeudi dernier le projet de loi autorisant le relèvement de 26 à 49 % du plafond des investissements directs étrangers dans le secteur de l'assurance. Pour rappel, Axa détient 26 % des joint-venture indiennes formées en 2006 avec le conglomérat Bhartiqui, qui en détient les 74% restants. Par ailleurs, d’autres groupes étrangers pourraient également renforcer leurs investissements après l’adoption de cette loi, par exemple le groupe britannique d’assurances santé Bupa, disposant d’une coentreprise avec Max India ; le japonais Nippon Life, allié à Reliance ; ou l’américain Metlife, qui s’est adossé aux banques indiennes.
Le gouvernement de Narendra Modi ne détient pas la majorité à la Chambre haute, ce qui ralentit son programme de réformes économiques, mais l’approbation de cette loi est l’une de ses rares victoires politiques. L’ouverture du secteur de l’assurance aux étrangers a pour l’objectif de raviver la confiance des investisseurs ainsi que d’attirer de financements pour l’industrie et l’infrastructure.
Hôtellerie : Le relais de Margaux / Huayu (France / Chine)
Le tribunal de commerce de Bordeaux a statué en faveur du groupe chinois Huayu pour le rachat du prestigieux hôtel-golf le relais de Margaux (4 étoiles). Le groupe chinois, qui gère déjà des hôtels de luxe et des centres commerciaux en Chine, avait fait une proposition de 5,3 M€ pour reprendre l'hôtel, placé en redressement judiciaire en mai 2014. Le représentant du Groupe Huayu, Peter L. Herweck, va superviser les travaux de rénovation et de modernisation, avec une attention toute particulière sur la restauration. La directrice actuelle Nathalie Millet reste en place et les 35 emplois sont préservés. Le Relais de Margaux est un hôtel avec de nombreux équipements et un parcours de golf 18 trous, situé au bord de l’estuaire de la Gironde et entouré de prestigieux vignobles de renommée.
Internet : MobPartner / Cheetah Mobile (France / Chine)
La plateforme d'affiliation mobile MobPartner, dont Alven et Newfund sont actionnaires, opte pour une cession au groupe chinois Cheetah Mobile, qui en offre 55 M€ (58 M$) (lire aussi : MobPartner affilié à un groupe chinois). Quatre ans après un unique tour de table de 2,5 M€, MobPartner est vendu par ses actionnaires à son client chinois Cheetah Mobile, entré à la bourse de NYSE l'année dernière. L'acquéreur chinois, spin off de l'éditeur Kingsoft – coté à Hong Kong, édite principalement des outils de sécurité et des jeux vidéo et a généré 90 M€ de chiffre d'affaires en 2013. Par ailleurs, le business angel de renom en Chine et fondateur de la marque chinoise Xiaomi, Jun Lei est le président de Cheetah Mobile et Kingsoft.
Internet : Orange / PCCW / Dailymotion (France / Chine)
La plateforme de vidéo en ligne Dailymotion, détenue par Orange, cède 49 % de son capital, pour 250 M€ en incluant la dette, au groupe télécom de Hong Kong PCCW, dont le patron est Richard Li, le fils cadet du milliardaire Li Ka-shing. Ce dernier, l’homme d’affaires le plus fortuné en Chine, est à la tête notamment des deux conglomérats, Cheung Kong Holdings et Hutchison Whampoa (lire aussi : Orange va céder 49 % de Dailymotion).
Internet : Alibaba / Snapchat (Chine / USA)
Alibaba réaffirme son ambition sur le marché américain, en investissant 200 M$ dans l’application de photos et vidéos éphémères Snapchat, très populaire parmi les jeunes. La transaction valorise la jeune société à 15 Md$, soit 5 Md$ de plus qu’en janvier dernier, où Snapchat avait récolté 486 M$. Créé il y a seulement trois ans, Snapchat se hisse ainsi sur le rang de Top 3 des start-up mondiales les plus valorisées, derrière seulement la marque chinoise des appareils électroniques Xiaomi (45 Md$) et la société américaine de VTC Uber (40 Md$).
Le groupe Alibaba, coté à New York depuis l’an dernier, souhaite a la fois diversifier ses activités et s'étendre au delà de la Chine (lire aussi : Alibaba entre au capital de la marque chinoise de smartphones Meizu). Au début du mois, il a inauguré un data center en Californie pour héberger les services internet (jeux, vente, stockage, etc.) proposés par Aliyun, la division cloud computing d’Alibaba. En comptant aujourd’hui environ 300 salariés, il essaie d’étoffer son équipe américaine en « chassant » des anciens salariés de ses concurrents comme Facebook, Amazon et Microsoft. Selon les statistiques de LinkedIn, une vingtaine des nouveaux employés d’Alibaba aux USA exerçaient au sein de Microsoft.
