Fonds - Santé & Énergie : I&P / New Crystal / Rensource (France / Ghana / Nigeria / Afrique subsaharienne / Japon)
Investisseurs & Partenaires (I&P), investisseur d’impact français dédié aux PME d’Afrique subsaharienne, réalise le closing final de son véhicule I&P Afrique Entrepreneurs2 (IPAE 2) à 92 M€. Ce troisième et dernier tour de table inclut la Banque Africaine de Développement (BAD), l’Agence Japonaise de Coopération Internationale (JICA) et France 2i, un fonds de 100 M€ réuni par la Fondation de France et géré par Raise Impact (lire l’article de juin 2019 Raise arrive dans l'impact avec une thèse d'investissement élargie sur CFNEWS). Lancé en décembre 2017, IPAE 2 avait déjà atteint une enveloppe globale de 75 M€ lors de son deuxième closing il y a un an (relire bulletin #38). Visant à accompagner plus de trente entreprises en Afrique subsaharienne d’ici 2022, il cible un vaste éventail de secteurs, contribuant de manière significative à la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD) : agro-industrie, santé, bâtiment, énergies renouvelables, microfinance, industrie, ou encore produits et services B2B. Parallèlement à sa levée de fonds, il a d'ailleurs récemment accueilli deux nouvelles entreprises à fort impact dans son portefeuille : New Crystal Health Services (NCHS), principal groupe privé de soins de santé au Ghana, et Rensource Energy, le fournisseur d’électricité hors-réseau qui connaît la croissance la plus rapide au Nigeria (relire bulletin #74). Il s’agit respectivement de son quatrième engagement au Ghana et de son premier investissement au Nigeria, ce qui lui permet de renforcer son empreinte en Afrique anglophone, où il a progressivement entrepris de développer ses activités au cours de ces dernières années. Le portefeuille d’I&P compte ainsi plusieurs entreprises opérant dans des pays anglophones, à savoir African Management Initiative (AMI) au Kenya, Finance Trust Bank en Ouganda, PEG Africa, Eden Tree et VRS au Ghana. Depuis sa création en 2002 par Patrice Hoppenot, la société de gestion gérée depuis 2011 par Jean-Michel Severino (ex-DG de l’AFD), a investi dans plus de cent entreprises basées dans seize pays africains. Ses soixante-dix collaborateurs - présents à Paris et dans sept bureaux africains (Burkina Faso, Cameroun, Ghana, Côte d’Ivoire, Madagascar, Niger et Sénégal) - apportent non seulement un soutien financier, mais également leurs compétences en stratégie, en finance et en management pour accélérer la croissance et maximiser les impacts sociaux et environnementaux de ces PME bénéficiaires.
Santé : Hôpital privé à Beni Mellal / Elsan (Maroc / France)
Le réseau tricolore de cliniques privées Elsan intègre, pour un montant de près de 17 M€ (180 MMAD), un troisième établissement au Maroc, à savoir l’Hôpital Privé Day à Beni Mellal, en cours de construction (voir fiche de l’opération avec ses conseils sur CFNEWS). C’est en 2017 que le groupe français avait pris pied au sein du royaume, avec la Clinique Ville Verte de Bouskoura, acquisition suivie deux ans ans plus tard par celle de la Clinique des Oliviers à Settat, deux villes proches de Casablanca. Implantée au sein de la capitale de la région de Béni-Mellal-Khénifra, au coeur d’un bassin de 450 000 habitants, la nouvelle infrastructure pluridisciplinaire aux normes internationales ouvrira ses portes courant 2021. D’une surface de 9 600 m², elle comportera 115 lits d’hospitalisation, six blocs opératoires, un service d’imagerie médicale complet et un centre de radiothérapie doté d'un accélérateur de particules de dernière génération. À l’instar des deux autres cliniques marocaines, elle résulte d’un partenariat entre Elsan et des associés locaux. Le leader de l’hospitalisation privée en France, fort de 2 Md€ de chiffre d’affaires en 2018, compte 25 000 collaborateurs dans le monde et 6 500 médecins libéraux exerçant dans les 120 établissements du groupe.
