Distribution : Sun Art / Alibaba / Auchan (Chine / France)
Après le retrait de Carrefour du marché chinois (lire aussi l’article CFNEWS : Carrefour Chine rejoint un distributeur multicanal chinois), Auchan lève également le pied, en dégageant une belle plus-value. Conseillé par CICC, Alibaba, le géant d’e-commerce chinois coté à New York et à Hong Kong, déboursera 28 Md HK$ (soit 3,6 Md$ ou 3 Md€) contre 36,18 % du capital de Sun Art Retail Group, cotée à Hong-Kong. Son offre, soit 8,1 HK$, représente une prime d’environ 2,1 % par rapport au cours de la veille (16 octobre 2020). Alibaba détiendra plus de 72 % du capital du distributeur chinois. Il s’engagera également dans une OPA pour acheter des titres d’une valeur au maximum de 17 Md HK$ (soit 2,19 Md$ ou 1,86 Md€) et souhaiterait conserver la cotation à Hong Kong. Créé en 2000 comme une JV d’Auchan et du groupe taïwanais Ruentex, Sun Art, présent aujourd’hui dans 232 villes chinoises entre 29 provinces et régions chinoises, y opère aujourd’hui 484 hypermarchés sous les enseignes RT-Mart (大润发) et Auchan (欧尚) en tant que deuxième distributeur du pays derrière China Resources Vanguard. Pour mémoire, il y a trois ans qu’Alibaba s'était invité au capital, en rachetant les parts précédemment détenues par le taïwanais Ruentex, dont le prix unitaire était de 6,5 HK$ pour un montant total de 22,4 milliards de HK$ (soit environ 2,88 Md$) (lire aussi notre chronique précédente). Alibaba et Sun Art avaient ainsi démarré leur collaboration dans la distribution de produits frais en ligne. Sun Art est un partenaire stratégique de Tao Xian Da, plateforme en ligne dédiée à la vente de produits frais pour un livraison sous une heure, créée récemment par Alibaba, qui complète notamment sa marque haut de gamme Freshippo, dont les magasins son principalement présents dans les grandes métropoles. Malgré la crise sanitaire, Sun Art a enregistré au premier semestre un chiffre d’affaires de 53,17 milliards de yuans (6,68 Md€), soit une hausse de 5,1 %, pour un résultat net de 2,191 milliards de yuans (275 M€), + 15,4 %. Alibaba voit ses activités core e-commerce ralenties et entendrait se développer dans les magasins physiques, qui représentent aujourd’hui 20 % de ses revenus globaux. Le distributeur français maîtrise plutôt bien la transformation numérique en Chine, alors que dans l’hexagone il se trouve dans une situation difficile. Plombé par une dette de plus de 5 Md€, il est obligé de revoir sa stratégie en cédant ou fermant des magasins, un millier d’emplois étant menacés.
Dans la grande distribution en Chine, les distributeurs étrangers ont progressivement quitté le terrain. Pour mémoire, en 2013, le britannique Tesco avait cédé au chinois public China Resources ses grandes surfaces locales (lire aussi notre chronique précédente). L’an dernier, l’autre géant français Carrefour avait vendu 80 % du capital au distributeur local Suning sur la base d’une valeur d’entreprise de 1,4 Md€, dont 774 M€ d’equity. Au cours de la même année, Metro, distributeur allemand spécialisé dans la vente en gros, cash & carry, aux professionnels, n'a conservé que 20 % du capital de son entité chinoise, via une transaction avec son homologue pékinois Wumei, valorisant la cible 1,9 Md€. Il n’y reste plus que l’américain Walmart.
Énergie : Total / Adani (France / Inde)
Après la création de la JV indienne dédiée à l’énergie solaire, Total et son partenaire indien Adani Green Energy Limited (AGEL), coté à Mumbai et filiale à 74,92 % du groupe Adani, renforce ce partenariat. En détail, les deux parties ont convenu d’étendre ce portefeuille de 2,1 (dans le cadre d’une option prévue dans le contrat initial, lire aussi notre chronique précédente) à 2,3 gigawatts (GW) grâce à l’apport de nouvelles fermes solaires. L’opération fait partie du projet ambitieux du groupe Total dans l’électricité, notamment les renouvelables. Total a pour ambition d’atteindre la neutralité carbone à horizon 2050. Fin 2020, la capacité brute de production d’électricité de Total sera de l’ordre de 12 GW, dont environ 7 GW d’énergie renouvelable. Ayant pour objectif d’atteindre 35 GW des renouvelable d'ici 2025, Total souhaiterait devenir l’un des leaders mondiaux des énergies renouvelables, dont la vente représenterait 40 % de son chiffre d’affaires en 2050. Le gouvernement indien mène une politique volontariste en matière de croissance des énergies renouvelables : la capacité en Inde, pays clé pour la lutte contre le changement climatique, devrait ainsi passer de 81 GW en 2019 à 225 à l’horizon 2022.
