Les jeunes pousses du spatial se multiplient et participent à la démocratisation du secteur côté investisseurs. Selon Stanislas Maximin, qui vient de valider une série A proche de 7,5 M€ pour Latitude (ex-Venture Orbital Systems), sa société rémoise à l'origine d'un nouveau lanceur, le principe du new space parvient à séduire, malgré des problèmes de temporalité pouvant rebuter les fonds. « L'intérêt des investisseurs est là parce que c'est un secteur qui fait rêver. Mais on n’en est pas encore à la phase où les fonds tech disposent de lignes réservées, avec des thèses et des réflexions adaptées au temps long ; il faut notamment fournir un gros travail de vulgarisation quant au fonctionnement du business et de la roadmap du développement technologique pour convaincre », commente le président. Crédit Mutuel Innovation franchit toutefois le pas à cette occasion, co-meneur avec Audacia qui réalise quant à lui son cinquième investissement dans le spatial à travers Geodesic, une SAS de 100 M€, qui a notamment participé à la levée d'HyPrSpace, autre start-up française conceptrice d'un lanceur (lire ci-dessous). Ils sont suivis de Bpifrance Investissement qui intervient à travers French Tech Seed dans le cadre du plan France 2030, de l'historique UI Investissement et d'un pool d'industriels composé du groupe ADF, de Nicomatic et Comat. Des financements non-dilutifs portent l'opération, conseillée par Largillière Finance, à 10 M€.
Un premier satellite en orbite pour 2024
Latitude, créé en 2018 par Stanislas Maximin, Kevin Monvoisin et Ilan Saidi-Bekerman souhaite grâce à ses liquidités, valider la démonstration des technologies de son lanceur (réservoir, moteur, systèmes électriques...), et projette d'effectuer son premier lancement pour 2024. Ainsi l'équipe de 60 personnes devrait être complétée par une vingtaine de recrutements d'ici la fin de l'année, puis le total doubler l'année prochaine. « À terme, Latitude proposera un service de lancement de nano-satellites clé en main, comprenant le calcul des orbites, la gestion de la logistique, des assurances ou encore des aspects légaux. Nous avons tout à fait confiance en leur capacité à livrer le moteur dans les temps », indique Quentin Robert, en charge de l'investissement pour Geodesic. Un prix de 35 000 € par kilo de charge transporté est visé, « plus quelques milliers d'euros pour le reste des services », ajoute Stanislas Maximin, qui se compare notamment aux 90 000 $ par kilo de l'américain Rocket Lab. Plusieurs étapes restent à franchir avant l'objectif de 2030 qui prévoit une cadence régulière de plusieurs dizaines de lancements par an, et plusieurs levées aussi, le coût total du développement ayant été estimé à 150 M€.