Internet & logistique : Sendy / Atlantica Ventures / Toyota Tsusho Corporation (Kenya / États-Unis / Japon / Singapour)
La société de logistique kényane Sendy, qui propose des services de livraison à la demande - grâce à son application reliant les chauffeurs-livreurs aux clients - vient de réunir 18 M€ (2 MdKES) lors d’une levée de fonds de série B dirigée par le jeune VC américain Atlantica Ventures, né l'an dernier. Toyota Tsusho Corporation, la branche d’investissement du constructeur automobile japonais, y a participé via Mobility 54, sa filiale dédiée au financement des start-up africaines évoluant dans le secteur de la mobilité. Le tour de table a également rassemblé le VC axé sur l’Afrique de l’Est Sunu Capital, le kényan Enza Capital, l’américain VestedWorld, les singapouriens Asia Africa Investment et Kepple Capital. Fondée en 2014 par Evanson Biwott, Don Okoth, Malaika Juddla et Meshack Alloys, la plateforme de logistique BtoB utilisera cet apport financier pour accroître ses effectifs, améliorer sa technologie, et surtout pénétrer le marché ouest-africain dans le courant de l’année. Implantée au Kenya, en Tanzanie et depuis novembre dernier en Ouganda, elle souhaite s’étendre à d’autres marchés africains d’ici 2021. Parmi ses clients figurent le groupe néerlandais Unilever, l'américain DHL, le danois Maersk, le kényan Safaricom et le nigérian Jumia.
Électronique & Informatique : Famoco / Banque Européenne d’Investissement (France / Afrique)
La fintech de la FrenchTech Famoco, concepteur d’une solution software et hardware permettant aux entreprises de déployer toutes leurs applications métiers critiques depuis une plateforme SaaS et sur un même terminal, bénéficie d’un prêt de 20 M€ accordé par la Banque Européenne d’Investissement (BEI) dans le cadre du programme « European Growth Finance Facility » (EGFF), sous la garantie du fonds européen pour les investissements stratégiques (aussi appelé « Plan Juncker »). Depuis sa création en 2010 par Lionel Baraban et Nicolas Berbigier, l’entreprise a révolutionné l’usage du smartphone professionnel sécurisé pour le transport, le paiement et l’identité. Réalisant 80 % de son chiffre d’affaires à l’export, elle permet aujourd’hui à plus de 1 400 sociétés dans le monde, à travers cinquante pays dont trente en Afrique, de démocratiser le travail en mobilité tout en préservant la souveraineté et la sécurité des données. Grâce à ce prêt de fonds non-dilutifs, correspondant parfaitement à ses problématiques financières de société en forte croissance, Famoco compte accélérer sa stratégie d’innovation et de démocratisation de la sécurité numérique dans le travail en mobilité, tout en renforçant son implantation internationale - en particulier en Afrique. Pour la BEI, il s’agit d’une part d’œuvrer en faveur de la souveraineté des données, afin de contribuer in fine à la création de nouveaux emplois, notamment dans les domaines du transport, du paiement et de l’identité (les secteurs de prédilection de Famoco) et d’autre part d’assurer une croissance inclusive pour les pays en développement .
Étude : rapport annuel de Partech Africa sur l'attractivité croissante de l'écosystème tech africain
Selon le quatrième rapport annuel publié le 29 janvier par le fonds Partech Africa, 2019 marque de nouveaux records pour l'écosystème tech africain. Tout d’abord les levées de fonds en equity ont augmenté de 74 % par rapport à l’année précédente, se hissant au montant record de 1,83 Md€ (2,02 Md$) via 250 tours. 234 jeunes pousses ont levé des fonds en 2019 contre 146 en 2018. Cyril Collon, general partner de Partech Africa, affirme que « la tech africaine est devenu centrale, transformant considérablement les économies du continent, et alors que l’avenir verra très certainement des hauts et des bas, cette nouvelle réalité redéfinit le panorama du private equity sur le continent, avec le venture capital en bonne voie pour devenir la première classe d’actifs en Afrique ».
Quatre pays ont monopolisé 85 % du financement, à commencer par le Nigeria (37 % à lui seul), suivi par le Kenya, l’Égypte (qui fait ainsi son entrée dans le top 3, et prend même la tête du peloton en nombre de transactions avec 47 deals) et l’Afrique du Sud. En Afrique francophone, le Sénégal conserve sa position prédominante avec 14,5 M€ (16 M$) levés via six transactions. Il est suivi par la Tunisie et le Maroc. En termes de répartition sectorielle, l’inclusion financière demeure le secteur d’investissement principal sur le continent, attirant 54,5 % des ressources mobilisées. La fintech, en particulier, qui concentre 41 % du montant total, « est clairement en train d’exploser sur le continent avec de plus en plus d’acteurs digitaux permettant aux start-up de servir le segment », explique Tidjane Dème, general partner de Partech Africa. Les services aux consommateurs (e-santé et e-commerce en tête) connaissent une progression notable, avec 29,3 % du total levé, contre moins de 20 % en 2018; à l’inverse, les services aux entreprises reculent à 16,1 % du total, contre plus de 30 % en 2018.
