Le troisième trimestre 2022 ressemble en tout point à son prédécesseur, à en croire l’Indice Argos Mid-Market, réalisée en partenariat avec Epsilon Research. La stabilité est donc le maitre mot de cette nouvelle étude trimestrielle, tant sur le niveau de prix médian que sur le volume de transactions officialisées dans la zone euro, sur des PME non cotées valorisées entre 15 et 500 M€.
Le multiple de valorisation ressort encore à 10 fois l’Ebitda dans le middle market européen, entre juillet et septembre 2022. Ce niveau de prix est identique à celui du deuxième trimestre et légèrement inférieur aux trois premiers mois de l’année (10,6 x). Ce sont de nouveau les fonds d’investissement qui « tirent » ces valorisations à la hausse, puisqu’ils nouent leurs LBO sur des multiples médians de 10,7 x, contre 9,9 x pour les stratégiques. « Il a eu une stabilité remarquable des valorisations durant l’été, malgré une période chahutée », constate Louis Godron, managing partner France d’Argos Wityu. Cet équilibre par rapport au début de l’année se retrouve aussi dans les transactions les mieux et moins bien « pricées ». Contrairement à 2021 où la part des opérations conclues au-delà des 15 fois l’Ebitda a toujours pesé plus de 20 %, 2022 reste dans des eaux plus calmes. Seules 12 % des deals se sont conclus durant le troisième trimestre au-dessus de ce multiple symbolique, soit 3 % de moins qu’au T1 et T2. Et 16 % des transactions ont été négociées sous les 7 fois l’Ebitda, soit un niveau intermédiaire entre les deux précédents trimestres. « Les chiffre de l’Indice ne prennent pas en compte les opérations annoncées à l’automne, alerte cependant Louis Godron. Il y a eu un durcissement des conditions de crédit, avec un Euribor qui est passé de 0 à 2 ou 3 % depuis la rentrée. Le rationnel voudrait donc qu’il y ait une érosion, mais pas un effondrement, des valorisations durant cette fin d’année. »
Des volumes en baisse de 11 %
Si les prix se sont maintenus à un niveau identique, les volumes ont eu baissé de 11 % durant le trimestre. Le niveau d’activité sur le middle market européen a donc ralenti, mais rien d’alarmant selon le Managing Partner d’Argos : « Les volumes sont plus faibles avec probablement des transactions qui ne se sont pas réalisées, estime-t-il. Mais le mid cap résiste bien et partout dans la zone euro, comparativement au marché global ou on a des chutes de – 30 ou – 40 %. » Sans retrouver leur poids de 2021, de plus de 20 % des transactions en volume, les fonds ont retrouvé un niveau d’activité plus important au troisième trimestre. Les LBO ont compté pour 19 % des deals sur la période, contre un peu plus de 15 % à fin juin. Là encore, ces chiffres peuvent-être en trompe l’œil, puisqu’ils ne reflètent pas le volume des transactions à l’instant T. « Il est très probable qu’il y ait une réduction significative de l’activité durant le quatrième trimestre, présage Louis Godron. Même si me marché de la syndication semble se relancer, notamment aux Etats-Unis, nous constatons un allongement des process bancaires qui va forcément peser sur les opérations qui sortent du pipe. Nous sommes loin de la situation de 1992 ou 2008, avec un marché du financement bancaire qui n’est pas à l’arrêt, mais la hausse des taux long a un effet sur les ratios de solvabilité des banques, qui attendent donc que la poussière retombe pour s’engager sur des nouveaux dossiers. » Ce contexte est favorable aux fonds de dette privée qui s’affirment comme une alternative aux financements bancaires. Mais ces derniers ont aussi souffert du contexte avec un niveau de marge en qui recul à 1,36 % au troisième trimestre pour les unitranches en France, selon l’Indice Aether, contre 1,4 % sur les trois mois précédents. Le conseil en services d’exécution des transactions financières explique cette baisse par la polarisation des gérants sur les plus beaux dossiers, plus bataillés. Ce fly-to-quality est un des signes de la prudence des acteurs de l’unitranche, au même titre que le levier moyen au closing. Celui-ci diminue encore pour s’établir à 4,5 fois l’Ebitda à fin septembre, soit 8 % de moins sur un an.
Retour de l’inflation sous les 2 % en 2024
Si les perspectives semblent s’orienter à la baisse d’ici la fin de l’année, le manque de visibilité du au contexte géopolitique et macro-économique complique le jeu des prédictions à plus long terme. Le moral des entrepreneurs est cependant « très bon » rassure cependant l’associé d’Argos. Un autre message positif a aussi été délivré par l’économiste Jean-Marc Daniel, professeur à l’ESCP, durant une conférence organisée par France Invest à Marseille : « Il n’y a pas d’inflation, car pas de hausse généralisée des prix. La hausse est aujourd’hui importée et imputable qu’à la guerre en Ukraine et son impact sur l’énergie en Europe. Mais il y a des pays où l’indice des prix commence déjà à baisser, comme aux Etats-Unis. En France, on devrait retomber sous les 2 % au plus tard en 2024. »