Mode : Ami Paris / Sequoia Capital China (France / Chine)
Le VC chinois Sequoia Capital China, affilié au fonds californien Sequoia Capital, a pris une participation majoritaire dans la marque de prêt-à-porter Ami Paris. Les termes financiers restent confidentiels. Fondée en 2011 par le créateur Alexandre Mattiussi (ex Dior, Givenchy, et Marc Jacobs), la marque souhaite étendre ses périmètres dans le monde numérique et sur de nouveaux marchés. Disposant d’un réseau de huit magasins (Paris, Londres, Tokyo, Beijing, Shanghai et Chengdu) et de 360 points de vente, elle a réalisé un chiffre d’affaires de plus de 50 M€ en 2020, contre 36 M€ l’an précédente, 27 % des revenus provenant de la vente directe en ligne et 13 - 18 % de vente en gros auprès des e-commerçants spécialisés comme le britannique Matchesfashion et le canadien SSENSE. Bpifrance était le tout premier investisseur de la marque. Avant l’acquisition majoritaire du fonds chinois, Alexandre Mattiussi et Nicolas Santi-Weil (P-dg depuis 2013) étaient les plus importants actionnaires. Selon le site web du fonds londonien Neo Investment Partners (investisseur de Victoria Beckham et de la maroquinerie italienne Valextra), la marque fait également partie de son portefeuille. Basé à Beijing, Hong Kong, Shanghai, Sequoia Capital China a investi dans plus de 600 sociétés en Chine, dont les géants d’aujourd’hui comme Alibaba, Tencent, Sina, Bytedance et JD.com. En 2019, Sequoia Capital China a lancé un premier fonds dédié à la mode « Sequoia Fashion Equity Investment Fund » pour un objectif de levée de 18 milliards yuans (environ 2,3 Md€), selon un document dévoilé en février 2019 par l’association locale de la finance de la ville Xiamen. L’an dernier, le véhicule a déjà effectué trois investissements : l’e-commerce de la mode cross-border Quan Su Dian Shang, la marque de lingerie féminine Ubras, la marque de soins Uniskin.
Environnement : Suez / Suez NWS (France / Chine)
Le groupe coté Suez, toujours dans le viseur de Veolia, renforce sa présence en Chine par l’acquisition de 100 % de sa JV Suez NWS et l’augmentation de sa part dans Suyu. Déjà actionnaire de deux co-entreprises, notamment 58 % de Suez NWS (lire aussi notre chronique précédente), le français aux 18 Md€ de revenus rachète le solde auprès de son partenaire hongkongais NWS Holdings, pour 693 M€, valorisant les deux structures 1,7 Md€ (VE), dont 150 M€ de dette nette. Présent en Chine depuis 1985, le groupe français détiendra ainsi 100 % du capital de ses activités chinoises, qui comptent plus de 9 000 salariés et distribuent de l’eau potable à 25 millions de personnes et disposent de 4 centres de R&D. En 2019, les deux entités consolidées ont généré un Ebitda d’environ 193 M€ et un résultat net d’environ 113 M€. Pour mémoire, en 2017, Suez avait regroupé toutes ses activités eau et déchets en Chine continentale, à Macao, à Hong-Kong et à Taïwan en une seule entité : Suez NWS, formée avec son partenaire hongkongais NWS. Suez détenait 58 % du capital depuis cette opération.
En parallèle, Suez acquiert la participation indirecte de 50 % de NWS dans Suyu, JV créée en 2015 à parts égales, pour fonder ensemble Derun Environment. À la suite de cette acquisition, le français détiendra 25,1 % de Derun Environment. Ce dernier, un groupe dans les activités eau et déchets en Chine, détient d’une solide présence dans la grande métropole Chongqing avec sa participation de 50,04 % dans Chongqing Water Group et 43,86 % dans Chongqing Sanfeng, tous les deux cotés à Shanghai.