Le rapport met également en évidence le renforcement de la féminisation de la tech. Selon les auteurs, « les entreprises dont les équipes sont féminisées sont très clairement moteurs de la transformation en cours ». Au cours de l’année écoulée, 17 % des tours ont concerné des start-up ayant au moins une co-fondatrice, soit deux points supplémentaires sur un an. Enfin, alors qu'ils n'étaient qu'une vingtaine en 2017, 358 investisseurs uniques ont participé aux levées de fonds en 2019, dont 70 qui ont effectué au moins deux investissements à la suite. Cinq d'entre eux ont même réalisé plus de sept transactions chacun : 500 Startups, Algebra Ventures, Goodwell, IFC et Partech Africa. À titre de comparaison, le média tech panafricain WeeTracker et le think tank londonien Briter Bridges ont respectivement recensé un montant total de 1,18 M€ (1,3 M$) et 1,15 M€ (1,27 M$) de fonds levés par les start-up du continent l’an dernier.
Événements :
- Paris (Porte de Champerret), 5 février (9-10h30) : atelier organisé par la CCI Paris Ile-de-France dans ses locaux autour du thème « Vendre et s'implanter en Algérie : vers une nouvelle politique de l'investissement étranger ? ». Les intervenants experts de la CCI aborderont dans le détail les impacts liés aux changements consécutifs à la loi de finances 2020 (votée fin 2019), notamment en dressant un état des lieux du marché algérien, et en évoquant la suppression de la règle 49/51.
- Marrakech, 26-27 février : quatrième édition de L’African Business & Social Responsibility Forum, co-organisé par Latitude Monde, cabinet conseil en RSE et communication, et la Fondation Ameenah Gurib-Fakim, qui comprendra un partage d’expériences sur les risques et opportunités liés au changement climatique, la libéralisation du potentiel des énergies renouvelables, l’impératif de la transformation agricole et le soutien à l’entreprenariat.
Et aussi...
- Au Burkina Faso, Urbasolar, spécialiste français du photovoltaïque, a démarré samedi dernier les travaux de la centrale solaire de Pâ, d’une capacité de 30 mégawatts, dans l’ouest du pays. Une enveloppe globale de 32,8 M€ (21,5 MdXOF), a été apportée par un pool de financiers dont Proparcoet la Banque Ouest-Africaine de Développement (BOAD). Le chantier sera mené avec son partenaire local Projet production solaire, sous forme de PPP avec l’État burkinabè.
- BBOXX, spécialiste britannique de l’off-grid solaire en Afrique, discute actuellement avec son partenaire industriel EDF afin de répliquer, dès cette année, le PPP mis en place au Togo dans un second pays d’Afrique de l’Ouest.
- Le consortium composé de l’opérateur français Bolloré Ports, de la maison de commerce japonaise Toyota Tsusho Corporation et de l'entreprise de transport maritime nippone Yusen Kabushiki Kaisha va construire, équiper et gérer un terminal roulier à Port-Saïd, en Égypte, dans le cadre d’une convention de concession signée avec l'Autorité générale de la zone économique du Canal de Suez. Le consortium investira environ 136,2 M€ pour l’acquisition des équipements et l’aménagement des infrastructures. À l’issue des travaux en 2021, ce premier terminal dédié à l’automobile en Égypte offrira des services dédiés à cette industrie, notamment en matière d'importation, d'exportation et de réexpédition de véhicules vers les marchés et ports des pays voisins.
- Au Gabon, l’afficheur français JCDecaux remporte la gestion des espaces publicitaires de l’aéroport de Libreville pour dix ans, par l’intermédiaire de sa filiale gabonaise, une JV avec le groupe Bolloré.
- Dans le cadre de leur alliance (signée en septembre 2018 pour mener conjointement des opérations de développement durable), la multinationale française cotée Veolia et l’ivoirien PFO Africa, leader du BTP, vont construire une usine d’eau potable à Bouaké, une ville située au centre de la Côte d’Ivoire. Ils vont également réhabiliter une usine d’eau potable existante au seine de la ville.
- L’industriel du câble Nexans, coté sur Euronext Paris, signe un contrat de quinze ans avec Engie Services Maroc pour la construction d’une centrale photovoltaïque en toiture d’une puissance installée de 2,5 MW, qui couvrira près de 22 % des besoins annuels de l’usine de Nexans en électricité.
- Au Kenya, les géants des hydrocarbures Total et Tullow Oil - conseillés par Natixis - ont entamé fin janvier le démarrage de la vente d’une partie de leurs actifs sur les découvertes de pétrole du Turkana, notamment dans les blocs 10 BA, 10 BB et 13 T. La major française souhaite céder la moitié de sa participation, tandis que son partenaire britannique veut réduire la sienne de 50 % actuellement à 30 %.
Bonne fin de semaine et à mardi prochain.
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