Depuis quelques mois, CCR, en quête de cash, cherchait à se séparer de sa filiale de réassurance de marché CCR Re avec l'appui de Credit Suisse et Messier & Associés. Cette quête arrive désormais à son terme, le réassureur public venant d'entrer en négociations exclusives avec le consortium formé par SMABTP et MACSF en vue de la cession du contrôle de CCR Re. « L'opération avait une contrainte forte : l'acquéreur ne pouvait pas afficher de rating inférieur à A. Cela éliminait d'emblée tous les fonds de private equity et les hedge funds », exprime une source proche du dossier. L'opération interviendrait en plusieurs étapes, la première d'entre elles consistant à confier au consortium une participation de 70 %, sur la base d'une valorisation autour de 966 M€, selon nos informations. Surviendrait ensuite une augmentation de capital de 200 M€, portant la participation des deux nouveaux actionnaires à 75 % et valorisant donc la cible 1,166 Md€. Selon une source proche du dossier, SMA BTP deviendrait alors, seul, actionnaire majoritaire avec 56,25 % du capital, tandis que la MACSF disposerait de 18,75 % des titres.
Vers une cession à 100 % en 2026
Dans cette configuration, CCR conserverait environ 25% de l'actionnariat, « ce qui lui permettrait d’accompagner l’autonomisation complète de CCR RE et la mise en œuvre de son ambitieux projet industriel et social », exprime le cédant dans un communiqué. Le réassureur public présidé par Jacques Le Pape consentirait, par ailleurs, une promesse de vente permettant la cession de sa participation résiduelle en 2026. La réalisation de cette opération de cession - qui amènera in fine SMA BTP à détenir 75 % du capital - pourrait intervenir à la fin du premier semestre 2023, à l’issue des processus d’information-consultation des institutions représentatives du personnel concernées et sous réserve de son approbation par les autorités compétentes.
Un besoin de capitaux pour accélérer
« CCR Re se développe très bien mais va avoir besoin de capitaux complémentaires pour se développer. Or, l'Etat - qui a par ailleurs sans doute besoin de renflouer le régime des catastrophes naturelles de CCR - estime qu'il n'est pas du ressort du contribuable d'apporter cet argent », exprime un proche du dossier. CCR Re est, pour mémoire, né fin 2016, alors que sa maison-mère décidait de se consacrer à des activités de réassurance des catastrophes naturelles et de terrorisme pour laquelle elle bénéficie d'une garantie illimitée de l'Etat. L'entreprise avait vocation à devenir une « plateforme de réassurance internationale à Paris », capable de devenir une alternative aux leaders du marché. Elle est aujourd'hui présente en France et à l’international dans les branches dommages aux biens et responsabilité civile, dans la réassurance vie ainsi que dans certaines branches de spécialités (crédit, marine, aviation, spatial, agro).
Des revenus en hausse de 15 %
Autant d'activités qui ont amené CCR Re à afficher un chiffre d’affaires proche d'1 Md€, en hausse de plus de 15 % sur un an, pour un Ebit de 50 M€. Une rentabilité qui devrait être améliorée « mécaniquement » dès l'an prochain, alors que certains risques ne devraient plus être couverts, laissant présager des jours encore plus heureux pour le groupe. « Figurant aujourd'hui parmi les acteurs de troisième rang de son marché, CCR Re a toutes les cartes en mains pour intégrer le cercle des acteurs de deuxième rang aux côtés d'acteurs comme Scor », affirme un connaisseur du secteur. Pour s'y hisser, l'entreprise de 150 collaborateurs continuera à compter sur sa direction en place, composée de Bertrand Labilloy (DG) et Laurent Montador (DGA).