Macquarie CapitalLuxe : Hermès / Shang Xia / Exor (famille Agnelli) (France / Chine / Italie)
La famille italienne Agnelli, propriétaire de Fiat et Ferrari, procède à une augmentation de capital de 80 M€ pour la marque chinoise de luxe Shang Xia afin de devenir actionnaire de contrôle. La fondatrice Jiang Qiong Er et le groupe français Hermès conservent le solde. L’opération, qui devrait être bouclée à la fin de l’année, se réalise via la holding familiale Exor, dont le portefeuille comprend de nombreuses sociétés comme Ferrari, Fiat Chrysler, Partner Re, CNH Industrial (Case New Holland Industrial), Juventus Football Club, le magazine The Economist et GEDI Gruppo Editoriale. La valeur de son portefeuille est estimée à 27 Md$. Co-fondée en 2009 par la Chinoise Jiang Qiong Er et Hermès, la cible se spécialise d’abord dans l’art de vivre comme le mobilier et les objets pour l’art de thé, en rajoutant la mode et les accessoires comme les bijoux et sacs, dont le prix unitaire de pièces allant de 100 à 100 000 euros. Son chiffre d’affaires s’élevait à 20 M€, représentant une croissance de 60 % mais la société restait toujours déficitaire, selon les Echos. La marque a généré principalement ses revenus sur le marché chinois, soit environ 90 %, avec un réseau des boutiques à Shanghai, Beijing, Chengdu, Hangzhou, Shenzhen et une seule à l’étranger à Paris, ouverte il y a 7 ans au 8 rue de Sèvres (près du Bon Marché). L’expansion est bien anticipée avec l’ouverture des nouvelles boutiques à Singapour et à Taipei. Le P-dg de la marque chinoise Patrick Thomas a indiqué, lors de l’interview au site cn.fashionnetwork.com, que la marque devrait investir entre 5 et 6 M€ pour sa croissance organique.
Paiement : Worldline / ANZ (France / Australie)
Coté sur le compartiment A d’Euronext, Worldline, qui vient de fusionner avec son homologue Ingenico, a trouvé un partenaire en Australie. C’est la banque ANZ, fondée en 1835 et basée à Melbourne. Le groupe français aux 5,3 Md€ de chiffres d’affaires déboursera 485 M AU$ (300 M€) pour une participation de contrôle (51%) des activités de services aux marchands d’ANZ pour une valorisation de 925 M AU$ (environ 570 M€). En réalité, ANZ et Worldline ont créé une JV dans les services aux marchands en Australie pour détenir respectivement 49 % et 51 % du capital. Affichant environ 180 M€ de chiffre d'affaires en 2020, l’activité de services aux marchands d'ANZ se positionne comme le troisième plus grand acteur du secteur en Australie, avec une part de marché de 20 % sur les volumes de transactions opérés dans le pays. Elle emploie 200 personnes et gère les paiements pour 80 000 marchands physiques et en ligne au travers de 2 milliards de transactions traitées sur sa plateforme.
Distribution Informatique : HNA Group / Ingram Micro / Platinum Equity (Chine / États-Unis)
Conseillé par JP Morgan et Davis Polk, le conglomérat aérien chinois HNA Group, plombé par des dettes colossales après une internationalisation trop rapide et audacieuse, a conclu un accord avec le fonds californien Platinum Equity, gérant 23 Md$, pour lui céder Ingram Micro pour 7,2 Md$. Le processus a duré deux ans. Le groupe chinois avait négocié avec plusieurs prétendants par exemple le fonds Apollo en 2018. L'acquisition sous forme de LBO devrait être finalisée au courant du premier semestre de l’an prochaine sous réserve du feu vert des actionnaires du groupe chinois. Fondée en 1979 et basée à Irvine (Californie), la cible, faisant partie des écosystèmes technologiques et commerciaux, est un grossiste en produits technologiques (ordinateurs, télévisions, jeux vidéo, etc.). Peu connu du grand public mais que des revendeurs, elle était cotée en bourse à New York depuis 1996 jusqu'à son rachat par le conglomérat chinois HNA en 2016 pour 6 Md$, qui souhaitais empocher 7,5 Md$ via cette cession. Employant 35 000 salariés et présente dans 60 pays, Ingram Micro aide 2 000 revendeurs à distribuer auprès de 250 000 clients pour un chiffre d’affaires de 47 Md$. Pour cette opération, Morgan Stanley, Goldman Sachs et Morgan Lewis ont conseillé Platinum Equity. Willkie Farr & Gallagher a conseillé l’aspect du financement, obtenu auprès de JP Morgan, Bank of America, et de Morgan Stanley Senior Funding.
Internet : EdtechX (Royaume-Uni)
Après le succès du premier SPAC coté (Special Purpose Acquisition Company) au Nasdaq au début de l’année, le deuxième SPAC nommé « Edtech Holdings Acquisition Corp. II », lancé par EdtechX Holdings, a levé 100 M$, soit 10 millions d’actions au prix unitaire de 10 $. Conseillée par Jefferies et Macquarie Capital, la structure est cotée au Nasdaq sous le symbole EDTXU. Cogéré par le tandem franco-britannique Benjamin Vedrenne-Cloquet (DG) et Charles McIntyre (Président), deux banquiers vétérans chez IBIS Capital, le nouveau SPAC a vocation à investir dans des entreprises du secteur de l’éducation, de la formation et des technologies de l’éducation dont la valorisation serait comprise entre 400 millions et 2 Md$. Ils s’engagent également dans une initiative « SPACs For Good » en accordant jusqu'à 4 % de leurs actions à des structures à but non lucratif soutenant la numérisation de l'éducation et l'inclusion numérique dans l'éducation. Pour mémoire, en mars dernier, EdtechX Holdings a épaulé la société chinoise Meten International Education (Meten), spécialiste de l’e-éducation à s’introduire au Nasdaq avec son premier SPAC (lire aussi notre chronique précédente).
