European Digital Group (EDG) réveille un marché du LBO large cap quelque peu atone. Le groupe d'entreprises de services numériques réorganise son capital en faisant entrer Latour Capital aux côtés de Montefiore Investment, signant la cinquième opération à effet de levier à plus de 500 M€ de valorisation au second semestre après Infopro Digital, Sagemcom, Sogelink et Koesio (déjà avec Montefiore), tous des acteurs tech également. L'histoire d'EDG n'est pas banale puisque Montefiore, actionnaire majoritaire jusqu'ici, n'avait pas racheté mais co-fondé l'entreprise en 2019 avec l'entrepreneur Vincent Klingbeil. Un processus concurrentiel classique, confié au printemps à la banque d'affaires Lazard pour approcher des fonds uniquement, a vu six LOI envoyées et un second tour auquel participa Towerbrook et Marlin Equity Partners. Latour mobilise son fonds IV, en cours de levée et ayant débuté son déploiement lors d'un réinvestissement dans Funecap. Un pool composé de Cacib, La Banque Postale, BNP Paribas et Allianz apporte une dette senior classique, correspondant à un levier de quasi quatre fois l'Ebitda, sachant que le LBO initial s'était effectué sur un endettement très faible.
Valeur d'entreprise entre 600 et 700 M€
Latour, qui indique vouloir lever un véhicule de co-investissement ouvert à ses LPs pour cette opération, s'adjuge 30 % du capital d'EDG, soit autant que Montefiore. Les 40 % restants reviennent au management dont principalement Vincent Klingbeil, à 200 des 1 800 salariés, et aux dirigeants des 18 entreprises rachetées en build-up dont Optimize Matter et Social Wire pour les plus récentes. « C'est une grande satisfaction que sur la quarantaine d'entrepreneurs nous ayant rejoints, tous remettent au moins la moitié de leur produit de cession », confie Vincent Klingbeil. La transaction se serait bouclée sur un multiple d'Ebitda situé entre 12,5 et 14,5, faisant ressortir une valeur d'entreprise entre 600 et 700 M€, selon nos informations.
55 M€ d'Ebitda pro forma
EDG devrait boucler l'exercice 2023 sur un chiffre d'affaires de 250 M€, et même 270 M€ en pro forma en incluant une nouvelle cible qui sera annoncée en janvier. Si le groupe de transformation et marketing numérique a multiplié les acquisitions depuis quatre ans, la croissance organique annuelle moyenne reste soutenue, à 27 %, et à 24 % en 2023. Cela avec une solide rentabilité puisque l'Ebitda, pro forma, est attendu en 2023 à 55 M€, soit autour de 20 % de marge. Des chiffres, associés à un taux de rétention de clients de 99 %, expliquant l'intérêt des investisseurs. « Le profil de forte croissance organique et de forte rentabilité nous a plu, ainsi que le potentiel très élevé de consolidation. En France, le marché d'EDG s'avère très profond et éclaté, sur lequel l'entreprise dispose de 1 % de part de marché », indique-t-on chez Latour. Sont regardés en ce moment des intégrateurs Salesforce et ServiceNow, conformément à sa stratégie d'acquisition de spécialistes.
1 Md€ de chiffre d'affaires visé en 2028
Le groupe co-fondé par Montefiore dispose de filiales dans le marketing, les contenus en ligne, y compris sur les réseaux sociaux, la donnée et l'IA, les ressources humaines, et la cybersécurité et services IT. « Nous ne sommes positionnés que sur des segments porteurs et avons un portefeuille de clients très diversifié », souligne Vincent Klingbeil. Des clients essentiellement en France aujourd'hui, mais avec le projet d'internationaliser l'activité en visant 35 % du chiffre d'affaires réalisé hors des frontières en 2028 contre moins de 10 % aujourd'hui. À cette échéance, European Digital Group espère porter ses revenus à au moins 1 Md€.