Chronique Asie, CFNEWS
Cosmétiques : Sumitomo / SACI-CFPA (Japon / France)
Coté à Tokyo, le conglomérat japonais de négoces dans de nombreux secteurs Sumitomo Corporation renforce son pôle produit cosmétique en Europe. Il s’est emparé en effet, pour un montant confidentiel, des 90 % du capital de SACI-CFPA, négociant de matières premières pour l’industrie cosmétique pour plus de 300 entreprises présentes essentiellement en Europe. Avec un effectif d’une vingtaine de personnes, la cible a réalisé un chiffre d’affaires d’environ 25 M€ en 2017, selon Societe.com. Elle s’adosse à un géant japonais avec un large panel d’activités, telles que la métallurgie, le transport, l’aéronautique, la chimie, l’infrastructure, l’énergie, les médias ou encore l’immobilier etc. Grâce à cette acquisition, le japonais Sumitomo Corporation dispose d’une présence sur le marché européen de la cosmétique estimé à 78 Md€ de revenus et enregistrant encore une croissance stable annuelle d’environ 3 %.
Energie : Tokyo Gas / Engie (Japon / France / Mexique)
Coté à Tokyo, Tokyo Gas crée une JV mexicaine avec le groupe coté Engie, pesant 60,6 Md€ de chiffre d’affaires. Baptisée Heolios EnTG, la cible sera détenue à parité par les deux groupes, qui ont commencé leur collaboration en 1983. Elle détient six projets d’énergie renouvelable dans le pays, dont deux sont des parcs éoliens terrestres, quatre autres sont solaires. Parmi ces actifs, dont la capacité cumulée de 898,7 MW, correspondant à l’alimentation pour 1,3 M de foyers, Tres Mesas 3 (parc éolien de 50 MW) a déjà été mis en service en mars dernier, en avance sur la date prévue et les autres installations sont à divers de construction et débuteront leurs exploitations commerciale d’ici l’an prochain. Elle a déjà remporté des contrats d’achat d’électricité long-terme d’une durée de 15 ans, conclu dans le cadre des ventes aux enchères. Le gouvernement mexicain a adopté une loi sur l’énergie en 2015 afin de réaliser la transition du pays vers un modèle de croissance bas carbone avec un objectif de 35 % de sources d’énergie propres d’ici 2024.
Par ailleurs, le géant coté a réaffirmé son ambition en Amérique Latine via une autre méga-opération. Il a remporté l'appel d'offres organisé par la compagnie publique brésilienne pétrolière Petrobras au sujet de l'acquisition de Transportadora Associada de Gás S.A (TAG). En face des acteurs variés tels que les fonds Blackstone et Macquarie, le tandem Engie et Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), via joint-venture à 65/35, a mis sur la table 8,6 Md$ soit 7,7 Md€ afin de devenir actionnaire à 90 % de TAG, le solde restant entre les mains de Petrobras (lire aussi l’article CFNEWS : Engie se transporte au Brésil).
Immobilier : URW / Tour Majunga / Mirae et Amundi (France / Corée du Sud)
La tour Majunga de La Défense, louée à Axa IM et Deloitte, sera cédée par la foncière cotée Unibail-Rodamco-Westfield (URW) pour 850 M€. D’après la presse locale de la Corée, le groupe financier Mirae Asset Daewoo s’allie au fonds tricolore Amundi Immobilier pour remporter les enchères en face d’un autre consortium sud-coréen composé de NH Investment & Securities et de Hana Financial Investments. La propriété de 195 mètres hauts qu’URW avait fait construire entre 2011 et 2014 développant près de 67 000 mètres carrés a été inaugurée en 2014. Mirae Asset Daewoo et Amundi Immobilier projettent de débourser 311 M€ et le reste sera couvert à travers des prêts contractés auprès des prêteurs locaux.
A 12 200 euros le mètre carré, ce serait aussi le prix métrique le plus élevé depuis vingt ans, devant l’immeuble Window situé au-dessus du centre commercial Les 4 Temps (11 500 €/m2) et Cœur Défense (9 800 €/m2), mais derrière Cœur Défense en volume (1,8 Md€ en 2017), d’après les calcules de l’Opinion.
A l'issue de cette opération, le montant des cessions annoncées par URW en décembre 2017, soit 3 Md€, aura été dépassé. Comme il a fixé le 13 février dernier son nouvel objectif de cession à un total de 6 Md€ dans les deux prochaines années. 2,9 Md€ d'actifs restent à céder une fois cette opération réalisée. La foncière devrait d'ailleurs bientôt achever sa Tour Trinity et lancer bientôt le chantier des Tours Sisters.
