Fintech : Tencent / Monzo (Chine / Royaume-Uni)
Le géant chinois Tencent, coté à Hong Kong, injecte 100 M$ dans la fintech britannique Monzo. L’opération, qui fait partie d’une levée de fonds de série H de 500 M$ menée par Abu Dhabi Growth Fund, valorise la cible 4,5 Md$, contre à peine 1,7 Md$ en février dernier. La nouvelle levée devrait aider la fintech britannique fondée en 2015 à redresser la barre. Monzo a été pénalisée par la baisse d’activités au début de la pandémie. La banque en ligne a enregistré une perte nette de 130 M£ en 2020, soit une augmentation de 13 % par rapport à 2019. À l'époque, les auditeurs EY avaient mis en garde pour une deuxième année consécutive « d'incertitude importante » sur sa capacité à continuer à fonctionner. Monzo a également été confronté à des revers réglementaires au cours de l'année écoulée, notamment une enquête de la Financial Conduct Authority sur des violations potentielles des lois anti-blanchiment d'argent. En octobre dernier, il a retiré sa demande de licence bancaire américaine après que les régulateurs ont indiqué qu'il était peu probable. Une nette amélioration de performance en 2021 est toutefois constatée. Comptant à présent 100 000 nouveaux utilisateurs par mois, Monzo a doublé ses revenus en 2021. Un quart de ses revenus provient de nouveaux produits lancés pendant la pandémie, y compris ses comptes commerciaux et premium. Il explore de nouveaux développements tels qu'une plateforme permettant aux particuliers d'investir dans des actions. Cela pourrait inclure le trading de cryptomonnaie. La valorisation de Monzo reste toujours loin derrière son principal rival, Revolut, qui a atteint une valorisation de 33 Md$ lors d’un dernier tour de table en juillet mené par SoftBank Vision Fund 2 et Tiger Global Management. Tencent a constitué un important portefeuille mondial des fintech au cours des dernières années, notamment des participations dans l'argentine Ualá, les françaises Qonto et Lydia et la banque sud-africaine Tyme.
Transports : Maersk / Li & Fung (Danemark / Chine)
Le grand armateur danois Maersk devrait payer 3,6 Md$ pour s’emparer de LF Logistics à sa société mère hongkongaise Li & Fung. La cible propose des prestations logistiques allant de l'omnicanal au transport, avec un réseau de 223 entrepôts dans 14 pays en Asie-Pacifique, à des acteurs BtoB et BtoC des secteurs de la mode, de la distribution ou de la consommation. En 2020, LF Logistics a enregistré un chiffre d’affaires d’environ 1,3 Md$, principalement dans la logistique contractuelle. Les groupes de transport de conteneurs ont connu une année exceptionnelle en 2021, avec des supply-chains serrées et une demande en plein essor liée à la vague de la pandémie de covid-19, poussant les prix de fret à des sommets. En parallèle, des grands acteurs comme Maersk et le français CMA CGM se déploient progressivement dans la logistique terrestre pour une flexibilité supplémentaire de leurs activités. Pour mémoire, LF Logistics, détenu jusqu’ici par Li & Fung (78 %) et le fonds singapourien Temasek (22 %), avait été valorisé 1,4 Md$ en 2019 lors de la participation minoritaire de Temasek.
Distribution : Selfridges / Central Group / Signa (Royaume-Uni / Thaïlande / Autriche)
Signa et Central, le tandem, qui est déjà propriétaire des magasins de luxe allemands KaDeWe et suisses et Globus, acquiert 18 grands magasins auprès de la famille Weston, dont le plus connu Selfridges à Londres. Selon la presse britannique, l’acquisition, comprenant les Selfridges situés à Londres, Manchester, et Birmingham, Brown Thomas et Arnots en Irlande ou encore de Bijenkorf aux Pays-Bas, s’établirait sur 4 Md£, dont 2 Md£ pour les propriétés concernées. Sept autres grands magasins du groupe, sous enseigne Holt Renfrew au Canada, restent entre les mains de la famille Weston. Fondé en 1908, Selfridges, propriétaire du magasin emblématique sur Oxford Street à Londres, a enregistré un chiffre d’affaires de 853 M£ sur l’exercice clos en février 2020, pour un résultat net de 26,6 M£. L’an dernier, en raison de l’impact de confinements, les grands magasins ont licencié 450 salariés. Depuis 2011, le conglomérat thaïlandais immobilier et de la distribution se développe au vieux continent. Il avait acquis successivement l’enseigne outre-Alpes La Rinaseent pour 205 M€ en 2011, puis en 2013 la danoise Illum. En 2015, il s’était associé au groupe autrichien Signa pour remporter le berlinois KaDeWe (lire aussi notre chronique précédente). L’an dernier, le tandem a collaboré de nouveau pour acquérir le suisse Globus.
