Bulletin Hebdo Afrique
#21 : Closing final IPDEV 2 ; 4ème tour pour Jumo ; Dabadoc séduit Axa ; CMPG contrôlé par DPI... Chaque semaine, toute l'actualité du capital-investissement en Afrique.
Fonds : closing de IPDEV 2
I&P Développement 2 (IPDEV 2), véhicule géré par le groupe d’impact investissing dédié aux PME africaines Investisseurs & Partenaires, clôt sa levée de fonds à 21 M€. Ce second et dernier closing fait suite effet à à un premier closing de 9,5 M€ en octobre 2015. Neuf investisseurs ont participé au tour de table : deux présents au premier closing - la Fondation Adolf H Lundin et FISEA, Fonds d’Investissement et de Soutien aux Entreprises en Afrique, géré par Proparco - et sept nouveaux incluant des investisseurs individuels, privés et institutionnels : la Banque Africaine de Développement (BAD), BNP Paribas, Ceniarth, et le Soros Economic Developement Fund, qui appartient à Open Society Foundations. (Lire l’article « Closing final pour IPDEV 2 » sur CFNEWS pour plus de détails).
Services financiers : Jumo / Goldman Sachs (Afrique du Sud / États-Unis / France)
La fintech sud-africaine Jumo, qui fournit des services financiers aux personnes non et sous bancarisées à partir de leur téléphone portable, a encore levé 44,2 M€ à l'occasion d'un quatrième tour mené par la banque d’affaires américaine Goldman Sachs. Proparco, la filiale de l’Agence Française de Développement (AFD) dédié au secteur privé dans les pays émergents, réinvestit de nouveau dans la pépite sud-africaine, après avoir injecté en avril dernier 2,4 M€ (relire à ce sujet le bulletin du 10 avril). Figurent également parmi les investisseurs de ce tour de table : Finnfund, la société finlandaise de financement du développement, le britannique Gemcorp Capital, le bermudien Vostok Emerging Finance, ainsi le mauricien LeapFrog Investments (voir fiche opération sur CFNEWS). Déjà implantée dans six pays africains (Afrique du Sud, Tanzanie, Kenya, Ouganda, Zambie et Ghana), ainsi qu'au Royaume-Uni, Pakistan et nouvellement Singapour, la société créée en 2014 par Andrew Watkins-Ball ambitionne de conquérir de nouveaux marchés, notamment en Asie. En quatre ans, elle a facilité l’accès au crédit et à l’épargne via le téléphone portable à plus de 9 millions de personnes dont 70 % de propriétaires de PME. Elle a mobilisé près de 77 M€ au total à ce jour.
E-services - Santé : Dabadoc / Axa Assurance Maroc (Maroc / France)
La plateforme marocaine Dabadoc, lancée en 2014 pour aider les professionnels de la santé à communiquer avec leurs patients en ligne et à mieux gérer leurs consultations, fait entrer à son capital Axa Assurance Maroc, filiale d'Axa, à hauteur de 25 % (voir fiche opérationsur CFNEWS). Depuis sa fondation par Zineb Drissi Kaitouni, la healthtech qui permet de trouver un médecin à proximité aurait facilité 2 millions de rendez-vous. Déjà bien implantée en Afrique du Nord, elle a également exporté ses services au Nigeria et en Afrique du Sud, et implémenté au début de l’année en cours un service de téléconsultation offrant aux patients la possibilité de communiquer en ligne avec des médecins par vidéoconférence. Cette prise de participation par un premier investisseur institutionnel permettra à la cible de continuer à étoffer son offre de services et de renforcer sa présence au Maroc, en Algérie et en Tunisie. Pour Axa Assurance Maroc, selon son P-dg Philippe Rocard, il s’agit de « transformer son rôle de payeur d’indemnités en rôle de partenaire facilitant la vie de ses clients grâce à ses services », dans le contexte de la révolution digitale qui génère une évolution très rapide des attentes des clients.