Parfum : Juliette has a gun / Cathay Capital (France / France, Chine)
Juliette has a gun, marque de parfum de niche créée il y a quinze ans par Romano Ricci, s'appuie pour accélérer en Chine sur Cathay Capital et une de ses participations, la plateforme Ushopal. L’augmentation de capital serait comprise dans la fourchette d’intervention de 10 à 30 M€ du Sino-European Small Cap Fund de Cathay et permet à l’investisseur de détenir une minorité du capital du parfumeur aux côtés de la famille Ricci, largement majoritaire, mais aussi d’Ushopal, une participation du fonds Cathay Innovation, une plateforme d’accompagnement des marques occidentales en Chine qui a permis de faire le lien entre l’investisseur franco-chinois et la marque française lancée en 2005 par le descendant de Nina Ricci, Romano. Très secrète sur ses chiffres, la marque qui revendiquait en 2017 un volume d’affaires de 40 M€ connaîtrait une croissance de 30 % par an (lire aussi l’article CFNEWS : Juliette has a gun exhale son parfum avec un fonds ).
Électronique : Asteelflash / Universal Scientific Industrial (France / Chine)
Le chinois Universal Scientific Industrial (USI), concepteur et fabricant d'électronique coté et basé à Shanghai, a finalisé l’acquisition d’Asteelflash (signée en décembre 2019), sous-traitant électronique (services de fabrication électronique ou EMS) générant 1 Md$ de revenus, numéro 2 européen du secteur derrière l’allemand Zollner. L’investisseur a acquis 100 % du capital pour 450 M$ (404,1 M€), dont 89,6 % en numéraire, 10,4 % par l'émission d'actions d'USI auprès du fondateur d'Asteelflash Gilles Benhamou (échange de titres). Arkéa Capital, présent au capital du groupe français depuis 2005 lors d’un opération OBO, a réalisé ainsi sa sortie complète, en empochant 23,63 M$ (lire aussi l’article CFNEWS : Asteelflash repart avec ses dirigeants). Initialement baptisée Asteel, la cible a été fondée en France en 1999, devenant Asteelflash Group après l'acquisition de l’américain Flash Electronics en 2008. Employant environ 5 200 salariés, dont 800 en France, elle travaille dans l'électronique grand public, l'automobile, la gestion de l'énergie, l'internet des objets, l'industrie ou encore le traitement de données. Grâce à une stratégie de croissance externe active, elle a réalisé des acquisitions continues de 1999 à 2016 et possède aujourd’hui 17 sites de production dans 8 pays (France, Allemagne, République tchèque, Chine, Tunisie, États-Unis...). Asteelflash se classe au 20ème rang mondial des sous-traitants en électronique et au 2ème rang européen. Fort d’un chiffre d’affaires de 5 Md$, l’investisseur chinois USI conçois et fabrique des appareils électroniques pour des clients dans les secteurs de la communication sans fil, de l’informatique et du stockage, de l’électronique grand public, industriels et automobiles. Le sous-traitant chinois, contrôlé par le groupe basé à Kaohsiung ASE Group (spécialiste de semiconducteur), détient 10 sites de production en Chine continentale, à Taiwan, au Mexique et en Pologne, pour un effectif d’environ 18 000 employés, se classant au 8ème rang mondial des groupes de sous-traitance électronique.
Imagerie : Olympus (Japon)
Coté à Tokyo, Olympus Corporation, acteur majeur dans l’imagerie, s’est retiré du marché photographique en été dernier. Il a finalisé la cession de ses activités d’appareils photo au fonds compatriote Japan Industrial Partners (lire aussi notre chronique précédente). La partie vendue est baptisée OM Digital Solutions Corporation, groupant les activités des appareils photo, des optiques, des enregistreurs audios et des jumelles. OM Digital Solutions dispose du droit des marques OM-D, PEN et Zuiko qui lui appartient en propre, elle a aussi obtenu une licence d’utilisation du nom « Olympus » pour une durée indéterminée. Ayant les smartphones comme concurrents, les appareils photo de la marque Olympus sont déficitaires consécutivement pour les dernières années, son chiffre d’affaires s’élevait à environ 364 M€ pour une perte de plus de 83 M€. Le groupe japonais se concentre sur ses divisions de l’imagerie médicale et des matériels médicaux et industriels. L'an dernier, il avait acheté FH Ortho, fabricant alsacien de prothèses orthopédiques de 44 M€ de chiffre d’affaires, auprès d’un pool d’investisseurs emmenés par LBO France, qui l’avaient soutenu depuis 2014 (lire aussi l’article CFNEWS : FH Ortho se greffe à un japonais).
