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Afrique #98 : Esprit, Saham Kenya, Covid-19, Bpifrance, Ecobank...


| 2540 mots
École Supérieure d'Ingénierie et de Technologies (ESPRIT) - © Esprit

École Supérieure d'Ingénierie et de Technologies (ESPRIT) - © Esprit

Enseignement supérieur : Université du Nil / ESPRIT / Honoris United Universities / Actis / AfricInvest / Proparco

Honoris United Universities

Honoris United Universities

Double acquisition pour Honoris United Universities, un réseau panafricain d’enseignement supérieur privé géré par le capital-investisseur Actis. Il vient de mettre la main sur sa première école en Afrique de l’Ouest, l’Université du Nil à Abuja, au Nigeria. Lancé en 2017, le réseau comptait jusqu’à présent onze institutions privées au Maroc, en Tunisie, à Maurice, en Afrique du Sud, en Zambie et au Zimbabwe, qu’il s’agisse d’universités pluridisciplinaires, grandes écoles spécialisées, instituts de formation professionnelle et technique, pour des formations présentielles, à distance ou en ligne.

Par ailleurs, il se renforce également en Tunisie, où il possédait déjà trois établissements dans la capitale (l’Université Centrale de Tunis, l’Institut Maghrébin des Sciences Économiques et de Technologie - IMSET, et l’Académie d’Art de Carthage), avec l’acquisition de l’École Supérieure Privée d’Ingénierie et de Technologies (ESPRIT). Comme évoqué l’an dernier (relire bulletin #53), l’institution avait mandaté en janvier 2019 la banque d’affaires Rothschild pour trouver un partenaire international suffisamment solide financièrement et expérimenté dans le domaine de l’éducation, capable de l’accompagner dans son développement en Afrique. L'école souhaite en effet s’implanter dans certains pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale, notamment le Cameroun et la Côte d’Ivoire. Elle avait d’abord engagé des négociations avec le conglomérat tunisien familial Poulina Group, à la tête d’une centaine de filiales actives notamment dans l’aviculture, l’emballage, la grande distribution, les matériaux de construction et l’industrie agroalimentaire. C’est finalement Actis, par l’intermédiaire d’Honoris United Universities, qui va racheter la participation de 33 % co-détenue depuis 2012 par la firme de private equity tunisienne AfricInvest et Proparco, filiale de l’AFD dédiée au secteur privé (voir fiche opération sur CFNEWS). Premier établissement d’enseignement supérieur privé en Tunisie en termes d’effectifs, avec plus de six mille étudiants inscrits, Esprit offre des formations dans plusieurs domaines porteurs comme l’ingénierie, le management et le marketing digital. Fondé à Tunis en 2003 par trois universitaires, et ayant réalisé près de 16 M€ (50 MTND) de chiffre d’affaires en 2018, elle propose à ses étudiants des doubles diplômes avec plusieurs universités de renommée internationale, dont Paris-Dauphine, Paris I Sorbonne et Nice-Sophia-Antipolis. Le solde du capital est détenu à hauteur de 33 % par les actionnaires historiques, et de 33 % par des particuliers et des entreprises opérant principalement dans le secteur des TIC telles que la Société Tunisienne d’Entreprises de Télécommunications (Sotetel) et le groupe industriel local One Tech.

En rejoignant le réseau Honoris, les étudiants de ces deux écoles nigériane et tunisienne bénéficieront des opportunités de mobilité d'étudiants et de professeurs et des programmes de recherche avec les autres institutions du réseau. Ils pourront également suivre, jusqu’à la fin du mois d’août prochain, un cours de codage en ligne gratuit, mis en place en juin en collaboration avec le coding bootcamp français Le Wagon.

