Planity s'ouvre à un sixième fonds pour sa cinquième levée depuis 2016. Le service en ligne de réservation de rendez-vous en salons de coiffure et de beauté fait une place à InfraVia Capital Partners lors d'un tour de 45 M€ bouclé juste avant Noël. Le nouvel entrant, approché par la banque d'affaires Arma Partners dans le giron de Mediabanca officiellement depuis octobre, tire 30 M€ de son premier fonds de growth, écrivant l'avant-dernière ligne de son portefeuille. Trois investisseurs existants, Crédit Mutuel Innovation, Revaia et Bpifrance, injectent le solde de cette opération ne contenant aucun cash-out. Selon nos informations, un fonds secondaire serait cependant recherché pour racheter au moins la participation de Fortune Europe 2016-2017 d'Eiffel IG, FCPI désormais en phase de liquidation commercialisé à partir de 2016 par Alto Invest, société de gestion ayant participé la même année à la levée initiale de l'entreprise.
Près de 200 M€ de valorisation
« InfraVia, dont la termsheet était la plus intéressante, avait la capacité financière nécessaire pour faire le gros du tour, ce qui nous a évité de devoir prendre plusieurs nouveaux fonds », se réjouit Antoine Puymirat, co-fondateur avec Paul Vonderscher. Le duo forme, avec les salariés, un bloc détenant 25 % du capital d'une entreprise ayant levé désormais pas loin de 95 M€ depuis sa naissance, en particulier 30 M€ à l'été 2021, en plein cœur de la période frénétique pour le capital-innovation. La dernière opération valorise Planity un peu en dessous des 200 M€, selon nos sources.
40 M€ d'ARR et point mort atteint en France
« Lors du tour précédent, nous avions regardé et laissé passer le dossier car nous n'avions pas de conviction forte sur le marché. L'exécution exceptionnelle en 2,5 ans nous a fait revoir notre copie », raconte Guillaume Santamaria, associé chez InfraVia Capital Partners. Entre les deux tours, le nombre d'établissements clients est passé de 15 000 à 40 000, pour un chiffre d'affaires annuel récurrent de 40 M€ en décembre. De plus, le français a atteint le point mort en octobre sur son marché domestique. « Depuis nos débuts, nous avions toujours recherché la croissance à tout prix. Mais à partir de l'été 2022, le contexte a changé avec un accent mis par les investisseurs sur la croissance plus raisonnable. Désormais, nous regardons beaucoup la "rule of 40" [selon laquelle la somme du taux de croissance et de la marge brute d'un éditeur Saas doit être au moins égale à 40%, ndlr] », confie Antoine Puymirat.
Ouverture en Allemagne et Belgique
Avec l'objectif affiché de reproduire en Europe la recette ayant fait ses preuves dans l'Hexagone, l'éditeur, à la fois d'un service en ligne de réservation de rendez-vous et de logiciels de caisse, de gestion d'agenda et de relation clients, s'est lancé dans deux pays frontaliers. Il emploie ainsi 70 personnes en Allemagne (pour 2 000 clients) et 30 en Belgique (1 000 clients), sur un effectif total de 400 salariés. La France reste de loin son principal marché, y générant 90 % de son chiffre d'affaires, où il dit équiper un quart des établissements de beauté. En comparaison, seuls 8 % des mêmes commerces seraient réservables en ligne à l'échelle européenne. Au-delà des coiffeurs, son cœur de cible, et des centres esthétiques, Planity prévoit de décliner son offre aux domaines du bien-être (médecine douce et sport), aux clientèles semblables, à partir de début 2025.
Numéro 2 européen derrière Treatwell
Dans un second temps, il pourrait s'établir en Suisse, Autriche, Espagne et Italie. La croissance externe, piste envisagée lors du tour de 2021, n'a pas abouti jusqu'ici, « principalement à cause de prix trop élevés, demandés par des gens n'ayant pas accepté que le contexte n'était plus le même », glisse l'entrepreneur. Dans certains pays d'Europe, Planity aura face à lui des acteurs locaux mais aussi ses deux principaux concurrents, le britannique Treatwell, qui s'est rapproché de l'italien Uala et du français Wavy au cours des dernières années, et l'américain d'origine polonaise Booksy, propriétaire du français Kiute. Si Treatwell le devance en nombre de clients, il pense le dépasser et s'établir comme plus gros acteur d'Europe d'ici un an.