Les entreprises françaises sont aujourd’hui confrontées à une crise inédite et d'une violence rare. Certaines réussissent à faire face. Pour les plus fragilisées, pas d’autre issue que d’en référer au tribunal de commerce.
Mercredi 15 avril :
- Deloitte Finance dresse un premier bilan des procédures collectives depuis le début du confinement. Sur la période du 12 mars au 14 avril, 370 procédures collectives ont été ouvertes, dont 321 RJ et 49 sauvegardes. Ces procédures concerneraient environ 4650 salariés dont 3485 pour les RJ. L'an passé, sur la même période, les tribunaux enregistraient environ 1500 RJ & sauvegardes qui concernaient environ 8000 salariés. Dans le détail, 85% des entreprises défaillantes cette année ont des revenus inférieurs à 1 M€. Ce seul segment représente 42% des salariés concernés par les défaillances sur cette période. Selon Jean-Pascal Beauchamp, directeur de l'activité Restructuring financier chez Deloitte Finance, « la faiblesse du nombre de procédures ouvertes est liée à la fermeture temporaire des tribunaux. Mais l’importance du nombre de salariés concernés par les défaillances de mars/avril 2020 illustre la prépondérance des enjeux sociaux et la nécessité de leur traitement en urgence, quelle que soit la taille d’entreprise ». Et de conclure : « Un report de ces défaillances est donc à anticiper sur les mois prochains, avec un impact certain sur les chances de retournement de ces entreprises ».
- Les bons chiffres de 2019 n'auront pas réussi à changer la donne. Malgré des revenus de 847 M€ l'an passé, La Halle est contrainte de demander au Tribunal de Commerce de Paris l'ouverture d'une procédure de sauvegarde pour faire face à l'arrêt subit de son activité. Dans le détail, l'enseigne prévoit une perte de 106 M€ de chiffre d’affaires entre le 15 mars et le 11 mai en raison du confinement. Dans le cadre de cette procédure - qui ne concernera pas les autres marques du groupe Vivarte à savoir Caroll et Minelli - l'exploitation se poursuivra normalement. En revanche, le paiement des dettes antérieures à l'ouverture de la procédure est suspendu, ainsi que le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) portant sur le siège de La Halle et l’entrepôt logistique d'Issoudun, lancé en février dernier.
Vendredi 10 avril :
- Premier "couac" parmi les grandes entreprises auverhônalpines. Michel Vieira a obtenu du Tribunal de commerce de Lyon que sa société de distribution d’électroménager, MDA, soit placée en procédure de sauvegarde. « Une première en France », insiste le patron qui sort de sa réserve habituelle pour contester la pertinence du PGE auquel il n’a pas voulu recourir, estimant sa durée inadaptée aux capacités des entreprises, et fustiger l’État. Il estime en effet que ce dernier a créé une situation de concurrence déloyale en autorisant les grandes surfaces à poursuivre la vente d’électroménager (en parallèle des produits de première nécessité) alors que MDA a été contraint de fermer ses magasins. De fait, depuis le début du confinement, le groupe qui emploie 1000 personnes en direct et 5000 au travers de ses 1200 points de vente (marques MDA GPdis, Pulsat et Phox) n’enregistre plus aucun chiffre d’affaires et a placé l’essentiel de ses effectifs au chômage partiel. MDA, qui avait enregistré quelque 600 M€ de revenus en 2019 est soutenu par CM Equity, Ixo, BNP Paribas Développement et Crédit Agricole (à hauteur de 30%). « Je tiens à préciser que notre groupe ne rencontrait pas de problème financier, que nos comptes 2019 ont été approuvés sans réserves et que nous avions de la trésorerie. Ce plan de sauvegarde est un acte de gestion », insiste le dirigeant qui confie même continuer à travailler sur un projet d’acquisition...L'administration judiciaire du groupe a été confiée à l'étude FXB d'Hélène Bourbouloux.
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