Beauté, santé et services associés : Herborist (Implantation en France)
Herborist, la marque de cosmétiques haut de gamme inspirée par l’herboristerie chinoise, ouvrira mi-avril son tout premier flagship européen au 38 avenue de l’Opéra à Paris. BNP Paribas Real Estate conseillait le bailleur Allianz dans le cadre d'un mandat tri-exclusif et l'enseigne Herborist dans le cadre d'un mandat exclusif de recherche. D’une surface totale de 102 mètres carrés sur trois niveaux, le magasin proposera au rez-de-chaussée un espace de vente. Le premier étage accueillera un espace détente et salon de thé, alors que le sous-sol devrait être transformé en spa et espace de massages.
Lancée sur le marché chinois en 1998 par le groupe Shanghai Jahwa, Herborist a collaboré en 2007 avec l'agence parisienne Cent Degrés pour rafraîchir son image afin de s’étendre à l’international. Un an plus tard, accompagnée par l'agence Wolkoff et Arnodin, la griffe chinoise fait son entrée sur le marché européen via le réseau de magasins Sephora. Sur le marché chinois Shanghai Jahwa accompagne le développement de Sephora à travers une co-entreprise avec LVMH.
Agroalimentaire : Bright Food / Tnuva (Chine / Israël)
Le conglomérat agroalimentaire public chinois Bright Food souhaite renégocier les termes de son rachat du groupe israélien Tnuva, numéro un local du secteur. Pour rappel, en mai dernier, le groupe chinois avait conclu un accord avec le fonds anglais Apax Partners pour racheter sa part du capital de 56 %, dont le montant de cession s’élevait à 2,4 Md$ (lire aussi : Bright Food rachète 56 % de Tnuva après d’Apax). Le groupe chinois souhaite aujourd’hui racheter environ 70 % du capital alors que la transaction pour les 56 % n’est pas encore finalisée. La société d’investissement, cotée à Tel Aviv, Mivtach Shamir Holdings détient 21 % de Tnuva, et elle dispose d’une option « tag-along », qui lui permettra de céder ses parts aux mêmes conditions lors de la sortie d’Apax.
Asia Infrastructure Investment Bank (AIIB) (Asie / Europe)
A la suite au Royaume-Uni, la France a décidé de participer, de concert avec l'Allemagne et l'Italie, à la nouvelle Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures (AIIB) lancée par la Chine (lire aussi : AIIB voit le jour à l'initiative de la Chine). Ce projet pourrait concurrencer directement l'action du FMI, de la Banque Mondiale ou encore de la Banque asiatique de développement, bailleurs de fonds internationaux qui comptent les Etats Unis et leurs alliés. Selon Matthew Goodman, un chercheur américain, la création de la Banque des Brics et de l’AIIB est la première incursion depuis 70 ans sur le régime économique mondial dirigés par les Etats-Unis établi à la suite des accords de Bretton Woods.
Depuis 2010, la Chine cherchait à augmenter sa part dans les bailleurs de fonds internationaux comme la Banque Mondiale et la Banque asiatique de développement, car elle estime qu'en tant que deuxième puissance économique mondiale, elle ne dispose actuellement que de droits de vote limités dans les institutions financières existantes. Mais les Etats Unis et ses alliés, par exemple le Japon, ne répondent guère à la revendication de la Chine.
Soucieux de la part importante du capital de l'AIIB (49 %) entre les mains de la Chine, les Etats Unis doutent cependant que cette nouvelle institution pourrait devenir une arme diplomatique dans les affaires géopolitiques en Asie-Pacifique. Ils remettent également en cause sur les normes environnementales et sociales de la nouvelle institution dirigée par la Chine. Car, jusqu’ici, les banques chinoises sont souvent critiqués en raisons des normes basses en terme de la protection de l’environnement et des travailleurs, notamment en Afrique. De ce fait, les Etats Unis n’ont pas hésité à critiquer son vieil allié l’Angleterre, sur sa « compromission » avec la Chine.
La Grande Bretagne justifie que sa décision est motivée pour assurer une gestion correcte de l’institution ainsi que garantir les normes environnementales et sociales. Non seulement le Royaume Uni, mais aussi la France, l’Allemagne et l’Italie sont convaincus qu’ « il vaut mieux s’opposer de l’intérieur que de critiquer de l’extérieur ». L'AIIB est perçue pour les Européens comme une porte d'entrée dans des pays en pleine croissance, représentant une opportunité difficile à ignorer.
Par ailleurs, encore deux autres alliés des Etats-Unis en Asie-Pacifique, la Corée du Sud et l’Australie sont en train de réétudier leur avis sur l’AIIB. Pour rappel, ces deux pays avaient décidé de ne pas s'impliquer dans cette institution à la suite du lobbying américain.
Bonne semaine à tous.
Une information à nous soumettre pour ce Bulletin Asie ? Ecrivez nous à : chao.zhang@cfnews.net
- Retrouver également les précédents Bulletins Asie et toutes Les Chroniques du private equity
- Aussi sur Facebook, Twitter, Google+ et LinkedIn