Transports maritimes : Total / Gazocean / NYK (France / Japon)
Nippon Yusen Kaisha (NYK Line), spécialisé dans le transport maritime basé à Tokyo et faisant partie du keiretsu (conglomérat) Mitsubishi, renforce sa présence en France dans les LNG (GNL, gaz naturel liquéfié). Déjà détenteur de 20 % de l’opérateur marseillais de navires gaziers Gazocean, le groupe japonais s’empare du solde de 80 % auprès du pétrolier français coté Total pour une montant confidentiel. Avec un effectif de 200 personnes, la cible gère une flotte de 6 navires pour un chiffre d’affaires de plus de 9 M€. Coté à Tokyo, l’armateur japonais a réalisé un chiffre d’affaires de 1668,4 milliards de yens (13,5 Md€).
Tourisme : Club Med (France)
Club Med, propriété du groupe privé chinois Fosun Group via sa filiale Fosun Tourisme (tous les deux cotés à Hong Kong), a obtenu 260 M€ de prêts. D’une part, un Prêt garanti par l’Etat (PGE) de 180 M€, garanti à 90 % par l’État français via Bpifrance, a été accordé par un groupe d’établissements bancaires comme Arkea, BNP Paribas, BPCE, Crédit Agricole, Société Générale et HSBC, et ce pour une durée de 6 ans. D’autre part, son actionnaire chinois Fosun lui a apporté 80 M€ sous la forme d’un prêt d’actionnaire additionnel. L'opérateur français de villages de vacances, impacté de plein fouet par la pandémie liée à la covid-19, a finalisé l'exercice 2019 pour un volume d’affaires de 1,177 Md€ (+ 5%) et un Ebitda de 306,2 M€.
Fintech : Ant Group (Chine)
Ant Group (ex Ant Financial), propriétaire de la plateforme de paiement numérique ultra populaire en Chine Alipay, a fixé le prix d’offre pour son méga IPO à la fois à Shanghai (SSE Star Market) et à Hong Kong (HKEx). La cotation sera prévue le 5 novembre prochain, soit après l’élection présidentielle américaine de 2020. Sur le SSE Star Market, l’offre unitaire sera de 68,8 yuans (10,26 $), tandis que, sur la plateforme hongkongaise, 80 HK$ (10,32 $). La fintech chinoise émettra 3,34 milliards de titres, représentant environ 11 % du capital, pour une levée s’élevant à 34,4 Md$, faisant une IPO inédite loin devant celle de Saudi Aramco (29,4 Md$). L’IPO s’établit sur une capitalisation boursière de 313 Md$, soit équivalente à celle de JPMorgan Chasse, plus importante que celle de nombreux grands groupes financiers comme Citigroup, Goldman Sachs, ou la fintech comme Paypal. Grâce au mécanisme dit « Green Shoe Option » (option de surallocation), sa capitalisation boursière pourrait atteindre 320 Md$. L’attribution de titres sur les plateformes à Shanghai ou à Hong Kong sera égale, soit chacune 17,2 Md$ de titres. En raison de la forte demande des investisseurs institutionnels, à Hong Kong, il n’y aura pas de souscripteurs cornerstone avec une obligation de lock-up, alors qu’à Shanghai ils se sont rués vers la souscription. D’après le FT, 6 000 véhicules gérés par une centaine d’asset manager ont fait leur demande, représentant une sursouscription de 284 fois. Des institutionnels de renom y a participé : le fond souverain de Singapour GIC et le fonds de pension canadien CPPIB ont y abondé chacun 2 milliards de yuans (300 M$), le singapourien Temaske et Abu Dhabi Investment Authority chacun 1,5 milliards yuans (223 M$) avec une promesse de lock-up respective de 1 an et 2 ans.