Services financiers : Saham Kenya / MUA / Salam (Kenya / Maurice / Afrique du Sud)

© MUA

© MUA

MUA Ltd, la plus grande compagnie d'assurance cotée à la Bourse de Maurice en termes de capitalisation boursière, et qui figure dans le top 10 des valeurs les plus performantes (depuis sa cotation en 1993), renforce son ancrage en Afrique de l’Est avec la finalisation de l’acquisition de Saham Assurance Company Kenya, via sa filiale kényane, auprès du conglomérat financier sud-africain Sanlam. La direction de l’entité fusionnée - qui opérera sous la marque MUA - sera assurée par Lydia Kibaara, DG de la cible, tandis que l’actuel directeur de MUA Kenya, Ashraf Musbally, conservera la supervision des filiales est-africaines et sa place de membre du conseil d'administration de la société holding. Grâce au rachat en 2014 de Phoenix TransAfrica Holdings, l’assureur mauricien est déjà actif au Kenya, mais aussi en Ouganda, en Tanzanie et au Rwanda. Pour atteindre une taille critique au Kenya en améliorant son offre de produits et de services, le groupe qui emploie plus de 670 personnes s’appuiera sur son réseau international étendu et son expertise technique et digitale. La nouvelle entité proposera notamment des solutions pour des risques d'assurance plus spécialisés, dont les cyber-risques et les risques aériens. Alors que les opérations en Afrique de l’Est représente environ un quart des revenus de MUA, selon son dirigeant Bertrand Casteres, ce chiffre devrait augmenter de manière significative au cours des trois prochaines années.

Focus : le point sur la pandémie en Afrique

L’AFD accompagne le Rwanda à travers deux accords signés le 30 juin pour près de 50 M€ en prêts et en subventions, une première depuis près de trente ans. - © Cynthia Butare / AFD

L’AFD accompagne le Rwanda à travers deux accords signés le 30 juin pour près de 50 M€ en prêts et en subventions, une première depuis près de trente ans. - © Cynthia Butare / AFD

L’Afrique se rapproche du demi-million de cas confirmés (493 708) et des 12 000 décès (11 668). Poursuite de notre état des lieux des actions menées sur le continent pour contrer l’expansion du coronavirus et limiter des conséquences socio-économiques.

La solidarité internationale et les initiatives hors d’Afrique

La Banque mondiale va apporter une nouvelle aide de 633 M€ (715 M$) au Ghana, essentiellement pour lutter contre la covid-19, le solde étant destiné au lancement de projets dans les secteurs de l’emploi et de la formation.

Témoignage éclatant de la relance de la coopération entre la France et le Rwanda mise en mal depuis près de trois décennies, l’Agence Française de Développement (AFD)vient de signer avec le gouvernement de Paul Kagamé deux accords de financement d’un montant total de 49,5 M€. Ces accords incluent d’une part un prêt budgétaire concessionnel de 40 M€ qui soutiendra la stratégie du pays visant à freiner la propagation du nouveau coronavirus ainsi que le plan de relance économique, et d’autre part une subvention de 5,8 M€ qui appuiera le système de formation professionnelle mis en place afin de stimuler l’emploi des jeunes grâce aux centres régionaux polytechniques intégrés (CIPR).

L’AFD a également signé avec le Sénégal dix nouveaux accords de coopération pour un montant total de 138 M€ (156 M$), dont 77 M€ seront affectés à des projet visant à aider les autorités à fournir une réponse sanitaire, économique et sociale à la crise du coronavirus.

Dans le cadre d’une convention de financement en faveur du programme Novissi, 3 M€ ont été déboursés par la France au profit du Togo, pour appuyer ce mécanisme de transfert direct de fonds aux acteurs du secteur informel impactés par les mesures de riposte à la covid-19.

Exemples d’initiatives mêlant des acteurs internationaux et locaux

L’Afrique du Sud vient de lancer le premier essai clinique de vaccin contre le coronavirus en Afrique. Baptisé ChAdOx1 nCoV-19, ce vaccin a été développé par l’Université d’Oxford en Angleterre, où des essais cliniques similaires ont commencé en avril.

La Banque Africaine de Développement (BAD) s’allie à l’Organisation mondiale du commerce et d’autres banques multilatérales de développement pour réduire les déficits de financement du commerce entraînés par la pandémie. Les pays les plus pauvres seront les principaux bénéficiaires de ce soutien aux importations de produits de première nécessité et à l’exportation de produits clés.

