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TECH | Les VCs sondés à l'heure du coronavirus (suite et fin)


| 1835 mots
© Chausson Finance

© Chausson Finance

Le leveur de fonds Chausson Finance interroge chaque semaine pendant la pandémie les fonds français et étrangers actifs en Europe, ainsi que les start-up, sur leur perception de la crise et leur stratégie. Ultime semaine.

Vendredi 3 juillet :

Dernier tour de VCs pour Chausson Finance, qui clôture son baromètre de crise, après deux mois de pause. La banque d'affaires tech a interrogé cette fois 89 VCs basés en France, en Allemagne et au Royaume-Uni, qui font preuve d'un optimisme mesuré. Une courte majorité d'investisseurs français (53 %) considèrent que la reprise à commencé, soit nettement moins que leurs confrères allemands (70 %) et britanniques (64 %). Tous pays confondus, le portefeuille existant semble avoir moins souffert que ce qui était craint au début du confinement, puisque 12 % des participations ont été refinancées à cause du retournement économique contre 17 % envisagées en mars. Le rebond a été fort pour 20 % des sociétés touchées par la crise, davantage en Allemagne (26 %) qu'en France (19 %) et au Royaume-Uni (17 %).

Le retour à la normale est en marche en termes de flux de nouveaux dossiers. 41 % des répondants disent recevoir autant de bonnes opportunités d'investissement qu'avant mi mars, mais 36 % estiment qu'il est encore trop tôt. Parmi ces derniers, certains sont contraints de modifier leur stratégie, par exemple en s'orientant vers de nouveaux secteurs d'activité pour 8 % d'entre eux, en consacrant plus de temps à l'analyse (15 %), mais surtout en révisant le stade de développement des sociétés ciblées (23 %). 65 % d'entre eux envisagent d'aller vers des stades plus précoces et 35 % vers des plus matures (late stage). Depuis la fin du confinement, le rythme des investissements s'accélère en France, à cinq semaines entre deux opérations, et en Allemagne (à quatre semaines), alors qu'il recule au contraire outre-Manche à cinq semaines.

La prudence reste de mise cependant pour les VCs dont 91 % trouvent que l'incidence négative sur les valorisations se justifie toujours aujourd'hui. "Cash" reste le mot d'ordre pour 78 % des portefeuilles français, pour 72 % au Royaume-Uni et 70 % en Allemagne. Plus largement, les investisseurs n'attendent pas de retour de l'économie à son niveau pré-crise avant le troisième trimestre 2021 au mieux.

Mercredi 22 avril :

Cette semaine, le baromètre Chausson Finance renoue avec les investisseurs, après une édition consacrée aux start-up. En quinze jours, la proportion de fonds prêts à recevoir de nouveaux dossiers a légèrement augmenté en France, à 85 % soit quatre points de plus. La progression chez leurs homologues allemands est supérieure, atteignant 100 % contre 93 %. Seuls les VCs britanniques stagnent, à 93 % tout de même. Pas de changements notables en revanche sur les prévisions de retour à la normale du dealflow, avec toujours six semaines estimées par l'ensemble des répondants (135 structures cette semaine). 23 % des fonds français tablent sur moins d'un mois (- 4 points) et 36 % sur plus de deux mois (+ 5 points).

Le rythme d'investissement se maintient, selon ce sondage, à une opération (hors refinancements) toutes les six semaines, dont sept dans l'Hexagone comme en Allemagne, mais quatre outre-Manche et cinq chez les VCs actifs dans plusieurs pays. Interrogés cette semaine sur la crise économique plus largement, la moitié des investisseurs estiment que la barre se redresse, 35 % que la chute libre se poursuit et 15 % que le point le plus bas est atteint.

Mercredi 15 avril :

Quatrième édition du baromètre hebdomadaire de Chausson Finance, et nouvelle méthodologie. Après avoir pris le pouls auprès des fonds français et étrangers quant à leurs activités et stratégies d'investissement durant la crise du Covid-19, la banque d'affaires interroge cette fois-ci les start-up. Et sans surprise, 65 % des sociétés questionnées mesurent des effets négatifs engendrés par la crise, principalement sur le nombre de clients ou l'activité des clients.

