Dans la traversée du désert des LBO large cap, Sogelink sauve une année anémique en signant le premier buyout à plus d’1 Md€, hors fonds de continuation, opérations minoritaires et reconfigurations internes de tour de table. La pépite lyonnaise aura fait l’objet d’enchères disputées dans un process piloté par Raymond James et remporté par CVC, face aux deux finalistes Silverlake et Eurazeo, pour une valorisation tutoyant les 1,1 Md€ soit plus de 20 fois l’Ebitda 2023 de Sogelink. Il faut dire que le fonds britannique a amassé une quantité de dry powder phénoménale avec sa levée record finalisée cet automne. L’appétit aurait été aussi féroce pour financer ce LBO hors norme avec une dette unitranche covlite d'environ 375 M€ fournie par Blackstone Credit et Goldman Sachs Direct Lending.
Keensight toujours à bord
Quatre ans après avoir pris le contrôle de l’éditeur de logiciels pour le bâtiment, Keensight réinvestit en minoritaire significatif derrière CVC, majoritaire, signant à la fois une belle sortie pour son fonds V et une nouvelle opération pour son sixième millésime, bouclé à 2,3 Md€ en septembre. Le management mené depuis dix ans par Fatima Berral boucle ce tour de table, confiant que ce nouveau cycle sera au moins aussi fructueux que le précédent pour l’ex-PME devenue licorne. « Le réservoir de croissance est considérable, souligne Jean-Michel Beghin, managing partner de Keensight Capital. Sogelink a réussi à imposer sa position de leader incontesté sur le secteur de la construction et infra tech, le sous-jacent étant vastement sous-digitalisé en Europe. » L’investisseur sait de quoi il parle puisqu’il a été un des premiers actionnaires de l’éditeur lyonnais il y a dix ans alors que la PME faisait à peine 17 M€ de chiffre d’affaires, avant de passer le relais à Naxicap trois ans plus tard, puis de renouer avec sa participation en 2019 et impulser un véritable changement d’échelle et l’internationalisation du groupe.
120 M€ de revenus
Ce dernier cycle aura été en effet l’occasion pour Sogelink de bâtir sa position de champion européen et de mener au pas de charge des build-up transformants comme l’acquisition du hollandais Locatiqs, de son concurrent breton Geodesial et du norvégien Focus Software. L’éditeur lyonnais mené par Fatima Berral aura ainsi triplé ses revenus en quatre ans pour atteindre un chiffre d’affaires de 120 M€ cette année pour un Ebitda de 50 M€. Sogelink a considérablement élargi sa palette et son rayonnement géographique pour proposer des solutions sur l’ensemble de la chaîne de valeur du processus de construction: conception de l’infrastructure, contrôles en amont du projet, gestion des chantiers et risques post-construction. Employant plus de 600 personnes dans six pays, la société revendique plus de 18 000 clients et 220 000 utilisateurs.