Industries : SGD Pharma / JIC / PAI Partners (France / Chine)
Basé à Puteaux, SGD Pharma poursuit son aventure actionnaire aux cotés d'investisseurs financiers (lire aussi l'article CFNEWS : SGD Pharma façonne un premier LBO). Le fabriquant de verres moulés et tubulaires pour l’industrie pharmaceutique fut cédé, en 2016, par SGD anciennement Saint-Gobain Desjonquères et son actionnaire de l'époque le fonds Oaktree Capital à, JIC, une holding d'investissement détenue par le gouvernement chinois. Cinq ans plus tard, un mandat de cession a été confié à BofA Securities. Des industriels ainsi des fonds d'investissement ont montré leur intérêt pour cet actif. Finalement, PAI Partners emporta le processus d'enchères afin d'entrer en négociations exclusives avec JIC. Ce changement d'actionnaire devrait se réaliser pour une valorisation comprise entre 800 et 850 M€. Le nouvel entrant, accompagné à l'achat par Citi et Rothschild & Co, prendra la majorité des titres par l'intermédiaire de son véhicule flagship PAI Europe VII closé à 5,1 Md€ en 2018.
Internet : Qwant / Huawei (France / Chine)
Basé à Shenzhen, le géant chinois des télécoms Huawei vient d'investir 8 M€ dans le moteur de recherche français Qwant sous la forme d'obligations convertibles, a révélé le site Politico Europe. L’information a été confirmée par la presse américaine. Elle est parue après un nouveau décret interdisant aux entités américaines de nouer des relations commerciales ou capitalistiques avec 59 entreprises chinoises, dont Huawei. Ce financement a déjà été approuvé le 18 mai dernier lors de l’AG du groupe français, qui accumule des pertes depuis des années et maintient toujours son ambitieux objectif de concurrencer Google. En mars 2020, Huawei a abandonné Google et autres moteurs de recherche américains et a choisi Qwant pour le moteur de recherche par défaut de ses téléphones mobiles. Fondé en 2011, le moteur de recherche français avait établi trois tours de table pour un montant total de levées de 28,9 M€, selon la base de deals CFNEWS.net (lire aussi la fiche Qwant), en comptant des investisseurs comme Axel Springer Digital Ventures et Caisse des Dépôts. Sur l’exercice 2020, il a réalisé un chiffre d’affaires de 7,5 M€ contre 6,3 M€ un an plus tôt, pour une perte de 13 M€, qui a été divisée en deux en un an. Malgré la sanction des États-Unis et l’impact de l’épidémie, le géant télécom chinois a enregistré l’an dernier un chiffre d’affaires de 8914 milliards de yuans (environ 116 M€), soit une hausse de 3,8 % (contre 19,1 % l’an précédent), pour un bénéfice net en hausse de 3,2 % sur un an à 64,6 milliards de yuans (8,4 Md€).
Fintech : Klarna / SoftBank Vision (Suède / Japon)
Basée à Stockholm, la plateforme suédoise du paiement en ligne Klarna est valorisée 46,5 Md$ via sa nouvelle levée de fonds de 640 M$. Mené par SoftBank Vision via son deuxième véhicule Vision Fund 2, le tour de table est suivi par des investisseurs existants comme Adit Ventures, Honeycomb Asset Management et WestCap Group. L’opération fait la cible la fintech la plus valorisée en Europe et la deuxième au monde derrière la chinoise Ant Group. La société suédoise n’a pourtant pas précisé son projet d’IPO dans l’immédiat. Créée en 2005 à Stockholm, Klarna a eu son succès grâce au « payer plus tard », ce qui permet au consommateur des paiements différés, une offre plus favorable et plus simple que le crédit à la consommation. Présent sur 17 principaux marchés, la société est désormais implantée dans l’Hexagone, en comptant 90 millions d’utilisateurs dont 18 millions d’américains, et 250 000 commerçants. Entrée dès 2015 dans le club des « licornes », Klarna a vu sa valorisation envolée vertigineusement : elle avait franchi les 10 Md$ en septembre 2020 et les 30 Md$ en mars dernier lors de précédentes levées de fonds, en s’entourant d’un groupe de 12 investisseurs pour une levée d’1 Md$. Les autres investisseurs de Klarna comprennent Sequoia Capital, SilverLake, Dragoneer, Permira, Commonwealth Bank of Australia, Bestseller Group, Ant Group, Northzone, le fonds souverain de Singapour GIC ainsi que des véhicules gérés par BlackRock et HMI.
