La crise sanitaire mondiale aurait pu gripper la machine M&A et plus particulièrement le large cap. Mais ce fut au contraire, un raz de marée. Selon les données de Dealogic, le montant global des transactions a atteint 5 750 Md$ soit environ 5 000 Md€, constituant ainsi un nouveau record historique. L’Europe a connu une croissance de 40 % avec 1 260 Md$ de deals (1 119 Md€). « L’année 2021 a été marquée par un très gros appétit des corporate et des investisseurs financiers sur des actifs bénéficiant d’une croissance importante et de tendances favorables de marché », analyse Bruno Stern, managing partner de Natixis Partners. L’opération européenne la plus importante de 2021 n’a pas été initiée par un géant industriel coté mais par un fonds. En effet, KKR a jeté son dévolu sur l’opérateur télécom italien coté, Telecom Italia, par le biais d’une offre non contraignante. Si l’OPA va au bout, cela en ferait le plus important LBO européen de tous les temps avec une valorisation d’entreprise à plus de 33 Md€, devançant ainsi l’allemand ThyssenKrupp Elevator, racheté par Cinven et Advent pour plus de 17,2 Md€ en 2020. « Dans un contexte de marché mature, les acteurs du private equity mondial bénéficient d’une force de frappe jamais vue. Le dry powder mondial dépasse désormais le trilliard de dollars. Couplés à un environnement de financement hyper liquide, ils peuvent envisager le rachat d’actifs de plus en plus gros en taille et parfois même battre les acheteurs industriels », complète Céline Méchain, associée de Goldman Sachs qui a récemment conseillé PAI Partners aux côtés de Natixis Partners sur sa sortie d’Asmodée, l’éditeur de 69 millions de jeux vendus au suédois Embracer Group pour une valorisation de près de 3 Md€. Sur la région EMEA, les fonds ont généré 38 % des transactions en 2021, un record historique d’après Dealogic.
Des processus raccourcis
Dans l’Hexagone, ils ont aussi agité le marché du large cap. CFNEWS a recensé seize LBO supérieurs à 1 Md€ (voir le tableau page 12 référençant le top 10). La palme du LBO le plus important de l’an dernier - et même de ces dix dernières années - revient à Cegid. L’éditeur de logiciels dans les domaines de l’expertise comptable, les ressources humaines, la distribution et la gestion des PME fait entrer KKR en minoritaire aux côtés de Silver Lake, majoritaire dans une opération le valorisant 5,5 Md€. Fait nouveau par rapport aux années précédentes, la présence de cinq LBO (Cegid, DomusVi, Cerba Healthcare, Circet et Ermewa) dépassant la barre des 3 Md€ de valorisation. « Nous assistons dans le private equity français à une augmentation de la taille des deals quasi-mécanique liée à la croissance forte des entreprises dans beaucoup de secteurs et des multiples d’acquisition élevés. Parallèlement, les sponsors bénéficient d’un environnement favorable pour lever des fonds plus importants et, quand il le faut, solliciter de leurs LPs des co-investissements pour s’engager sur des tickets d’equity croissants. Les leviers d’endettement n’augmentant pas dans les mêmes proportions, la part du leverage dans les opérations a ainsi tendance à...