Agroalimentaire : CMPG / DPI (Maroc / Royaume-Uni)
Le britannique Development Partners International (DPI), capital-investisseur panafricain créé en 2007 et gérant environ 935 M€ d’actifs, prend le contrôle de CMPG (Compagnie Marocaine de Goutte à Goutte et de Pompage), leader marocain des systèmes d'irrigation, grâce à une participation majoritaire d’un montant de plus de 85 M€. Cette transaction présentée comme la plus importante opération de capital-investissement annoncée dans le royaume cette année, est réalisée via son fonds African Development Partners II, en rachetant les parts de la famille fondatrice Moamah et d’Amethis Maghreb Fund I. Grâce au plan Maroc Vert, qui subventionne l’achat de matériel d’irrigation par les agriculteurs, CMGP a vu son chiffre d’affaires presque tripler en une décennie, passant de 20 M€ en 2009 à 55 M€ en 2017. Naciri & Associés, Allen & Overy et PwC ont conseillé l’acquéreur, de même que la Banque marocaine pour le commerce et l'industrie (BMCI), qui a été chargée de structurer et financer l'investissement en tant que banquier exclusif.
E-services - Santé : Vezeeta / Saudi Technology Ventures (Égypte / Arabie Saoudite)
Saudi Technology Ventures (STV), VC d’Arabie saoudite fondé en 2017 et gérant près de 425 M€, vient de réaliser son deuxième investissement depuis sa création, en participant à la quatrième levée de fonds de Vezeeta, start-up égyptienne qui permet aux usagers de prendre des rendez-vous médicaux en ligne. 10,2 M€ ont été investis lors de ce tour de table mené par le fonds de capital-risque saoudien. Parmi les autres investisseurs, on retrouve l’émirati Crescent Enterprises Venture Capital, le dubaïote Beco Capital, le suédois Vostok New Ventures, le jordanien Silicon Badia et le hong-kongais CE-Ventures. La jeune pousse souhaite dans un premier temps utiliser ces ressources pour se développer en Arabie saoudite et dans de nouveaux marchés, puis par la suite, étendre sa gamme de produits dans le domaine de la santé. Depuis sa création en 2012 par Amir Barsoum, la plateforme aurait permis d’effectuer trois millions de réservations pour des patients dans la zone Moyen-Orient Afrique du Nord (Mena). Elle aurait mis en contact 2,5 millions d’usagers avec plus de 10 000 médecins en Égypte, Arabie Saoudite et Jordanie. A ce jour, elle a déjà réuni 19 M€.
Bourse - Pharmacie : Cipla (Ouganda)
Comme annoncé dans le bulletin #16, le laboratoire pharmaceutique Cipla Quality Chemical Industries, filiale basée à Kampala du géant pharmaceutique indien Cipla, lève près de 35 M€ (155 milliards de shillings ougandais) dans le cadre de son introduction sur l’Uganda Securities Exchange (USE). Fondé en 2005, ce fabricant de médicaments antirétroviraux, antipaludéens et anti-hépatites,qui a réalisé 1,7 Md€ de chiffre d’affaires en 2017, a placé 657 millions d’actions, représentant 18 % de son capital, au prix unitaire de 256,5 shillings. Selon le directeur commercial du courtier Renaissance Capital (John Porter), « l'offre a été sursouscrite, avec la majeure partie de la demande provenant d'investisseurs de premier plan en Afrique subsaharienne ». Principale Bourse d’Ouganda, USE accueille ainsi sa dix-septième entreprise et la première dans le secteur de la santé. La dernière IPO remontait à 2012, lors de la cotation de la compagnie locale de distribution d’électricité Umeme.