Mode : Fosun / Sergio Rossi (Chine / Italie)
La marque de chaussures de luxe italienne Sergio Rossi est acquise par Fosun Fashion Group (FFG), filiale du groupe Fosun. Le montant de l’opération reste confidentiel. Le processus de vente a été démarré en janvier par le fonds italien Investindustrial, qui avait racheté la marque auprès du français Kering en 2015 pour un montant d’entre 40 M€ et 50 M€. La vente a séduit des prétendants comme le suisse Bally et Piquadro, propriétaire de la marque tricolore Lancel. FFG a remporté en raison de sa réputation sur les marchés asiatiques, dont la Chine est le plus important marché pour la marque italienne. Fondée en 1968 par le designer éponyme, la marque, ayant générant l’an dernier 60 M€ de revenus, dispose d’un réseau de 64 boutiques, dont 45 en propre. Née en 2017, Fosun Fashion Group (FFG) dispose d’un portefeuille de plusieurs marques de renom, dont la française Lanvin, l’autrichienne Wolford, l’italienne Caruso et l’américaine St. John.
Industries : NSK / Brüel & Kjær Vibro / Spectris Plc (Japon / Allemagne / Royaume-Uni)
Fort d’un chiffre d’affaires de 6,55 Md€, le groupe japonais NSK, fabricant de roulements coté et basé à Tokyo, a finalisé l’acquisition auprès du britannique Spectris Plc, coté à Londres, la société Brüel & Kjær Vibro (B&K Vibro), spécialiste allemand dans les systèmes de surveillance conditionnelle (CMS - Condition Monitoring Systems). L’opération s’est établie sur une valorisation de 169 M€. Née en 2000 de la fusion de la société allemande Schenck (fondée en 1881) et de la société danoise Brüel & Kjær (créée en 1942), la cible propose ses solutions de surveillance continue pour les plateformes pétrolières en eaux profondes, les installations éoliennes et hydrauliques etc, elle intervient aujourd’hui également dans la maintenance des installations et des produits CMS pour machines tournantes telles que les pompes, les turbines, les compresseurs et les générateurs. Avec un effectif de 220 personnes, elle a réalisé un chiffre d’affaires de 52,5 M€. NSK Europe, filiale du japonais NSK, fondée en 1916 et en employant près de 31 000 personnes, dont 4 400 au vieux continent, a réalisé un chiffre d’affaires de 920 M€ au cours de l’exercice 2019.
Logiciels : Mercury / MessageMedia / Sinch (Australie / Suède)
Mercury Capital, GP australien dédié au mid-cap, réalisera sa sortie de MessageMedia, plateforme de messagerie mobile B2C, pour 1,3 Md$, auprès de Sinch, société suédoise spécialisée dans les services de cloud computing. Fort d’un chiffre d’affaires de 8 milliards de couronnées suédoises en 2020 (797 M€), cette dernière versera 1,1 milliard de dollars en espèces et le reste en actions pour cette acquisition. Fondé en 2000 et basé à Melbourne, MessageMedia propose une suite logicielle (SaaS) basée sur le Web permettant d'exploiter facilement la messagerie sans avoir besoin de coder ou de se familiariser avec les API:s, en employant une équipe de 350 personnes. Ses plateformes automatisées et évolutives sont notamment spécialement conçues pour répondre aux besoins des PME. Elle compte aujourd’hui plus de 60 000 clients, dont 1 500 nouveaux aux États-Unis, et gère plus de 5 milliards de messages mobiles par an. Au cours des douze mois au 30 juin dernier, MessageMedia devrait enregistrer des revenus de 151 M$ pour un bénéfice brut de 94 M$ et un Ebitda ajusté de 51 M€. La transaction valorisera ainsi l'activité acquise à un multiple VE/Bénéfice brut de 13,8 fois, et un multiple VE/Ebitda de 25,4 fois. Avant l’acquisition, au premier trimestre 2021, Sinch a généré des revenus pour les 12 derniers mois de 9,749 milliards de couronnes suédoises (951 M€) pour un bénéfice brut de 2 557 millions de couronnes (54,4 M€) et un Ebitda ajusté de 968 millions (94,5 M€). Post-acquisitions (l’américain Inteliquent et MessageMedia), les revenus de Sinch pour les 12 derniers mois au premier trimestre 2021, atteindraient environ 17,9 milliards de couronnes suédoises (1,75 Md€) pour un bénéfice brut 6 milliards de couronnes (586 M€) et un Ebitda ajusté d'environ 2,4 milliards (234,4 M€). Pour mémoire, le fonds australien Mercury Capital a valorisé 250 M$ MessageMedia via une opération minoritaire en 2018.