Sur les 120 entreprises ayant participé à cette étude, qui distingue quatre profils différents, 9 start-up sur 10 ont eu recours à un mécanisme d’aide publique ou privée. Ainsi, 13 % d'entre elles, appelées Boyscout, ont closé récemment une série B, et restent tournées vers la croissance. Mais le type de start-up le plus rencontrées, à 39 %, dénommées Rocky, ont recours systématiquement aux aides publiques. Le Prêt Garanti par l'État (PGE) est d'ailleurs le dispositif le plus plébiscité, à 80 %, par les jeunes pousses, à l'avenir mais également depuis le début de la crise du Covid-19, devant le chômage partiel. La levée de fonds n'arrive qu'en quatrième position, derrière le Prêt atout, avec 21 % des opinions récoltées.

Cependant, pour les entreprises qui envisagent un nouveau tour de table, 70 % d'entre elles perçoivent le contexte comme une opportunité. 74 % des sociétés sondées mettent en avant leurs bonnes relations avec leurs actionnaires, 18 % les décrivent comme business as usual.

Mardi 7 avril :

Passé le choc initial, les capital-risqueurs relèvent la tête, avec prudence néanmoins. La troisième session du baromètre hebdomadaire de Chausson Finance sur leur état d'esprit pendant la crise du Coronavirus montre en effet que seuls 8 % d'entre eux se concentrent toujours exclusivement sur leur portefeuille et 11 % disent poursuivre uniquement les processus avancés, contre 25 % il y a deux semaines pour chacune de ses réponses. Attention cependant au biais méthodologique car le corpus a plus que doublé pour atteindre 146 VCs, et s'est fortement internationalisé avec désormais 69 fonds français, 27 britanniques et 15 allemands. En gardant un périmètre constant, 9 fonds sur 10 qui avaient tout arrêté ont changé de position, adoptant pour 60 % d'entre eux une attitude ouverte au deal flow mais attentiste.

22 % des VCs se disent business as usual, dont 18 % des français, et 59 % temporisent tout en traitant l'examen des nouveaux dossiers. Signe que les closing se poursuivent malgré le confinement, en moyenne 0,6 investissements par fonds ont eu lieu depuis le 15 mars.

Dans les quinze prochains jours, la proportion de répondants prêts à recevoir des nouveaux dossiers s'élève à 86 %, en hausse de cinq points à périmètre constant sur deux semaines. Mais les structures françaises semblent les plus rétives, puisqu'elles ne sont que 81 % à partager cette attitude, à comparer aux 93 % de leurs homologues allemandes ou britanniques. Paradoxalement, les VCs tricolores sont les plus nombreux à prévoir une reprise rapide en matière d'analyse des nouveaux dossiers (27 % tablent sur moins d'un mois contre 22 % outre-Manche et 21 % outre-Rhin). Les plus pessimistes sont les allemands puisque 63 % n'attendent pas de retour à la normal sur ce point avant deux mois (31 % en France et au Royaume-Uni). Tous pays confondus, les investisseurs craignent six semaines de perturbation en moyenne.

Qu'en est-il des prévisions sur les investissements eux-mêmes ? Une proportion non négligeable des fonds - 23 % - estime que la probabilité de n'en faire aucun dans les six mois dépasse les 50 %. Au contraire, 32 % affirment que ce risque est nul. Interrogés cette semaine sur la pression éventuelle des souscripteurs en termes de consignes d'investissement, 41 % pensent que ceux-ci leur demanderont de ralentir le rythme dans les douze prochains mois (45 % en France, 57 % en Allemagne et 30 % au Royaume-Uni). Beaucoup moins de doute en revanche sur le sujet des valorisations post coronavirus puisque 88 % des VCs s'accordent à dire que la crise aura une incidence forte (69 %) ou très forte (19 %) sur elles.