Lancé par Alibaba en 2003 comme outil de paiement pour sa plateforme d'e-commerce C2C Taobao, Alipay a été séparé du groupe en 2011 pour donner naissance à Ant Financial, ce dernier est contrôlé par le fondateur du groupe Alibaba, Jack Ma Yun. L’opération de spin-off avait été contestée par les actionnaires d’Alibaba, dont l’américain Yahoo et le japonais Softbank. Sans succès. Depuis 2018, le groupe Alibaba détient un tiers des titres d’Ant Group (environ 33 %), en cédant, en échange, l'ensemble des brevets et droits de propriété intellectuelle (lire aussi notre chronique précédente). Employant aujourd’hui 16 660 salariés, le groupe chinois de fintech réunit 730 millions d’utilisateurs actifs - contre 346 millions de Paypay - et 80 millions de commerçants. L’exercice clos en juin dernier, Ant Group a traité 17 000 Md$ de transactions de paiement numérique sur un an, - 712 Md$ traités par Paypal sur 2019 - et a accordé 300 Md$ de crédits aux particuliers et PME. Au niveau de l’infrastructure de paiement, Ant Group défie également tous ses homologues avec une capacité de traitement de 459 K transactions par seconde (record enregistré lors de la « fête des célibataires 11 novembre » de l’an dernier) - contre 65 K transactions déclarées par Visa - selon le recensement du NY Times. L’an dernier, Ant Group a enregistré un chiffre d’affaires de 120,6 Md¥ (environ 17 Md$), dont 95 % provenaient de la Chine continentale. Son portefeuille comprend notamment la fintech indienne Paytm et l’américain EyeVerify, spécialisée dans la vérification à l'aide des veines oculaires et d'autres micro-fonctionnalités dans et autour de l'œil. Ant Group avait tenté en 2017 l’acquisition de MoneyGram pour 1,2 Md$ et avait dû la renoncer en raison de l’opposition de l’autorité américaine CFIUS, en citant un risque pour la sécurité nationale (lire aussi notre chronique précédente).
EdTech: Yuanfudao (Chine)
Yuanfudao, plateforme d’éducation en ligne basée à Pékin, a finalisé un tour de table de série G avec une levée totale de 2,2 Md$. Dans le cadre de ce tour, la première tranche G1 d'un montant d’1 Md$ annoncé en avril dernier a été menée par Hillhouse Capital, suivie par Tencent Holdings, Boyu Capital et IDG Capital et ce sur une base de valorisation de 7,8 Md$ (lire aussi notre chronique précédente). Une enveloppe de 1,2 Md$ pour la seconde tranche G2 est apportée par DST Global, Citic PE, GIC, Temasek, TBP, DCP, Ocean Link, Greenwoods et Danhe Capital. En particulier, cette tranche a porté la valorisation de la société à 15,5 Md$, selon les médias chinois, presque un double de la valorisation lors de la levée G1. Fondée en 2012, la cible propose des cours en ligne et des aides scolaires aux étudiants avec 11 centres en Chine. Elle a su saisir l’opportunité de développement pendant la pandémie de covid-19 en raison de la suspension de la vie scolaire en Chine au début de l’année, les applications éducatives chinoises en ligne comme Yuanfudao ont vu une forte augmentation des téléchargements. Pour mémoire, Yuanfudao avait été valorisé à 3 Md$ lors son dernier tour de table avec une levée de 120 M$ en 2018. Elle compte également l’américain Warburg Pincus, Matrix Partners China comme investisseurs historiques.
Biotech: Summa Equity / Sengenics / SBI Holdings (Suède / Singapour / Japon)
Fondée en 2016 par des anciens d’Altor Equity Partners et de Nordic Capital, le fond suédois Summa Equity, gérant 1,4 Md$, prend une part majoritaire dans la biotech de Singapour Sengenics pour une montant confidentiel. L’opération se réalise via son véhicule Summa Equity Fund II, bouclé sa levée l’an dernier à 700 M$. Le groupe financier japonais SBI Holdings, coté à Tokyo, réalise ainsi sa sortie, son véhicule SBI Islamic Fund II, véhicule conforme à la charia mis en place en partenariat avec le gouvernement du Brunei et la Banque islamique de développement (basée à Djeddah, Arabie saoudite), cède sa participation de 12,9 %. Pour mémoire, il a investi dans la société Sengenics aux côtés du fonds malaisien Insas Technology et du singapourien Hanns Ventures. Fondée en 2008, la cible se spécialise dans la protéomique fonctionnelle en commercialisant une technologie exclusive appelée KREX qui permet aux chercheurs d'améliorer considérablement la compréhension du protéome humain et du système immunitaire. Cette technologie a été développée à partir d'une collaboration de recherches entre l'Université de Cambridge et l'Université d'Oxford. La protéomique est une étude à grande échelle des protéines afin de mieux comprendre la biologie humaine et la maladie, notamment leurs expressions, structures et fonctions, qui reflètent les états de santé.
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