Scalian flirte avec le milliard d’euros. Le conseil toulousain en ingénierie de 510 M€ de chiffre d’affaires attendu pour son exercice 2022-2023 devrait en effet changer de main sur une valorisation proche de ce niveau, de l'ordre de 965 M€ précisément. Ce prix est celui qui aura permis à Wendel de se démarquer dans le processus co-arrangé par Amala Partners, Rothschild & Co et BNP Paribas pour le compte de Cobepa, l’actionnaire majoritaire depuis fin 2018. L’investisseur coté est entré en négociations exclusives en préemptant une auction qui regroupait encore PAI Partners, TowerBrook, ICG, Permira, Bain Capital via sa participation Inetum et un autre acquéreur stratégique étranger. « Nous avons rencontré les dirigeants fin janvier, et il y a eu de très bons échanges, car au départ, c’est une histoire de fit humain avant d’être une opération financière, rappelle Jérôme Michiels, directeur général adjoint de Wendel. Les choses se sont accélérées ces quatre dernières semaines et nous avons su rester dans la course et être réactifs, en montrant que nous pourrons épauler le management dans son plan de développement. » Pour y parvenir, la holding d’investissement a notamment pu compter sur la présence à ses côtés de Morgan Stanley et de Natixis Partners - qui connaissait bien le dossier pour avoir animé la vente de Scalian, en 2018. Le prix de 965 M€ est à mettre en rapport avec un Ebitda attendu à 74 M€ pour l’arrêt des comptes annuels, à fin juin 2023, soit un multiple de valorisation de 13x.
ICG assure le financement
Cobepa signe donc une belle performance financière, puisqu’il s’était emparé du groupe toulousain sur une valeur d’entreprise légèrement supérieure à 200 M€, il y a moins de cinq ans. L’Ebitda ressortait alors autour des 20 M€. Le gérant belge relayait alors Andera Partners, qui avait réinvestit en tant que minoritaire et cèderait cette fois l’ensemble de ses parts, tout comme Cobepa. Le management emmené par Yvan Chabanne, détenait quelque 20 % du capital et réinvestit de manière significative, même si Wendel va hériter d’une large majorité au closing – attendu pour le second semestre 2023 -, après l’obtention des accord réglementaires usuels. Dans un marché où les opérations mid et large cap impliquant des acteurs du private equity se font rares, notamment à cause des financements, l’acquéreur a pu compter sur le soutien renouvelé d’ICG. Le fonds de dette accompagne Scalian depuis l’automne 2021 et le refinancement des quelque 135 M€ de dette senior et 28 M€ de PGE. Le quantum de cette unitranche passerait d’environ 300 à 350 M€ pour le compte de cette opération. « ICG a opéré un roll-over de la dette en ajustant le prix, le montant et la maturité de la dette à l’Ebitda actuel du groupe, qui a bien progressé et en s’engageant sur des lignes de capex », explique une source proche du dossier. « Au-delà de notre soutien, technique, opérationnel et financier, nous pouvons compter sur des lignes d’acquisitions confirmées de la part d’ICG qui vont permettre à Scalian d’avancer sur les sujets de croissance externe, en pouvant aller chercher des cibles de taille plus importante, en France, en Europe ou encore en Amérique du Nord », complète Jérôme Michiels.
1,5 Md€ de ventes en 2028
Ces facilités additionnelles apportées par l’unitrancheur devraient permettre au groupe de poursuivre sa stratégie de buy-and-build. Le conseil en ingénierie (supply chain, projets industriels…) et transformation digitale (systèmes numériques embarqués, big data, IA…) a réalisé neuf croissances externes depuis 2015, dont une demi-douzaine durant l’ère Cobepa. Celles-ci ont tiré la majeure partie de la croissance annuelle de son chiffre d’affaires, qui a progressé en moyenne de 30 % sur les huit dernières années, dont 12 % en organique. Elles lui ont permis notamment d’accélérer à l’international, comme avec les reprises de Telexion en Allemagne ou d’Indizen en Espagne. Scalian génère ainsi plus de 30 % de son activité hors de France, contre 15 % en 2018. « Le groupe était très orienté aéronautique et la crise du covid a mis un coup d’arrêt à son activité, mais le management est parvenu à transformer ce problème en opportunité en poussant d’autres secteurs, explique un proche de la société. Le redémarrage très fort de l’aéronautique dynamise d’autant plus la croissance du groupe qu’il vient en complément d’autres secteurs ». Il est désormais bien déployé sur les sujets des transports et mobilité, des services financiers ou encore du luxe. Mais le conseil employant plus de 5 000 consultants à travers neuf pays souhaite aller encore plus loin avec l’appui de son futur nouvel actionnaire. Il ambitionne ainsi d’atteindre 1,5 Md€ de chiffre d’affaires à horizon 2028.