Plus de cinquante ministres africains du travail ou de l’emploi, ainsi que des représentants d’organisations de travailleurs et d’employeurs et d’organisations internationales, participent au sommet de haut niveau de l'Organisation internationale du travail (OIT) afin de discuter de la manière d'aborder l'impact économique et social du coronavirus, et la manière dont le monde du travail en Afrique pourra le mieux se reconstruire dans le cadre de la reprise post-pandémique.

Les actions au niveau régional et national

Le Gabon vient d’obtenir de la BAD un prêt d’un peu plus de 100 M€ (66 MdXAF) pour contribuer aux efforts menés contre la propagation de la covid-19, augmenter les ressources allouées au secteur sanitaire et renforcer la capacité de résilience des communautés les plus vulnérables.

Le Fonds Africain de Développement octroie une subvention de 146 M€ (165 M$) à l’Éthiopie pour appuyer les mesures d’intervention déployées face aux conséquences sanitaires et économiques de la pandémie, mises en œuvre au sein d’un Plan national d’intervention d’urgence (NERP).

Début juillet, une plateforme de communication et d’information covid-19 en Afrique (ACCIP) a été lancée, avec le soutien du sud-africain MTN. Pilotée par la Commission économique pour l’Afrique (CEA) des Nations unies et le Centre africain de contrôle des maladies (CDC), elle a vocation à améliorer la capacité de chaque pays du continent à analyser la situation et à mettre en œuvre les réponses nécessaires, ainsi qu’à diriger les ressources pour atténuer les impacts sanitaires et économiques de la pandémie.

Le think & do tank Team RM vient de lancer le Programme Africain d’Investissements dans l’Entreprenariat (Team RM- PAIE), un programme visant à conseiller, coacher et aider des jeunes entrepreneurs africains, notamment du Bénin et du Togo, à accéder à des financements.

En septembre prochain, l’Université de Lomé démarrera les tests de ses molécules issues de la pharmacopée traditionnelle sur des humains, dans la perspective de trouver une solution endogène face à la covid-19.

Partenariat - Exportations : Bpifrance / Ecobank (France / Afrique)

François Lefebvre, Bpifrance et Ibrahim Diouf, Ecobank, signataires du protocole d'accord du 26 juin à Paris qui prévoit la possibilité pour Bpifrance de couvrir des lignes de crédit mises à disposition d’acheteurs africains au bénéfice d’exportateurs français.

François Lefebvre, Bpifrance et Ibrahim Diouf, Ecobank, signataires du protocole d'accord du 26 juin à Paris qui prévoit la possibilité pour Bpifrance de couvrir des lignes de crédit mises à disposition d’acheteurs africains au bénéfice d’exportateurs français.

Bpifrance Assurance Export, l’agence française de crédit à l’exportation, gérant au nom de l’État les garanties publiques pour le commerce extérieur, s’associe avec le groupe bancaire panafricain Ecobank, présent dans trente-cinq pays du continent, pour favoriser les exportations tricolores en Afrique grâce à la couverture de lignes de crédit d’acheteurs africains à hauteur de 100 M€. Bpifrance couvrira ces lignes de crédits soit en tant que banque prêteuse, soit sur la base de schémas « on-lending », c'est-à-dire qu'Ecobank agirait alors en tant qu’emprunteur pour le compte d’acheteurs africains, avec intervention d’une banque prêteuse tierce. Ce partenariat témoigne de la volonté des autorités françaises de soutenir et promouvoir les échanges commerciaux et la coopération entre la France et l’Afrique.

Fonds - Immobilier : RDI Reit / Starwood Capital Group / Redefine

RDI REIT, Starwood Capital Group et Redefine Properties

RDI REIT, Starwood Capital Group et Redefine Properties

Le fonds d’investissement immobilier coté sud-africain Redefine Properties va céder 111,9 millions d’actions détenues au sein de sa filiale britannique, RDI Reit, à son confrère américain Starwood Capital Group. Cette transaction d’un montant équivalent à 11 7M€ (106,3 M£) permettra au fonds sud-africain de disposer de ressources suffisantes pour faire face aux risques et défis susceptibles de survenir au cours de la période post-covid-19. Son dirigeant, Andrew Konig, estime probable que les conditions de marché et la crise sanitaire actuelles pèsent sur le secteur de l’immobilier sud-africain au cours de l’année 2020 et au-delà. Au préalable, il a entrepris de se délester d’actifs jugés non essentiels, occasion également de régler une partie de son endettement, en se désengageant de deux propriétés immobilières en Australie pour un montant de 282 M€ (459 MAUD). RDI Reit gère environ 1,4 Md€ (1,3 Md£) d’actifs immobiliers, principalement situés au Royaume-Uni et Allemagne.