Télécom: CVC / Irrawaddy Green Towers (Luxembourg / Myanmar)
CVC Capital Partners devrait acheter la plus grande société de tours de télécommunications au Myanmar Irrawaddy Green Towers pour 700 M$. L’opération, à travers son cinquième véhicule dédié à l’Asie, qui avait annoncé son closing final cette année à 4,5 Md$, représente le premier investissement du GP dans ce pays de l’Asie du Sud-Est. La cible gère près de 4 000 tours à travers le pays pour des clients comme le géant norvégien Telenor, le qatari Ooredoo et l’opérateur locale Mytel. Elle est détenue jusqu’à présent par Blu Stone Management, basé à Dubaï et le libanais M1 Group. CVC n'a souhaité encore en commenter.
Matières premières : Tianqi / Talison Lithium / IGO Limited (Chine / Australie)
Coté à Shenzhen, la société chinoise Tianqi Lithium, basée dans la province du Sichuan (Sud-Ouest de la Chine), va vendre 25 % du capital de Talison Lithium, propriétaire de la mine Greenbushes, l’une des plus importantes mines de lithium située en Australie-Occidentale. Et ce, à IGO Limited, mineur australien d'or et de nickel, sur une transaction de 1,4 Md$. Pour rembourser sa dette accumulée dans une expansion mondiale audacieuse, la société chinoise cherchait depuis le début de l’année de repreneur de ses 51 % dans Talison Lithium. L’américain Albemarle, qui détient le solde de 49 %, pourrait également faire une offre sur le solde (26 %) si Tianqi procédait à un appel d’offres ouvert. Après une chute des prix du lithium (plus de 70 %), Tianqi a rencontré une grande difficulté de liquidité. La société chinoise a enregistré une perte nette l'an dernier de 2,82 milliards de yuans (400 M$) contre un résultat net de 2,2 milliards de yuans en 2018. Elle a surtout contracté un endettement de 3,5 Md$ auprès de la banque chinoise Citic Bank en 2018 pour financier l’acquisition du chilien SQM (Sociedad Química y Minera), qui exploite le lithium dans le désert d'Atacama, dans le nord du Chili, l'un des plus grands gisements du monde de lithium (le Chili possède les plus grandes réserves mondiales de lithium avec 52 % du total) (lire aussi notre chronique précédente). Le montant de cette acquisition s’élevait à 4 Md$. Selon le FT, le producteur de lithium chinois est confronté à la date limite du 28 décembre pour restructurer un prêt de 1,9 Md$ avec des créanciers dirigés par la Citic Bank.
Cercle International, X-PM
X-PM, spécialiste du Management de Transition, a organisé une conférence en ligne le 15 décembre dernier. L’événement fait partie de l’initiative « Cercle International » imaginé par le cabinet. Il a invité Joerg Wuttke, Vice-Président du groupe allemand BASF et Président de la Chambre de Commerce Européenne en Chine. Animé par le président de X-PM Patrick Laredo, la conférence a abordé des divers sujets axés sur le thème « Quels seront les défis en 2021 en tant qu'entreprise occidentale dans une économie chinoise en plein essor ? ». L'Asie, notamment la Chine, émerge plus rapidement et plus fortement après la pandémie liée à la Covid-19. Grâce à l'innovation dynamique et à l'autonomie dans presque tous les secteurs industriels, l'Asie, représentant 60 % du PIB mondial, stimulera en effet la croissance mondiale. L’interlocuteur principal de la conférence Joerg Wuttke s’est appuyé sur la publication de la Chambre de Commerce Européenne en Chine « European Business in China - Position Paper » pour éclairer l’environnement actuel complexe sur le marché chinois, tant sur les actions gouvernementales que sur l’évolution du marché domestique.
Vaccin
La biotech allemande cotée BioNTech, qui collabore avec l'américain Pfizer pour le vaccin en prévention des infections à Covid-19, basé sur la biotechnologie de l'ARN messager (ARNm), devrait fournir 100 millions de doses à Fosun Pharma pour la Chine continentale. Le groupe pharmaceutique, coté à Shanghai, devrait verser avant le 30 décembre 125 M€ pour sa première commande de 50 millions de doses. Une fois que le vaccin y obtient le feu vert auprès des autorités, Fosun Pharma déboursera 125 M€ supplémentaires contre une autre commande de 50 millions de doses. Pour mémoire, en mars dernier, le laboratoire chinois Fosun Pharma a signé un partenariat avec son homologue allemand (lire aussi notre chronique précédente). Il a versé à BioNTech, basé à Mainz, 135 M€ (en paiement initial de 50 M$ et paiements d’étapes de 85 M$), contre le droit de commercialisation en Chine continentale.
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