Événement : troisième édition de l'AITEX à Rabat (4-5 octobre)
Initiée par la Fédération des technologies de l’information, des télécommunications et de l’offshoring (APEBI), sous le thème « Quel digital pour l’Afrique du futur », la troisième édition de l'Africa IT Expo (AITEX), rendez-vous annuel dédié à l’accompagnement efficace et durable des écosystèmes d’innovation en Afrique, se tiendra les 4 et 5 octobre prochains à Rabat. D’après la présidente de l'APEBI, Saloua Karkri-Belkeziz, la rencontre offrira notamment une plateforme de débat et une analyse des success stories ou des best-practices concernant les défis auxquels l’Afrique doit faire face. Pour la première fois, les startups sont invitées à présenter des projets portant sur les technologies de rupture telles que la réalité augmentée, l’IA ou encore la blockchain ; les plus innovantes bénéficieront d’une expérience de networking BtoB, d’espaces open innovation, de rencontres sectorielles, de business-date, d’interventions scientifiques et de démonstrations technologiques. Le Bénin et le Rwanda, qui ces dernières années ont connu un important développement de leur secteur IT, seront les deux pays à l’honneur de cette édition.
Étude : Où investir en Afrique en 2019
La huitième édition du rapport de Rand Merchant Bank propose un classement des dix pays africains les plus attractifs pour les investisseurs, en fonction du PIB réel (ce qui exclut d'emblée du classement certaines économies disposant d'un bon environnement des affaires et très prisées par les investisseurs, comme l'Île Maurice, la Namibie, les Seychelles et le Botswana). L’Égypte conserve sa première place grâce à la taille importante de son PIB et de son marché intérieur. L’Afrique du Sud, longtemps en tête du classement, pâtit de la faiblesse des taux de croissance du PIB et des préoccupations croissantes concernant les questions institutionnelles et de gouvernance, même si son environnement commercial demeure bien plus avancé que celui de ses homologues du top 10. Le Maroc devance largement les pays en quatrième et cinquième places, d’autant que sa réintégration en 2017 dans l'Union africaine et son adhésion à la Cedeao ont renforcé son attrait pour l'investissement. Viennent ensuite l’Éthiopie, le Kenya, le Rwanda, la Tanzanie, le Nigeria, le Ghana et la Côte d’Ivoire.
Étude : top 16 des Bourses africaines en termes de capital flottant
Un rapport publié par RisCura, cabinet sud-africain d’analyse et de conseil en investissements, établit le classement des Bourses africaines en termes de pourcentage de capital flottant. Plus le capital flottant d’une place boursière est important, meilleure est sa liquidité. La place boursière sud-africaine affiche un capital flottant de 73 %. La Bourse d’Accra (Ghana Stock Exchange) arrive en deuxième position avec un flottant de 66 %, devant le Namibian Stock Exchange (61 %). Viennent ensuite le Botswana Stock Exchange (55 %), le Nigerian Stock Exchange (46 %), Dar es Salaam Stock Exchange (42 %), le Stock Exchange of Mauritius (41 %), le Nairobi Securities Exchange (38 %) et l’Uganda Securities Exchange (31 %).Avec un flottant de 27 %, la Bourse de Casablanca ferme le Top 10.
Et aussi...
- La Chambre de commerce et d’industrie de région Paris Ile-de-France organise du 12 au 15 novembre une mission de prospection commerciale à Casablanca. Les PME-PMI franciliennes participantes bénéficieront d’un programme de rendez-vous individuels sur-mesure, ciblés selon leurs besoins pour rencontrer et nouer des partenariats commerciaux avec des donneurs d’ordre, trouver un partenaire ou un représentant au Maroc.
- Le français Novares (ex-Mecaplast-Key Plastics), fournisseur de solutions plastiques - notamment pour l’industrie automobile - vient d’inaugurer son usine marocaine à Kenitra(Atlantic Free Zone) au Maroc, d’un coût de 30 M€. Cette première implantation du groupe sur le continent africain permettra d’approvisionner les usines Peugeot PSA à Kenitra et Renaultà Tanger.
- La Banque Africaine de Développement (Bad) et la Mauritius Commercial Bank (MCB) lancent le premier fond indiciel coté en bourse et adossé sur des obligations émises en monnaies locales. Offrant une possibilité d’investissement permanent et adossé sur l’indice obligataire BAD/Bloomberg lancé en 2014, il comprendra, dans un premier temps, les obligations de l’Afrique du Sud, de Égypte, du Nigeria, du Kenya, de la Namibie, du Botswana, du Ghana et de la Zambie.
