Mis à jour le 23/03 à 19:30 - Piercan est l’une des « petites » sociétés familiales qui aura su électriser les acteurs du private equity ! La perspective de l’ouverture du capital de ce fabricant normand de gants techniques pour le médical et le nucléaire de 37 M€ de chiffre d’affaires a soulevé l’enthousiasme avec l’envoi de plus de 30 info-mémos, lesquels ont suscité 18 lettres d’intention. Selon nos informations, Qualium, Vivalto ainsi qu’IK en tandem avec Bpifrance étaient toujours dans la course en phase 2 aux côtés de l’attelage formé par Mérieux Equity Partners avec Siparex qui l’a finalement emporté. « Nous sommes des financiers spécialistes de la santé appuyés par un industriel et ce côté hybride a plu, croit savoir Benoit Chastaing, managing partner chez Mérieux Equity Partners. En outre, notre association avec les fonds nucléaire et ETI gérés par Siparex a du sens en matière de complémentarité des expertises. » La famille Lucas et les quelques investisseurs privés déjà à ses côtés participent également à l’opération, ainsi que Normandie Participations. Selon les sources, la valorisation de Piercan varie de 170 M€ jusqu'à près de 200 M€, ce qui représenterait alors 18 fois l'Ebitda 2022. Pour compléter le ticket d’equity dont le montant n’a pas été révélé, une dette senior (tranches A, B et C) de 4,5 fois l’Ebitda a été souscrite par HSBC, BNP Paribas, CIC, La Banque Postale, Artemid et Bank of Ireland.
Investir dans l'outil de production
« Nous aurions pu opter pour un full TLB mais cela n’a pas été notre choix : nous préférons investir dans l’outil de production plutôt que leverager la société », précise Benoit Chastaing. Implantée depuis 1948 à proximité de Omaha Beach, à Port en Bessin, dans le Calvados, Piercan produit chaque année quelque 400 000 gants vendus entre 300 € et 800 € / pièce. Des protections très techniques fabriquées sur ses sites français et américain où l’on trempe un moule en porcelaine dans un coagulant puis dans du caoutchouc (trempage en émulsion) ou dans un élastomère (trempage par dissolution) selon les caractéristiques de résistance, d’isolation, de protection ou encore de flexibilité recherchées. Ces dernières années, la société a investi plusieurs M€ pour renforcer ses capacités de production et ses nouveaux actionnaires auraient d’ores et déjà prévu d’injecter 15 M€ dans l’outil industriel.
Conforter l'existant et se diversifier
Utilisés dans les isolateurs de l’industrie pharmaceutique, (avec laquelle Piercan réalise 85 % de son chiffre d’affaires) ou les boites à gants du nucléaire dans le monde entier, les gants sont vendus dans 80 pays et le normand enregistre près de 70 % de son chiffre d’affaires en dehors de l’Hexagone. « Piercan est une pépite industrielle avec des savoir-faire de niche, positionnée sur des marchés structurellement bien orientées et pour laquelle il existe encore des possibilités de développement en explorant des secteurs adjacents comme la chimie, les produits alimentaires, l’agroalimentaire, estime Guillaume Rebaudet, partner chez Siparex. Il est également de compléter et diversifier ses gammes de produits autour de la protection ». La société se prépare déjà à « poursuivre l’automatisation de ses lignes de production et l’optimisation de nos processus de fabrication » selon les mots de son dirigeant, Thierry Lobel, mais aussi à réaliser d’éventuelles opérations de croissance externe si des opportunités se présentent. » Sans contrainte, toutefois. « En volume, hors effet prix, le marché croit de 10 % ans et il est sous-capacitaire », souligne Benoit Chastaing.