Les investisseurs coréens s’intéressent particulièrement à l’immobilier de la capitale, notamment à la Défense. Plus récemment, deux propriétés ont été achetées par des coréens, le Cristalia par JR-AMC, la Tour Europe par Korea Investment & Securities (lire aussi les articles de CFNEWS IMMO & INFRA : L'avenir de la tour Europe se dessine avec un Sud-Coréen et Le fort rendement du Cristalia pour les sud-coréens).
Electronique : Devialet / Korelya Capital et Ginko Ventures (France / Corée du Sud)
Le fabricant d'enceintes et amplificateurs haut de gamme Devialet relève 16 M€ auprès de deux actionnaires existants, Korelya Capital et Ginko Ventures, principalement en obligations convertibles (lire aussi l'article CFNEWS : Devialet mise sur l'Asie). Par ailleurs, un emprunt de 35 M€ auprès de la Banque européenne d'investissement a été obtenu dans le cadre du plan Juncker, étalé en plusieurs tranches dont la dernière en fin d'année dernière.
Fintech : Moonshot-Internet / Roadzen (France / Inde)
Moonshot-Internet, filiale assurtech créée par Société Générale Assurances il y a deux ans, accueille en « minoritaire significatif » Roadzen, spécialiste de l'intelligence artificielle adaptée à la souscription et la gestion des sinistres (lire aussi l’article CFNEWS : Moonshot-Internet s'appuie sur une fintech indienne). Elle propose à des acteurs du web (e-commerce, voyage, paiement) des offres d'assurance à la demande pour leurs clients. Fondé en 2015 aux États-Unis par Rohan Malhotra, puis déménagé en Inde, le nouvel actionnaire Roadzen prend une position minoritaire significative en lui apportant du capital, pour un montant gardé secret, de la technologie et son expertise du marché. Il se développait notamment en rachetant en août 2017 Axa Assistance Pvt Ltd, filiale indienne d'Axa Assistance. Après l'Inde, la Chine et les États-Unis, Roadzen, qui sert plus de dix millions de clients finaux par an, nourrit des ambitions en Europe.
Matériel medical : Quantum Surgical / Ally Bridge Group, Lifetech Scientific (France / Chine)
La société montpelliéraine Quantum Surgical fait encore un grand pas de plus vers le marché chinois. Fondé en 2017 et dirigé par Bertin Nahum, Quantum Surgical, spécialisé en robotique médicale, s’associe à ses deux actionnaires chinois : le fonds Ally Bridge Group et Lifetech Scientific, l'un des spécialistes chinois du traitement des maladies cardiovasculaires, pour créer une JV dédiée à la distribution locale de son futur robot chirurgical pour le traitement du cancer du foie. Ces deux derniers avait, pour mémoire, injecté 6 M€ pour son premier tour de table en juin 2018 (lire aussi : Quantum Surgical construit une nouvelle plateforme). Basée près de Shenzhen, la nouvelle JV sera détenue majoritairement par Lifetech, qui lui apportera son savoir-faire pour accélérer l’approbation et la commercialisation du produit dans le pays.
Pour rappel, le chinois Ally Bridge Group avait accompagné Medtech (fabricant de robots d’assistance chirurgicale), la précédente entreprise du fondateur Bertin Nahum. Il était sorti à l’occasion d’une OPA lancée par l’américain Zimmer Biomet en 2016, valorisant plus de 170 M€, permettant également la sortie de Newfund et Midi Capital (lire aussi l’article : OPA américaine sur Medtech). L’an dernier, Ally Bridge Group avait dirigé un investissement de la série C de 300 M$ dans la société hong-kongaise Grail, spécialisée dans la détection précoce de toutes formes de cancer. Quant à Lifetech Scientific, il a aidé l’américain Medtronic à implanter sa marque HeartTone (technologie de stimulation) en Chine et a obtenu l’approbation des autorités en moins de 9 mois et une dérogation clinique.
Automobile : Volkswagen / JAC (Allemagne / Chine)
Le constructeur automobile outre-Rhin Volkswagen chercherait à prendre le contrôle de sa JV chinoise dédiée au véhicule électrique, codétenue aujourd’hui avec son partenaire local JAC, coté à Shenzhen. Le mandat a été confié à Goldman Sachs selon Reuters.
