Xl group/axa, antelliq/merck, sfam/ardian, delachaux/cdpq… des deals de plus d’1 md€ structurants et marquant l’arrivée des lps sur ce terrain.
Malgré un contexte géopolitique incertain, l’année 2018 constitue un très bon millésime pour les opérations de fusions et acquisitions dans le monde, surfant sur les niveaux d’avant-crise. En effet, selon les données de Dealogic, le montant global des transactions atteint 3 440 Md$ soit environ 3 000 Md€, en augmentation de plus de 20 % par rapport à 2017, ce qui en fait la deuxième meilleure année depuis 2008. L’acquisition la plus importante réalisée l’an dernier a porté sur Shire, laboratoire irlandais coté à Londres, repris par son homologue japonais Takeda Pharmaceutical pour un montant de 54 Md€. Un rapprochement qui a permis à Servier de s’emparer dans la foulée de l’activité oncologie de Shire, présente notamment aux Etats-Unis, pour un montant de 2,4 Md$, la valorisant plus de 9 fois ses revenus 2017. Cette première implantation commerciale aux Etats Unis constitue la cinquième opération de M&A en valeur en France l’an dernier (hors immobilier). « L’année 2018 a été contrastée, avec un début tonitruant au niveau mondial et un ralentissement au deuxième semestre, qui s’explique par la forte volatilité des marchés, des taux de croissance moins élevés qu’attendus dans certains pays et des tensions entre les Etats-Unis et la Chine. On constate d’ailleurs que la plupart des volumes viennent de transactions intra-régionales et pas de transactions entre les continents », note Xavier Bindel, responsable investment banking et M&A chez J.P. Morgan France. Dans l’Hexagone, selon Refinitiv, le M&A français a représenté, en 2018, des volumes globaux de 144 Md€, en baisse de 33 % soit le plus mauvais millésime depuis cinq ans.
L’international plébiscité
"L’an dernier, les groupes français ont été très actifs dans leurs opérations de croissance externe à l’international. Les investisseurs étrangers notamment américains et asiatiques se sont, également, positionnés sur des opérations stratégiques dans l’Hexagone comme le rachat du laboratoire UPSA par le groupe pharmaceutique Taisho ou celui de Linxens, fabricant de connecteurs par le groupe chinois Tsinghua Unigroup », analyse David Aknin, associé du cabinet d’avocats Weil Gotshal & Manges, conseil d’Atos sur l’acquisition de l’américain Syntel - un spécialiste dans le cloud computing et l’analyse de données dans les secteurs de la finance et de l’assurance - pour 3,4 Md$. Cette opération figure parmi les dix plus importantes opérations de M&A impliquant une partie française l’an dernier hors secteur immobilier (voir tableau page 42) parmi ces transactions d’envergure. Deux rachats de pépites tricolores se distinguent : celui du spécialiste breton de l’identification des animaux, Antelliq, pour 3,25 Md€ - soit un multiple d’Ebitda supérieur à 30 - par le laboratoire américain Merck (offrant à BC Partners, majoritaire depuis 2013, trois fois sa mise initiale) et l’offre publique lancée par Total sur le premier fournisseur d’électricité alternatif français Direct Energie pour 1,9 Md€. « La plupart des corporate mettent en place une politique active de croissance externe, essentiellement à l’international, afin de profiter de l’environnement de taux d’intérêt bas et d’exploiter leur trésorerie disponible, souvent très importante, en vue notamment de réussir leur transformation digitale », énonce Jérôme Hervé, associé couvrant le private equity au BCG.