Fintech : Bux / Prosus Ventures et Tencent (Pays Bas / Afrique du Sud / Chine)
Le néobroker (courtier boursier en ligne et mobile) Bux, basé à Amsterdam, établit son troisième tour de table avec une levée de 80 M$ (67 M€). L’opération est menée par Prosus Ventures, bras d’investissement du groupe sud-africain Naspers et le conglomérat chinois Tencent, dont le plus grand actionnaire est le holding coté à Amsterdam Prosus avec environ 29 % (lire aussi notre chronique précédente), est suivie par des nouveaux entrants ABN Amro Ventures, Citius, Optiver et Endeit Capital. Les investisseurs historiques, à savoir HV Capital et Velocity Capital Fintech Ventures, ont remis au pot. Fondé en 2014, BUX a permis à ses plus de 500 000 utilisateurs actifs d’investir dans les entreprises cotées et sans commission. BUX Zero, sa plateforme phare, est présente sur des marchés européens comme en France, en Allemagne, en Autriche et en Belgique depuis l'année dernière. Cette nouvelle levée permettra à BUX d'accélérer le déploiement européen. Depuis sa naissance, le néobroker a déjà réussi 8 tours avec 115,9 M€ levés, selon le Crunchbase. Post opération, Nick Bortot, le fondateur de BUX, siègera au conseil d'administration non exécutif. En parallèle, l'actuel COO Yorick Naeff, qui est en charge des opérations de BUX depuis sa création, devient CEO.
Immobilier : Decathlon / IReit Global (France / Singapour)
Decathlon vient de s’engager à céder les murs de 27 de ses magasins en France, soit un total de 95 477 mètres carrés d’actifs répartis dans toutes les régions du territoire métropolitain. La foncière cotée singapourienne IReit Global va désormais détenir ce portefeuille commercial, valorisé 113,9 M€ par les experts, mais vendu avec une décote de -3 % sur l’estimation, à 110,5 M€, soit 1 157 €/m2. Incluant les frais d’acquisition (1,1 M€) et les autres coûts de la transaction, dont les droits d’enregistrement (10,7 M€), l’opération représente un investissement de 122,3 M€. Ce sale & leaseback est la plus importante opération finalisée dans le commerce en 2021 selon CFNEWS IMMO, devant l’externalisation de Casino (102 M€), et les ventes de deux petites lignes d’Hammerson (58,6 M€). Il s’agit également des premiers pas d’IReit en France ainsi que dans le commerce, qui est jusque-là présente en Allemagne et en Espagne avec neuf immeubles de bureaux valorisés 720 M€. La foncière singapourienne est détenue par un concert majoritaire (56 %) formé par Tikehau Capital, City Developments Limites (CDL) et AT Investments (lire aussi l'article CFNEWS IMMO : Le portefeuille Decathlon, plus grande opération de l’année dans le commerce).
Mode & Luxe : Fung / Delvaux (Chine / Belgique)
Le conglomérat hongkongais Fung Group chercherait à céder la marque de maroquinerie de luxe belge Delvaux, selon le Bloomberg. Il a déjà entamé des discussions avec plusieurs prétendants pour une valorisation d’entre 400 et 500 M€. Créée par Charles Delvaux en 1829, la marque éponyme, dans le portefeuille du groupe Fung il y a dix ans, a subi de plein fouet la crise sanitaire du covid-19 avec une chute de 40 % de chiffre d’affaires l’an dernier, alors qu’en 2019, la marque a généré 120 M€ de revenus. Un plan de restructuration a été annoncé en février dernier, avec un projet de licenciement de 26 emplois en Belgique, sur les 155 salariés dans le pays. Pour mémoire, la marque était entre les mains de la famille Schwennicke depuis 1933. En 2011, les actionnaires familiaux avaient cédé la majorité du capital au groupe hongkongais Fung, en conservant une part minoritaire de 20 %. Fung avait ensuite placé la marque avec Clergerie et Sonia Rykiel (reprise par Eric et Michaël Dayan, cofondateurs de Showroomprivé, l’an dernier, lire aussi l’article : Sonia Rykiel re-tricote son avenir) sous la nouvelle structure First Heritage Brands, co-lancée par le fonds souverain singapourien Temasek et l’ancien de LVMH Jean-Marc Loubier. Avant la restructuration, la marque belge dispose d’un réseau de 45 boutiques à travers le monde, dont à Paris, Milan, Londres et New York avec 500 salariés, disposant de trois sites de production, situés respectivement à Bruxelles, Bourg-Argental et à Avoudrey.
Chimie : Sika / Yokohama Rubber (Suisse / Japon)
Le groupe suisse de chimie Sika, spécialisé dans les matériaux de construction, se renforce au Japon avec le rachat d'Hamatite. Ce dernier regroupe les activités d'adhésifs et mastics de l'entreprise japonaise The Yokohama Rubber Co. Les détails financiers restent confidentiels. Basé à Tokyo, la cible génère un chiffre d'affaires annuel environ 160 millions de francs suisses (144 M€). Elle fabrique des produits en polyuréthanes, des colles thermofusibles et des silicones utilisés dans l'industrie automobile et le bâtiment avec ses cinq usines, dont deux au Japon, d’autres implantée en Chine, en Thaïlande et aux États-Unis.