Biotech : Visen Pharma / Sequoia, Ascendis, Sofinnova (Chine / Chine, Danemark, États-Unis)
La biotech chinoise Visen Pharmaceuticals, spécialisée dans le développeur de médicaments ciblant des affections glandulaires telles que le nanisme et le déficit de croissance, a levé 150 M$ pour le tour de table de série B. Dirigé par Sequoia Capital China, le tour est suivi par OrbiMed, Sherpa Healthcare Partners, Cormorant Asset Management, HBM Healthcare Investments, Pivotal bioVenture Partners China, Logos Capital et CDG Capital. Ses investisseurs historiques ont remis au pot comme le groupe danois Ascendis, Vivo Capital et l’américain Sofinnova Investments. Fondée en 2018, la cible dispose des trois candidats médicaments d’endocrinologie : TransCon hGH (lonapegsomatropin), TransCon PTH et TransCon CNP. Actuellement, l'étude de phase 3 de TransCon hGH (lonapegsomatropin) en Chine est en cours. L'étude de phase 2 de TransCon CNP vient de recevoir l'approbation (IND, Investigational New Drug, demande de nouveau médicament expérimental) des autorités du pays le 7 janvier dernier et son essai clinique mondial de phase 2 sera mené par le danois Ascendis Pharma.
Immobilier : Ivanhoé Cambridge, PAG (Canada / Japon)
Après un premier investissement conjoint en 2017, le fonds québécois Ivanhoé Cambridge – gérant 64 Md CA$ - et le fonds pan asiatique PAG lancent au Japon une plateforme logistique d’une capacité d’investissement de 400 M$. Cette nouvelle plateforme va développer et acquérir des installations logistiques, particulièrement à proximité des grandes métropoles comme Tokyo, Osaka ou encore Nagoya, et dans des emplacements permettant la livraison « last mile ». L’opération répond particulière à une croissance rapide d’e-commerce au Japon, qui continue de stimuler la demande pour de nouvelles installations logistiques. Le nouveau véhicule sera dirigé par un comité d’investissement composé d’Ivanhoé Cambridge, actionnaire majoritaire du véhicule, et PAG qui en assurera la gestion opérationnelle.
Corporate Finance : Alibaba (Chine)
Coté à New York et Hong Kong, le géant de l’e-commerce chinois souhaiterait réaliser une émission obligataire d’un montant jusqu’à 8 Md$, selon le FT. L’opération représenterait l’une des plus grandes obligations libellées en dollars en Chine. D’après le journal britannique, la taille d’émission pourrait être au moins de 5 Md$, elle pourrait atteindre 8 Md$ si la demande était forte, pour profiter de taux d'intérêt historiquement bas. Alibaba dispose d’une trésorerie de 44 Md$ à la fin septembre dernier, dont une grande partie en renminbi (devise chinoise). L'augmentation du dollar américain lui offrira plus de flexibilité financière pour investir en dehors de la Chine et développer ses opérations à l'étranger. L’opération sera réalisée dans un contexte particulièrement tendu pour le groupe de l’e-commerce chinois avec la pression venant des régulateurs chinois et de ses rivaux internes. Son cours à Hong Kong a chuté de plus de 25 % par rapport à celui en octobre dernier. En novembre dernier, seulement deux jours avant la cotation, la Chine a suspendu l’IPO record d'Ant Group, société de fintech affiliée à Alibaba, qui avait envisagé de lever 34,4 Md$ sur les plateforme boursière de Hong Kong et Shanghai, pour une capitalisation boursière de 313 Md$ (lire aussi notre chronique précédente). Le fondateur des deux groupes Jack Ma Yun est disparu de la vue du publique depuis cet évènement. Les autorités chinoises ont également annoncé une enquête de la concurrence sur Alibaba le mois dernier, sondant les abus présumés de sa position dominante sur le marché interne. La Chine semble déterminée pour la réglementation antitrust, les autorités ont convoqué six géants de la tech du pays pour un avertissement, dont Alibaba, JD.com, Tencent, Meituan, Pinduoduo et Didi Chuxing. Le FT a précisé que les régulateurs chinois avaient mené des entretiens et recueilli des preuves au siège d’Alibaba à Hangzhou, et que l’amende potentielle pourrait atteindre 10 % des ventes de l’année précédente.
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