Matières premières : China Rare Earth Group (Chine)
China Minmetals Rare Earth a reçu l'approbation des autorités chinoises pour fusionner avec deux autres géants publics, Chinalco Rare Earth and Metals Co et Ganzhou Rare Earth Group, pour former un nouveau groupe sous le contrôle direct du gouvernement central. La nouvelle entité, nommée China Rare Earth Group, représentera 70 % de la production chinoise de terres rares. Elle sera basée dans la province du Jiangxi et devrait également acquérir Xiamen Tungsten Co et Guangdong Rare Earth Group dans les années à venir, selon le FT. Les éléments des terres rares sont un groupe de 17 minéraux utilisés dans la fabrication industrielle, notamment pour les produits électroniques aux véhicules électriques et aux éoliennes. Le gouvernement chinois a utilisé la même stratégie dans d'autres secteurs, notamment le transport ferroviaire et les lignes maritimes, pour empêcher les groupes rivaux de se concurrencer pour des contrats à l'étranger. En parallèle, il souhaite également renforcer l'industrie dans les terres rares alors que les États-Unis et d'autres grands importateurs cherchent à développer des sources d'approvisionnement alternatives, telles que en Californie et en Australie.
Aéronautique : CK Asset Holdings / Carlyle (Chine / États-Unis)
CK Asset Holdings, conglomérat hongkongais contrôlé par Li Ka-shing, a conclu un accord pour céder ses activités de leasing d’avion au fonds Carlyle pour 4,28 Md$. La vente intervient dans un contexte où la variante du coronavirus Omicron a bouleversé de nouveau le secteur de transports aériens. Le voyage international a subi une série de revers avec l'émergence de la variante Omicron qui affaiblit la perspective d'une reprise légère. La cible dispose d’une flotte de 125 appareils. La vente devrait générer un bénéfice de 170 M$ pour CK Asset Holdings.
Fintech : Ant Consumer Finance / Cinda (Chine)
L’entité dédiée aux crédits pour la consommation de la fintech Ant Group procède à une augmentation de capital importante. A terme, le montant du fonds propre devrait s’élever à 30 milliards de yuans (4,7 Md$), contre 8 milliards de yuans (1,26 Md$) pré-opération. Coté à Hong Kong, l’asset manager public chinois Cinda devrait y injecter 6 milliards de yuans (940 M$) contre environ 20 % du capital. Il détiendra d’ailleurs 4 % supplémentaires par l'intermédiaire d'une filiale, Nanyang Commercial Bank, dont sa part sera diminuée à partir de 15 %. Contemporary Amperex Technology, producteur des accumulateurs lithium-ion pour les véhicules électriques, a vu sa part descendre de 8 % à 2,1 %. Un autre asset manager public chinois, Huarong, détiendra 1,33 % contre 4,99 % auparavant. Trois nouveaux entrants, Sunny Optical, First Elite (filiale de Netease), et Yufu Capital (bras d’investissements de la mairie de Chongqing) posséderont respectivement 6 %, 4,4 % et 2,6 %. Ant Group, contrôlée par Jack Ma, magnat de l'Internet chinois, a subi des pressions de la part des régulateurs chinois depuis son IPO avortée de 37 Md$, qui aurait été la plus importante au monde. L’opération a été bloquée quelques jours auparavant ses débuts en novembre dernier.
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