Bulletin Hebdo Afrique
Bourse : Jumia cotée à New York (Nigeria / États-Unis)
Comme annoncé en février (voir bulletin #39), Jumia, « l’Amazon africain », vient de faire ses premiers pas à Wall Street vendredi dernier, devenant ainsi la première entreprise africaine du secteur technologique à être cotée sur le NYSE. Sa valorisation a quasiment doublé entre 2016 et aujourd'hui, passant de 1,06 Md€ (1,2 Md$) à 1,73 Md€ (1,95 Md$). L’IPO lui a permis de lever 174 M€ (196 M$). Au premier jour de cotation, la valeur de l'action a bondi de 75,59 % pour terminer la séance à 22,53 € (25,46 $). 13,5 millions de titres ont été mis en vente sur le marché, pour un prix compris entre 11,5 et 14,1 € (entre 13 et 16 $) par action. Fondé en 2012 au Nigeria, le site d’e-commerce, présent dans quatorze pays du continent, a réalisé en 2018 un chiffre d’affaires de 130,6 M€, en hausse de 40 % sur un an, et un volume de transactions s’élevant à 828 M€ (en hausse de 63 % par rapport à 2017), même s'il reste encore déficitaire. Il a levé au total près de 830 M€ (824 M$) en cinq tours de table .
Services financiers : Branch International / Foundation Capital / Visa (États-Unis / Afrique)
L’américain Branch International, fournisseur de services financiers par téléphone mobile sur les marchés émergents, vient de réunir 150,3 M€ (170 M$) dont 61,9 M€ (70 M$) en fonds propres, dans le cadre de l’une des séries C les plus importantes jamais réalisées par des start-up axées sur l’Afrique. La levée de fonds a été menée par le VC Foundation Capital et la multinationale Visa, avec le concours d'investisseurs existants tels que Andreessen Horowitz, Formation 8 et Trinity Ventures, tous américains. Basée à San Francisco, l’entreprise qui utilise un modèle algorithmique pour déterminer la solvabilité, établir des profils de crédit et offrir des liquidités par téléphone mobile, a également conclu un partenariat avec Visa pour offrir des cartes de débit virtuelles prépayées aux réseaux de clients des agences en Afrique, en Asie du Sud et en Amérique latine. Elle utilisera ces nouvelles ressources pour approfondir ses activités existantes en Afrique, où elle compte plus de trois millions d'utilisateurs. Ayant commencé ses activités au Kenya, elle dessert aujourd’hui également le Nigeria et la Tanzanie. Depuis sa fondation en 2015, elle a traité pas moins de treize millions de prêts numériques et déboursé plus de 309 M€ (350 M$).
Nouveau fonds : AfrincInvest et Cathay Innovation créent le premier fonds panafricain de capital-risque (Afrique / France / Chine / Tunisie)
Le VC franco-chinois Cathay Innovation (2,5 Md€ d'actifs sous gestion) et le capital-investisseur tunisien AfricInvest (1,3 Md€ d'actifs) préparent un véhicule qui devrait être porté par une société de gestion commune et qui ambitionne d’atteindre 150 M€, avec un premier closing espéré avant l’été. Cathay AfricInvest Innovation se focalisera sur quinze à vingt cibles ayant déjà prouvé leur modèle économique et générant une croissance soutenue. Il consacrera entre 3 M€ et 15 M€ par entreprise au total (voir article Cathay Innovation et AfricInvest lèvent pour les start-ups africaines sur CFNEWS).
Nouveau fonds : Seedstar World lance un véhicule d’investissement africain (Afrique / Suisse)
Seedstar World, une plateforme suisse de connexion des start-up de pays émergents avec des investisseurs en capital-risque, et le VC panafricain dédié à l'Afrique subsaharienne First Growth Ventures, s’apprêtent à lancer un véhicule de 88,4 M€ (100 M$) pour soutenir des entreprises naissantes sur le continent africain. Ses premiers investissements en séries A et B devraient avoir lieu au cours de cette année, et jusqu'à trente ou quarante jeunes pousses pourraient en bénéficier tout au long du projet, avec des tickets compris entre 221 K€ et 4 M€ (250 K$ et 5 M$). S’il s’agit du premier véhicule de capital-risque régional de Seedstar World, celui-ci a déjà mené des initiatives en Afrique, notamment en accompagnant quatre fintech nigérianes et quatre edtech ivoiriennes. Créé en 2013 par Alisée de Tonnac et Pierre-Alain Masson, il s’est jusqu’à présent concentré principalement sur les secteurs de la santé (28 % du total de ses investissements), des services financiers (26,9 %), de l’immobilier (13,5 %) et de l’agriculture (10,6 %).
Médias et divertissements : Boomplay / Maison Capital / Seas Capital (Nigeria / Chine)
La plateforme de streaming musical nigériane Boomplay, qui propose un service de téléchargement et diffusion de musique et vidéos sur le continent africain, lève 17,7 M€ (20 M$) en série A lors d’un tour de table mené en lead par deux investisseurs chinois, Maison Capital et Seas Capital. Revendiquant 42 millions d’utilisateurs, la plateforme présente dans plus de dix pays africains souhaite utiliser cet argent pour financer son expansion sur le continent et renforcer ses offres de produits et services. Fondée en 2015 et détenue par le chinois Transsnet Music, elle avait déjà mobilisé 4,9 M€ (5,5 M$) en janvier 2016 auprès d’investisseurs restés anonymes.