Pour cette opération, Handelsbanken Capital Markets agit en tant que conseiller financier et K&L Gates en tant que conseiller juridique de Sinch. JP Morgan et Herbert Smith Freehills représentent MessageMedia.
VTC : Didi Chuxing (Chine)
Didi Chuxing, opérateur de VTC chinois et acteur important dans le véhicule autonome, devrait réaliser son introduction en bourse aux États-Unis, l’opération devrait être la plus grande IPO du monde cette année. La société n'a pas encore révélé la taille de l'offre, mais l’agence Reuters a déclaré qu'elle pourrait lever environ 10 Md$ et chercher une valorisation proche de 100 Md$. À cette valorisation, l’IPO de Didi Chuxing serait la plus importante offre d'actions chinoises aux États-Unis depuis qu'Alibaba a levé 25 Md$ en 2014. Cette année la plus importante IPO reste pour l'instant celle de Coupang. En mars dernier, le numéro un de l'e-commerce coréen, a réalisé son IPO sur le New York Stock Exchange, sur une capitalisation boursière de 63 Md$ pour une levée totale de 4,6 Md$ (lire aussi notre chronique précédente). Issue de la fusion entre 2015 de Didi et de Kuaidi Dache, Didi Chuxing a affiché l’an dernier 141,7 milliards de yuans de revenus (21,6 Md$), soit une baisse de 8,5 % en raison de l’impact de la pandémie mondiale, pour une perte totale de 10,6 milliards de yuans (1,6 Md$). Au premier trimestre de cette année, son chiffre d’affaires a rebondi pour 42,2 milliards de yuans pour un résultat net de 800 M$. SoftBank Vision Funds ont investi au total 10 Md$ via sa participation à plusieurs tours de table pour en détenir 21,5 %, le géant chinois Tencent en possède aujourd’hui 6,8 %. Son homologue américain Uber lui avait cédé ses activités chinoises en 2016 en échange de 12,8 % (lire aussi notre chronique précédente). Par ailleurs, la société chinoise de VTC compte également d’autres actionnaires importants comme Alibaba Group, Apple etc. Pour mémoire, Didi Chuxing avait été valorisée 65 Md$ lors son dernier tour de table établi en 2018.
Asset Management : BlackRock (Chine)
Le leader mondial BlackRock est devenu le premier gestionnaire d'actifs non chinois à pouvoir opérer une activité de distribution de fonds destinés au grand public en Chine, dont il sera l'unique actionnaire. La Commission chinoise de réglementation des valeurs mobilières (China Securities Regulatory Commission) lui a donné son feu vert. D'autres gestionnaires d'actifs, comme Fidelity International et Neuberger Berman Group, sont dans la waiting-list. La décision est accordée à la suite de l'approbation récente de l’autorité réglementaire chinoise (la Commission chinoise de réglementation des banques et des assurances, la CBIRC) à Goldman Sachs pour une coentreprise de gestion de patrimoine avec ICBC, l'une des plus grandes banques chinoises (lire notre chronique précédente). La banque américaine détiendra une participation de 51 % et le solde pour ICBC Wealth Management. Les gestionnaires d'actifs étrangers se précipitent pour capitaliser sur le vaste bassin d'épargne de la Chine alors que le gouvernement libéralise de plus en plus son système financier étroitement contrôlé. Pour rappel, l’an dernier, le tricolore Amundi était devenu le premier Asset Manager étranger à lancer une activité d’AM à capitaux étrangers majoritairement en s'associant à la Bank of China (lire aussi notre chronique précédente).
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