Les constructeurs étrangers sont obligés de créer une coentreprise avec leurs partenaires locaux pour opérer sur le marché chinois et leur part de capital est plafonnée à 50 %. D’après la nouvelle liste négative pour les investissements étrangers en Chine (lire aussi notre chronique précédente), ce plafond sera enlevé progressivement, d’abord pour JV de véhicule à usage spécial et à énergie renouvelable, 2020 pour celle de véhicule utilitaire, dès 2020, l’automobile sera entièrement ouverte aux étrangers. Pour mémoire, le constructeur allemand BMW avait annoncé en octobre dernier une augmentation ses parts dans sa JV chinoise de 50 % à 75 %, en déboursant 3,6 Md€ (lire aussi notre chronique précédente). L’opération devrait être finalisée en 2022, le moment où le secteur automobile sera entièrement ouvert aux investisseurs étrangers. Par ailleurs, Daimler a aussi pour sa part un projet pour augmenter ses parts dans le capital de son partenaire chinois Baic Group.
Nomination : China Investment Corp (Beijing)
Fondé en 2007, le fonds souverain China Investment Corp (CIC), gérant la réserve de change chinoise de plus de 1000 Md$, nomme un nouveau Président Peng Chun, en succédant Tu Guangshao, au poste depuis 2016. Ju Weimin prendra la direction générale. Peng Chun est président de la China Communication Bank depuis février 2018. Il avait effectué essentiellement sa carrière au sein de cette banque, successivement directeur des succursales d’Urumqi, de Nanning et de Guangzhou, et avait commencé à faire partie de la direction du groupe bancaire à compter de 2013 en tant que vice-président et membre du conseil d’administration. À noter qu’il avait exercé au sein du fonds souverain chinois de 2010 à 2013 respectivement en qualité de directeur général adjoint de CIC et de directeur général de Central Huijin, filiale de CIC.
Pour mémoire, CIC s’est récemment associé à BNP Paribas et à Eurazeo pour lancer un nouveau fonds d'1 Md€ à 1,5 Md€ ayant vocation à accompagner les entreprises françaises et européennes dans leur développement en Chine (lire aussi : Un nouveau fonds franco-chinois se lance). Précédemment, il avait déjà noué avec Goldman Sachs aux États-Unis, HSBC et Charterhouse au Royaume-Uni et à un consortium de banques japonaises au Japon pour une stratégie identique (lire aussi notre chronique précédente ). Il avait déjà participé dans quelques opérations de manière directe telles que la reprise de la plateforme logistique Logicor auprès de Blackstone pour 12,25 Md€ (lire aussi l’article CFNEWS IMMO&INFRA : Logicor sous pavillon chinois ) et le co-investissement aux côtés de Partners Group et de CDPQ (Caisse de dépôt et placement du Québec) dans le français Foncia (lire aussi l’article : Foncia entre les mains d’un Suisse ). Pour l’année 2017, CIC a enregistré le plus haut TRI (taux de rentabilité interne) pour ses investissements hors la Chine, soit 17,59 %, selon son rapport annuel.
Nomination : Ostrum AM (Hong Kong)
Gérant 257,6 Md€, Ostrum Asset Management, affilié de Natixis Investment Managers, recrute à Hong Kong et Singapour pour élargir son offre de gestion en dette privée sur actifs réels dédiée aux investisseurs institutionnels. Il crée en même temps une filiale à Hong Kong : Ostrum Asset Management (Hong Kong) Limited. Charles Regan est nommé responsable de l’activité de gestion de fonds infrastructure Asie Pacifique et Alistair Ho est nommé responsable Asie Pacifique de l’activité de co-investissement, en partenariat avec la Banque de Grande Clientèle de Natixis. Diplômé de Thunderbird School of Global Management, le premier était cofondateur et DG de Windward Capital Asia et avait occupé plusieurs postes à responsabilité en Asie-Pacifique respectivement chez FIG, Banco Santander et WestLB. Il sera rejoint par deu Angus Davidson (managing director) et Evelyn Chan (director). Formé à l’université de Waterloo, le second Alistair Ho était directeur général en charge des financements structurés en Asie (hors Japon) pour Mizuho Securities, et avait exercé chez Natixis, Credit Suisse, Citigroup.
L’Asie-Pacifique reste aujourd’hui le plus important marché dans l’infrastructure tant en terme d’opportunité que de demande des investisseurs. Elle seule représente 60 % des dépenses mondiales en infrastructures d’ici à 2025 et notamment les besoins de financement de l’initiative de la nouvelle route de la soie de la Chine. Par ailleurs, l’Australie est aussi un marché important en terme de financements de projets.
Bonne semaine !
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