Mardi 31 mars :

Les investisseurs français en capital-innovation sont-ils plus prudents que leurs homologues étrangers face au Covid-19 ? C'est en tout cas ce que semble indiquer la deuxième édition du baromètre hebdomadaire Chausson Finance sur le sujet. Ainsi pour 42 % des fonds européens non français interrogés (basés en Allemagne, au Royaume-Uni, en Espagne et au Benelux), et 43 % des fonds non européens mais investissant sur le Vieux Continent, rien a changé dans leur activité. Leurs confrères de l'Hexagone n'étaient que 6 % la semaine dernière à le penser. Autres réponses allant dans le même sens, 10 % seulement des VCs européens et 35 % des extra-européens ont coupé tout nouvel investissement ou se contentent de maintenir les processus les plus avancés. Chez les acteurs français, cette proportion atteignait 50 % il y a sept jours.

Toutes nationalités confondues, 22 % des fonds estiment qu'aucune ligne de leur portefeuille ne devra être refinancée dans les prochaines semaines. À l'autre bout du spectre, un sur dix craint qu'au moins 40 % de leurs participations n'en ait besoin. En moyenne, 17 % des sociétés en portefeuille devront recevoir un bridge dans les prochaines semaines pour survivre, selon les investisseurs.

La crise peut-elle profiter aux start-up et à leurs actionnaires ? Oui pour 23 % d'entre elles, indique le baromètre. À court terme, les VCs comptent miser fortement sur les domaines de travail à distance, d'edtech, de cybersécurité, de jeux vidéo et de loisirs. À l'inverse, ils retirent de leur liste de courses particulièrement le voyage/tourisme, le commerce et l'hôtellerie.

Le coronavirus affectera l'analyse des nouveaux dossiers pendant encore un à deux mois, disent 53 % des VCs extra-européens, 46 % des européens et 38 % des français (les réponses de ces derniers datant de la semaine dernière). Les plus pessimistes tablant sur une durée de perturbation supérieure sont respectivement 37 %, 39 % et 22 %.

Mardi 24 mars 2020 :

Habitué à interroger les capital-risqueurs pour son indicateur semestriel dont le dernier date de 2016, Chausson Finance adapte sa méthodologie à la crise actuelle. Le leveur de fonds lance un baromètre hebdomadaire pour connaitre et suivre l'état d'esprit des VCs - 68 associés de 54 sociétés de gestion actives en France ont répondu - durant la pandémie. Le premier baromètre, portant sur la semaine dernière, indique une situation sensiblement meilleure que le constat fait par les banques d'affaires tech (lire ci-dessous). Ainsi, une large majorité des investisseurs ne se ferment pas à de nouveaux investissements. Mais si 77 % souhaitent recevoir des dossiers au cours des quinze prochains jours, et même 88 % chez les fonds d'amorçage, 48 % n'en feront pas une de leurs priorités. Un quart des répondants se concentrent complètement sur leur portefeuille, un autre quart poursuivent simplement les process les plus avancés, 45 % traitent les nouveaux dossiers mais temporisent, et seuls 6 % n'ont pas changé leurs habitudes.

Pour passer cette période difficile et incertaine, plus de la moitié des fonds conseillent à leurs participations d'optimiser leur trésorerie, en réduisant les coûts, renégociant avec leurs banques et sollicitant les aides publiques. Quelle est l'incidence de la pandémie sur la stratégie d'investissement des VCs ? Très élevée pour 39 % des répondants et élevée pour 36 % des fonds, indique l'indicateur sans la détailler davantage. 12 % l'estiment faible et autant très faible ou nulle. L'analyse du deal flow devrait être affectée pendant 6,6 semaines, prévoient les investisseurs en moyenne. Les plus optimistes, soit 34 %, s'attendent à un retour à la normale dans moins d'un mois. 43 % tablent sur un à deux mois et 22 % craignent que cela se prolonge au-delà.

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