Nomination - Fonds : Association Marocaine des Investisseurs en Capital (Maroc)

Tarik Haddi, Azur Partners

Tarik Haddi, Azur Partners

Tarik Haddi, DG fondateur des sociétés de gestion Azur Partners et Azur Innovation Management, succède à Adil Rzal à la présidence de l’Association Marocaine des Investisseurs en Capital (AMIC). Actif depuis près de quinze ans dans le capital‐investissement, le nouveau président avait rejoint l’association dès 2008, devenant administrateur en 2018.

Événement :

  • 7 juillet (16h30-18h) : cérémonie officielle (par visioconférence via le service Zoom) de lancement du supplément de « Perspectives économiques en Afrique 2020 » par la Banque Africaine de Développement (BAD). Ce supplément apporte des révisions aux prévisions de croissance et aux perspectives pour l’Afrique pour les années 2020 et 2021 et met en lumière l’impact de la covid-19 sur la situation socio-économique du continent. Il émet des recommandations en matière politique pour relancer, en toute sécurité, les économies et accélérer leur croissance.

Et aussi...

  • Après la SFI, l’américain Development Finance Corporation (DFC), le néerlandais FMO et le français Proparco (relire bulletins #95 et #97), c’est au tour du britannique CDC Group et du finlandais Finnfund de révéler leur engagement dans AfricInvest Fund IV, fonds panafricain généraliste visant à favoriser la croissance des entreprises africaines sur le continent, qui a réalisé début juin son premier closing à 500 M€. Les deux institutions de développement ont respectivement injecté 4 M€ (50M$) et 18 M€ (20M$).
  • Veolia, spécialiste français du traitement de l’eau et des déchets, lancera d’ici le mois de décembre prochain, en partenariat avec TheMakerSpace, un tiers-lieu dédié à l’économie circulaire à Durban en Afrique du Sud. Baptisé « le Baobab », cet établissement sera voué à la promotion du recyclage des déchets. Il vient de se doter d’un site interner dédié à la formation en ligne d’une communauté d’internautes pour le développement de solutions afin de réduire les déchets dans l’environnement et de créer des emplois verts.
  • La Tanzanie a emprunté 200 M€ auprès de l’AFD pour financer un projet d’électrification rural et un projet d’interconnexion électrique avec la Zambie qui reliera les pools des régions australe et est du continent.
  • L’investisseur britannique CDC Group vient de sceller avec la Société Générale un accord de partage des risques de financement du commerce de 89 M€ (100 M$). Cette facilité aidera le groupe bancaire hexagonal à augmenter les limites qu’il accorde actuellement aux banques africaines, et à étendre ses services à de nouvelles banques du continent, en particulier en Afrique occidentale francophone.
  • L’UE vient d’accorder 45,9 M€ de subventions pour plusieurs programmes de la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD)en faveur d’investissements verts et la résilience au changement climatique en Égypte et au Maroc.
  • Après huit ans à la tête du fonds Amethis en tant que directrice Afrique de l’Ouest, Laureen Kouassi-Olsson quitte le gestionnaire français sans indication claire sur ses nouvelles perspectives professionnelles.
  • Aux fins de « l’implémentation d’une infrastructure informatique vitalisée en haute disponibilité de son système d’information », le Crédit foncier du Cameroun, la banque de l’habitat du pays, attribue au français CFAO Technologiesun contrat d’environ 1,5 M€ (1 MdXAF).

Bonne fin de semaine et au mardi 21 juillet (dernière chronique avant la rentrée de septembre).

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