Agroalimentaire : Minimex / AgDevCo (Rwanda / Royaume-Uni)
L’investisseur londonien à impact social AgDevCo, spécialisé dans le secteur agroalimentaire en Afrique subsaharienne, vient de réaliser un financement mezzanine d’un montant de 2,7 M€ (3 M$), alliant des prêts et un apport en capital, au sein de la meunerie de maïs Minimex. Cette joint-venture fondée en 2006 par la société d’investissement rwandaise ProDev Group Holding, l’assureur Military Medical Insurance (MMI) et la Banque Rwandaise de Développement, souhaite renforcer ses capacités de production de farine pour desservir le marché d’Afrique de l’Est. Il s’agit du troisième engagement au Rwanda de l’investisseur soutenu par l’agence britannique UK Aid, pays où il a injecté au total 5,3 M€ (6,04 M$) depuis 2017. Son portefeuille comprend le producteur de champignons Kigali Farms et le producteur de volailles Uzima.
Étude : vers une accélération des opérations de M&A financées par le private equity
Selon un rapport de Fitch Solutions, une branche de l'agence de notation Fitch, les opérations de fusions-acquisitions en Afrique, financées par le private equity, vont s’accélérer au cours des prochains trimestres. Les fonds seraient désormais très bien armés pour réaliser des transactions, dans la mesure où les montants de fonds mobilisés dans le cadre du capital-investissement ont augmenté au cours des deux dernières années, alors même que les volumes d'investissement ont eux reculé. Par ailleurs, le renforcement des régulations bancaires dans la quasi-totalité des pays africains, et une hausse des encours des créances douteuses, ont conduit à une augmentation des taux d'intérêt via le financement des banques. Cela laisse par conséquent au private equity une marge de progression pertinente dans la région. Au cours du premier trimestre, le secteur s'est montré plutôt dynamique, avec soixante-dix opérations répertoriées par l'agence Ecofin : ce chiffre inclut à la fois des mobilisations de fonds, des investissements additionnels, de nouveaux investissements et des sorties d'investissement.
Événements :
- Paris (Station F), 15 mai : quatrième édition annuelle d’Afrobytes Tech Marketplace, le plus grand campus de start-up au monde, qui permettra la rencontre de la tech africaine et des autres écosystèmes tech internationaux.
- Paris (Parc Expo Porte de Versailles), 16-18 mai : quatrième édition du Viva Technology - consacré à l'innovation technologique et aux start-up - et notamment de l’opération Afric@Tech.
Et aussi...
- Proparco, la filiale de l’AFD dédiée au secteur privé, a passé le cap des 1,5 Md€ d’engagements dont 578 M€ sur le continent africain, comme en témoigne la publication de ses chiffres d’activité 2018. Le fonds a fait paraître également un rapport dédié aux impacts de son activité sur le développement durable. Parmi ses principaux investissements l’an dernier figure le financement de la construction du barrage hydroélectrique de Nachtigal, au Cameroun (voir bulletin #27) et son entrée dans le capital de la fintech Jumo (voir bulletins #1 et #21).
- Le français IT-Development (ITD), qui accompagne les opérateurs de réseau mobile et les gestionnaires de tours télécoms dans la construction et la maintenance de leurs sites télécoms, cherche à asseoir sa présence en Afrique francophone grâce à l’ouverture d’un nouveau bureau à Abidjan. La nouvelle filiale ivoirienne proposera aux clients des services de support aux utilisateurs, d’implémentation, de gestion du changement et de transfert de connaissance.
- La start-up tricolore Nomad Education, qui propose des contenus éducatifs mobiles gratuits, va équiper sept cents écoles en Afrique francophone suite à l’obtention de l’appel à projet « Écoles numériques 2019 » de la Fondation Orange.
- La French-African Foundation vient de lancer ce 15 avril et jusqu’au 17 mai, un appel à candidatures pour son programme « French-African Young Leaders 2019 », qui vise à initier une relève franco-africaine susceptible de répondre aux défis mondiaux nécessitant une nouvelle génération de décideurs. Les partenaires fondateurs de l’initiative sont notamment le groupe Duval, l’AFD, Deloitte, l’Essec, Publicis Consultants et Baobab Group (ex Microcred).
- KGAL New Frontiers, un fonds de private equity lancé en 2018 par le gestionnaire de fonds allemand KGAL, s'offre 22 % du capital du norvégien SunEnergy, spécialisé dans les offres d'accès à l'énergie électrique hors réseau, notamment dans les pays émergents. Si le montant engagé reste confidentiel, la ressource qui sera injectée servira à soutenir l'expansion de SunEnergy au Cameroun, dont l'entreprise envisage d'en faire un hub sur le continent africain.
- Le belfastois Devenish Nutrition acquiert une participation de 42 % pour un montant de 1,99 M€ (2,25 M$) dans le capital de Sidai Africa, une firme agro-alimentaire kényane.
- L’entreprise agroalimentaire Kevian Kenya, spécialisée dans les jus de fruits, bénéficie d’un prêt de 10 M€ de la part de l'institution allemande de financement du développement DEG, filiale du groupe bancaire KfW, afin de financer l’extension de sa capacité de production et l’introduction de nouveaux produits.
- La France va apporter son soutien financier au Cameroun pour construire des canaux de collecte des eaux dans trois régions du pays, à savoir Bertoua dans la région de l’Est, Garoua dans la région du Nord et Bamenda dans la région du Nord-Ouest.
Bonne fin de semaine et à mardi prochain.
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