Pour sa neuvième édition, le classement CFNEWS des fonds minoritaires a enregistré la participation d’une trentaine de structures d’investissement couvrant le large spectre des typologies des acteurs intervenant sur ce segment. Le montant agrégé de toutes les opérations s’est établi à 3,3 Md€, en ligne avec les 3,4 Md€ investis en 2022, avec un ticket moyen de 6,5 M€ en légère hausse par rapport au millésime précédent. On peut dès lors en déduire que les opérations minoritaires ont échappé au brutal coup d’arrêt qui a pétrifié le LBO majoritaire en 2023 (lire page 28). Pour autant, la traversée du désert des acteurs de l’upper mid et le contexte de sorties grippées auront quand même eu un impact sur une industrie où les lignes de démarcation entre les acteurs du mino et du majo sont de plus en plus poreuses. La physionomie de notre classement s’en est également ressentie même si les acteurs habitués au podium sont toujours très présents.
Imperturbables bancaires
À commencer par la galaxie Crédit Agricole, qui truste encore une fois le haut du classement grâce à la force de frappe de son navire amiral, IDIA Capital Investissement, démultipliée par ses structures régionales et sa filiale de gestion pour compte de tiers Amundi PEF. Les filiales de capital-investissement de la banque verte ont déployé quelque 411 M€, en repli de 5 % par rapport à 2022, auprès de 96 entreprises, dont 70 % de PME régionales valorisées moins de 75 M€. « En tant qu’investisseur dans des opérations minoritaires souvent familiales, nos investissements souffrent moins des restrictions observées sur le marché du crédit ; d’où un bilan en 2023 qui s’inscrit dans la continuité de nos millésimes précédents », indique Jean-Luc Creach, directeur général d’Unexo, la filiale d’investissement du Crédit Agricole dans le Grand Ouest, et président de l’association du Club Haut de Bilan du Crédit Agricole. Mais si le business as usual a prévalu tout au long de l’année dernière, les derniers mois ont été appréhendés avec un peu plus de prudence en raison des current tradings plus dégradés chez les entreprises impactées par ce contexte de permacrise. « Nous avons détecté une légère montée des risques dans les filières agro et chez certains sous-traitants du BTP fragilisés par les difficultés de leurs secteurs », pointe Jean-Luc Creach, qui constate par ailleurs que les valorisations n’ont pas encore été ajustées dans certains secteurs bénéficiant encore d’une attractivité parfois déconnectée de leur réalité économique.