Pour déjouer le rebond illusoire de la croissance, les entreprises fragilisées par la crise doivent s’engager dans des restructurations plus radicales.
Alors que la crise entre dans sa septième année, il est temps de tordre le cou à une idée préconçue sur les entreprises en difficultés. Non, ce ne sont pas des entreprises mal gérées ; sinon, elles seraient déjà mortes depuis longtemps.
Thierry Grimaux, associé chez l’expert en management de transition Valtus, les qualifie même de « survivors ».
La solution passe par une transformation ou une réinvention du modèle économique, visant à reconquérir des positions fortes à même de capter la dynamique du marché.
Thierry Grimaux, Valtus
« Jusque dans les années 2000, les difficultés étaient généralement liées à une mauvaise gestion, il était donc « facile » de remettre à flot une entreprise : il suffisait de la placer sur les bons rails. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas, les entreprises ont survécu précisément parce qu’elles ont déjà utilisé et épuisé tous les leviers pour maintenir la trésorerie, réduire les coûts, et pris les décisions difficiles, comme se séparer des foyers de perte. »
Ainsi les situations de retournement deviennent beaucoup plus difficiles et complexes à réaliser. « La solution passe par une transformation ou une réinvention du modèle économique, visant à reconquérir des positions fortes à même de capter la dynamique du marché », poursuit- il. Et de citer en exemple un cas qu’il connaît bien, le réparateur de mobiles Anovo, pour l’avoir repris en mains dès le rachat par Butler fin 2011. Peu voyaient alors un redressement possible. Pourtant, l’an passé, l’investisseur le cédait à l’américain Ingram Micro pour environ 100 M€ - lui valant le Prix Ulysse du meilleur retournement 2015 décerné par l’ARE. « Aujourd’hui, plus du tiers du chiffre d’affaires d’Anovo est réalisé dans des activités ou des pays où il n’était pas présent lors de sa reprise par Butler fin 2011 », souligne l’expert.