Logiciel : Panasonic / Blue Yonder (Japon / États-Unis)
Le conglomérat électronique japonais Panasonic réalise la plus importante acquisition depuis une décennie. Déjà actionnaire de 20 % de l’américain Blue Yonder depuis l'an dernier, il débourse 5,6 Md$ à deux fonds New Mountain Capital et Blackstone pour s’emparer du solde du capital, sur une base de valorisation de 7,1 Md$ et une valeur d’entreprise de 8,5 Md$ (dette comprise). Le groupe japonais entendrait associer ses propres équipements aux logiciels de Blue Yonder afin d'offrir des solutions plus complètes pour révolutionner la logistique. Plus précisément, ses capteurs, caméras de contrôle et autres lecteurs de codes-barres seront équipées des logiciels édités par Blue Yonde pour trier plus efficacement les colis, mieux gérer les robots dans les rayons des entrepôts ou les stocks. Fondée en 1985 comme JDA, la cible, générant aujourd’hui environ 1 Md$ de revenus avec un effectif de 5 500 salariés, avait été acquise par le fonds newyorkais New Mountain Capital en 2012 pour 1,9 Md$, le fonds Blackstone l’avait rejoint en 2016 au capital. Fort d’un chiffre d’affaires d’environ 70 Md$, Panasonic financera cette acquisition avec 3,5 Md$ de cash provenant de son fonds propre, et le solde sera complété par un prêt relais qui sera refinancé avec un produit hybride (obligations subordonnées, etc.).
Réseaux sociaux : Tencent / ShareChat (Chine / Inde)
Le géant numérique chinois Tencent, coté à Hong Kong, a discrètement investit 225 M$ dans la start-up indienne de médias sociaux ShareChat, selon des dépôts réglementaires aux Pays Bas. L’opération, qui s’est réalisée via deux entités européennes du groupe chinois, intervient dans un contexte où les règles strictes imposées par le gouvernement indien limitent les investissements chinois dans les entreprises innovantes indiennes. Les deux structures, nommées respectivement Zennis Capital BV et Hlodyn BV, ont été enregistrées en février dernier et comptent deux mêmes administrateurs : Jingsi He, responsable des finances de Tencent Europe, et Constant Pieter van der Merwe, senior counsel de Tencent Europe. Les deux entités néerlandaises détiendront 19,74 % de ShareChat, si l’émission est convertie en capital. Fondé en 2015, le réseau social indien a récemment levé 501 M$ pour son cinquième tour de table auprès d'investisseurs tels que Tiger Global Management, Twitter et Snap pour développer Moj, plateforme de short vidéo, afin de lancer un défi sur TikTok. Il a déjà levé au total plus de 800 M$ depuis sa naissance.
Véhicule autonome : Toyota / Lyft (Japon / États-Unis)
Woven Planet, filiale du constructeur automobile japonais Toyota Motor Corporation, va acquérir Level 5, la division de conduite autonome de Lyft, opérateur américain de VTC coté au Nasdaq, concurrent direct d’Uber. L’opération s’établit sur 550 M$, dont 200 M$ payés d'avance sous réserve de certains ajustements de la finalisation et 350 M$ de paiements sur une période de cinq ans. Le niveau 5, signifiant l’automatisation complète de la conduite, est celui le plus élevé parmi les six niveaux du secteur. La cible, qui emploie aujourd’hui 300 employés, sera intégrée à Woven Planet, entité de R&D de Toyota, qui a démarré son activité au début de l’année pour monter une équipe de 1 200 personnes réparties entre Tokyo, son siège social et des équipes d'ingénierie à Palo Alto (Californie) et Londres. Les acteurs de VTC comme Uber et Lyft, qui souffrent de la pandémie mondiale, manque en effet de moyens financiers pour continuer d’investir dans les R&D de véhicule autonome. Pour mémoire, Uber avait, pour sa part, cédé sa division de conduite autonome à la start-up américaine Aurora Innovation en décembre dernier. Cette dernière, qui compte des actionnaires constructeurs comme Volkswagen et Toyota, collabore également avec le constructeur japonais. Elle a signé en février dernier avec Toyota et l’équipementier automobile japonais Denso pour constituer une flotte de mini-vans Sienna du type voitures autonomes.
Nomination: LEK (Singapour)
Arnaud Bauer rejoint le bureau singapourien de L.E.K. Consulting en tant que Principal. Formé à l’École Centrale Nantes, à la Nanyang Technological University à Singapour ou encore à l’Essec, il intervient principalement dans les M&A et le Private Equity pour le secteur de la santé. Fort d’une expérience de 15 ans, il va aider le conseil en stratégie à accompagner ses clients à travers l’Asie du Sud-Est, l’Inde et le Moyen-Orient. Installé à Singapour depuis 2019, il avait exercé auparavant chez Advention Business Partners, dont près 6 ans basé à Dubaï. Fondé en 1983, le conseil en stratégie emploie aujourd’hui plus de 1 600 salariés répartis entre une vingtaine d’implantations à travers les Amériques, l'Asie-Pacifique et l'Europe, dont une centaine en France.
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