- Lekela Power, compagnie privée d’électricité et filiale africaine du néerlandais Mainstream Renewable Power, conjointement avec le développeur français Sarréole, ont bouclé le financement pour la construction du parc éolien de Taïba Ndiaye au Sénégal. Pour ce projet, dont le montant global s’élève à 305 M€, ils ont obtenu en juin dernier 76 M€ de l’Institution de financement du développement du gouvernement des États-Unis (Opic), ainsi qu’une créance en août auprès de l’Agence de crédit à l’exportation du Danemark (EKF). D’une capacité de de 158,7 MW, cette centrale qui devrait entrer en service d’ici la fin de l’année 2020 sera la plus importante centrale éolienne de l’Afrique de l'Ouest. Gide a conseillé le gouvernement du Sénégal et la Société nationale d'électricité du Sénégal (Senelec) dans le cadre de son développement.
- Déjà active à Casablanca, la filiale marocaine de l’application de transport Heetch, basée en France, débarque à Rabat. Implantée au Maroc en novembre dernier sous le label « Fiddek » et chargée du développement de l’application en Afrique, l’application VTC veut profiter du vide laissé par Uber.
- Le Forum international des fonds souverains (IFSWF) s’est déroulé pour la première fois sur le sol africain : la dixième édition, organisée par le fonds souverain marocain Ithmar Capital, s’est en effet tenue à Marrakech du 18 au 21 septembre. Elle a réuni plus de 200 participants, principalement des présidents et directeurs généraux d'institutions financières, autour du thème : « Gouvernance, investissement et innovation dans un monde en évolution ». Le continent est considéré par l'institution du Forum, l'IFSWF (International Forum of Sovereign Wealth Funds), comme la région du monde la plus dynamique en termes de création de fonds souverains.
- Le gouvernement tunisien vient d’exposer, à l’occasion de la tenue d’un forum international sur les partenariats publics-privés (PPP), une série de 33 grands projets aux investisseurs tunisiens et étrangers, pour un coût global estimé entre 4 et 5,4 Md€. Cela devrait déboucher en décembre ou janvier prochains, sur six à huit appels d’offres. Les principaux projets concernent la création de nouvelles autoroutes et lignes ferroviaires de grande vitesse (LGV) dans le sud et le nord-ouest du pays, la construction de stations de dessalement des eaux de mer, l’édification de zones logistiques, d’un port en eau profonde (celui d’Enfidha, qui représente quasiment un cinquième des investissements sélectionnés), d’une cité administrative devant regrouper la plupart des ministères et d’un pôle académique international.
- Dakla, au Sahara Occidental, vient d’accueillir le premier Sommet européen Business & Kitesurf (B2B Kite Summit), manifestation sportive à caractère économique. Environ 300 hommes d'affaires et représentants des fonds d’investissement venus de toute l’Europe ont participé à 1 500 séances, rencontres et ateliers de travail.
- La Chambre Française de Commerce et d’Industrie du Maroc (CFCIM) lance son Club des Business Angels qui fédère actuellement une dizaine de dirigeants d’entreprises de renom. Créé dans la lignée du Kluster CFCIM, il a vocation à encourager les interactions constructives entre des investisseurs et - entre autres - les 25 startups sélectionnées dans le cadre du programme d’incubation de la CFCIM.
- Fleuron local du cacao face aux multinationales, le groupe ivoirien SAF Cacao (Société Amer et frères) est en cours de liquidation judiciaire depuis le 18 juillet - malgré un chiffre d’affaires avoisinant les 610 M€ - en raison de son endettement abyssal, engendré par la chute des cours de cette matière première en 2016. Le gouvernement a affirmé « tout faire pour que le liquidateur trouve un repreneur qui permettent une continuité d’activité » et la préservation des quelque 3 000 emplois directs et 10 000 emplois indirects. Un tribunal doit se prononcer en octobre prochain sur un recours visant à casser la décision de liquidation en cours.
Bonne fin de semaine et au mardi 9 octobre.
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