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Bpifrance examine son impact sur l’écosystème tricolore de l’innovation, et ce depuis sa création. Une évaluation issue de données croisées couvrant la période de 2013 à 2023, ainsi que d'enquêtes menées auprès de GPs et de LPs. Pour commencer par la conclusion : sans surprise, la Banque publique considère avoir, dès sa création en décembre 2012, et dans la continuité d'une activité lancée en 1994 par la CDC, adopté la bonne stratégie : « accroître l’offre de capital disponible sur les segments de marché perçus comme risqués par les investisseurs privés », afin de « participer à la montée en puissance et en compétence de l'industrie privée du capital-risque français », rappelle Pascal Lagarde, directeur exécutif de Bpifrance en charge des études, à l'occasion d'une conférence de presse aujourd'hui, présentant les résultats. Bpifrance espère poursuivre et amplifier ses efforts les prochaines années, notamment en participant à la collecte de nouveaux capitaux, principalement internationaux, dont les fonds souverains, et en mobilisant l'épargne des Français. Les fonds français comptent 20 % seulement de souscripteurs étrangers, contre 57 % pour les fonds états-uniens, indique la Banque souveraine. Elle reconnaît sa marge de progression, en comparaison à des écosystèmes plus performants comme les pays anglo-saxons et Israël.
Des retours positifs de l'écosystème
La performance perçue de Bpifrance par l'industrie de l'investissement français est élogieuse. « Environ deux tiers des fonds (VCs, ndlr) considèrent qu'ils n'auraient pas levé, sur cette décennie, sans Bpifrance », évoque Pascal Lagarde. L'enquête indique qu'environ la moitié se dit "tout à fait d'accord" avec les affirmations selon lesquelles la BPI a permis d'atteindre la taille cible des fonds, de déclencher d'autres souscriptions et d'augmenter la taille des fonds. Et cette proportion grimpe encore en incluant ceux "plutôt d'accord." Il n'y a pas de fumée sans feu. Parmi ses principaux faits d'armes, Bpifrance affiche sa présence dans deux tiers des véhicules d'investissement levés auprès d'institutionnels (sur la période 2013-2021, d'après des données Pitchbook). Et bien que la tendance des montants levés par les sociétés de gestion soit à la hausse, l'intervention de Bpifrance est en diminution dans les différents segments, entre les périodes 2013-2017 et celle 2018-2021. La contribution de Bpifrance est passée de 43 % à 34 % sur les seuls fonds d'amorçage. (voir le graphique ci-joint, Bpifrance étant représenté en jaune, ndlr)
Montée en maturité, amélioration des performances
Entre 2013 et 2023, les fonds de capital-risque français ont rattrapé, en taille, leurs homologues britanniques et allemands, grâce à une multiplication par trois des encours, selon les données de Pitchbook. Une croissance pouvant s'expliquer par l'amélioration continue des multiples bruts de sortie des investissements réalisés par l'ensemble des fonds directs et des fonds partenaires de Bpifrance, passant d'un multiple de 0,9 sur la période 1998-2000, à 2,5 lors de 2013-2016. La croissance des montants levés par les start-up françaises a donc naturellement suivi la hausse des liquidités à leur disposition. Les données CFNEWS compilant les transactions dans le segment venture (et apportant une attention toute particulière à exclure les opérations étrangères ou des catégories LBO, ndlr) indiquent que les sommes collectées par les start-up sont passées de 662 M€ en 2013 (voir le bilan venture de cette année), à 5,8 Md€ en 2023 (voir le bilan venture associé). Autre haut fait mis en avant par Bpifrance : le soutien, sur toute cette période, de 80 % des jeunes pousses, en direct ou en tant que fonds de fonds, et à travers des instruments dilutifs ou non.
Bpifrance s'affirme comme investisseur performant
Parfois accusée d'enregistrer des performances moindres par rapport aux investisseurs privés, la BPI réfute par une comparaison des trajectoires de chiffre d'affaires entre les start-up qu'elle a soutenues et celles financées par d'autres. Selon des données Dealroom concernant une période de cinq ans (2010-2015), les start-up de Bpifrance ont multiplié par trois leur chiffre d'affaires, contre un multiple de deux pour les jeunes entreprises uniquement financées par le privé. Par ailleurs, la croissance agrégée de l'emploi et du chiffre d'affaires des start-up est principalement portée par un nombre très restreint d'entreprises championnes. Les 10 entreprises les plus performantes représentent 32 % de la croissance agrégée des revenus des 540 participations analysées, et le top 50 en représente 64 %. Concernant la création d'emploi, les 10 meilleures représentent 13 % et les 50 plus performantes 42 %. A noter que cette analyse prend en compte les sociétés en faillite.