Semi-conducteurs : SK Hynix / Intel (Corée du Sud / États-Unis)
SK Hynix, fabriquant de semi-conducteurs sud-coréen et filiale du groupe SK - l’un plus grands chaebols (conglomérats) sud-coréens-, a conclu sa plus importante acquisition. Il déboursera 9 Md$ en numéraire à Intel pour ses activités SSD (Solid-state drive, en français disque statique à semi-conducteurs), de mémoire flash NAND, des activités de wafer ou encore une usine à Dalian (Nord-Est de Chine). L’opération sera réalisée en deux étapes. A l’obtention des autorisations réglementaires en 2021 aux États-Unis, en Chine et en Corée du Sud, SK Hynix reprendra les activités concernées et l’usine à Dalian, pour 7 Md$. Le solde de 2 Md$ sera réglé lors du transfert du personnel de l’usine, de l’activité R&D et de la propriété intellectuelle. Intel conservera, d’ici à la finalisation d’acquisition, l’utilisation de l’usine pour la fabrication de puces flash NAND et de sa mémoire 3DXpoint, commercialisée sous la marque Optane et exclue de la transaction. Les cartes mémoire flash NAND sont principalement utilisées pour stocker des données dans les smartphones et les serveurs. Grâce à cette acquisition, SK Hynix va doubler son activité des mémoires flash pour devenir le numéro deux mondial du segment avec 23,2 % des parts du marchés, selon le cabinet TrendForce, derrière son compatriote Samsung Electronics (34,1 %). D’ailleurs, à la suite de l’acquisition, il va devenir leader dans les disques SSD en Chine avec la moitié du marché.
VTC : Didi Chuxing (Chine)
Didi Chuxing, opérateur d’un service de réservation de taxis et de VTC en Chine, entendrait réaliser son IPO l’an prochain, selon le Reuters. À cause des tensions politiques et commerciales entre la Chine et les États-Unis, la société chinoise va s’introduire en bourse hongkongaise au lieu de celle newyorkaise, selon le plan initial, et visant à une base de valorisation de 60Md$ pour cette opération. Issue de la fusion entre Didi et Chuxing en 2015, la cible compte principalement trois actionnaires, le japonais Softbank et les deux géants chinois Alibaba et Tencent, deux rivaux qui se réunissent rarement au sein d’un actionnariat. Pour mémoire, sa dernière levée avait eu lieu à la fin d’année de 2017 pour un montant total de 4 Md$. Et ce, auprès des investisseurs comme SoftBank et le fonds d’Abu Dhabi Mubadala Capital, sur une base de valorisation de 56 Md$ (lire aussi notre chronique précédente).
Mode : Clarks (Royaume-Uni)
Le groupe familial britannique C. & J. Clark International, connu sous le nom de Clarks pour ses chaussures, a entamé des discussions avec le fonds hongkongais LionRock Capital pour lui céder une part minoritaire du capital, selon le Fashion Network. Le fonds londonien, investisseur historique des marques de chaussures comme Austin Reed, Brantano et Jones Bootmaker, serait également intéressé. LionRock Capital, deuxième actionnaire du club de football Inter Milan aux côtés du chinois Suning, est présidé par l’ancien gymnaste Li Ning, détendeur de six médailles, dont 3 en or, aux JO de Los Angeles de 1984. Il a fondé en 1990 la marque éponyme dédiée à la mode et à l’équipement de sports. Coté à Hong Kong depuis 2004, le groupe Li Ning aux 13,87 milliards de yuans (environ 2 Md$) de revenus pourrait participer à l'acquisition aux côté du fonds LionRock. Créée en 1825 par les frères quakers Cyrus et James Clark à Street, la marque Clarks est détenue majoritairement par la famille fondatrice. Disposant d’un réseau de 1400 magasins à travers le monde, dont environ 400 en Chine, la marque souffre actuellement de l’impact de la pandémie.
Et aussi :
Xilam a noué un accord de co-production avec Youku, la plateforme de streaming vidéo chinoise (filiale d'Alibaba) pour coproduire la nouvelle série animée en 2D et 3D « Les Contes de Lupin » à destination d’un public préscolaire. Le lancement est prévu pour 2021. Xilam emploie plus de 500 personnes, dont 400 artistes, pour un chiffre d’affaires de 30,1 M€ l’an dernier.
SpineGuard, spécialisé dans les dispositifs médicaux destinés à la sécurisation de la chirurgie rachidienne, a obtenu un nouveau brevet en Chine après la délivrance en Russie et à Singapour en avril dernier. La société dispose d’un portefeuille de propriété intellectuelle incluant 65 brevets ou dépôts, en Europe, aux États-Unis et en Chine. Son chiffre d’affaires du premier semestre 2020 s’est établi à 2,3 M€.
Coté au Nasdaq, Qualys, fournisseur américain de solutions d'avant-garde de sécurité et de conformité dans le Cloud, va déployer une plateforme Cloud privée en partenariat avec Digital China. Ce dernier administrera et prendra en charge l'offre Qualys Private Cloud Platform depuis la Chine et distribuera les solutions Cloud de sécurité et de conformité IT de Qualys.
L’armateur israélien ZIM et Alibaba ont signé un accord de coopération pour créer une plateforme permettant l'achat direct de fret et des services associés. Le groupe israélien, détenu à 32 % par Kenon Holdings - coté à New York et à Tel Aviv et contrôlé par Idan Ofer -, a lancé en juin ce service express dédié à l’e-commerce cross-border.
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