“Les petites et moyennes entreprises chinoises qui veulent entrer en bourse en Chine ont intérêt à être armées de patience, expliquait Yannick Petit, P-dg de Allegra finance, lors d'une conférence récente où il présentait justement quelques candidates, toutes détenues par une holding européenne, à l'IPO sur Alternext". "Pour un IPO classique vers les bourses de Shanghai et Shenzhen le délai est de 3 à 5 ans, rappelait-il. Par ailleurs, les conditions d'octroi de crédit à long terme sont très difficiles pour les PME ; ils sont en général réservés aux entreprises contrôlées par l'Etat. Quant à l'offre en matière de private equity, elle est insuffisante...”
Ainsi, depuis peu on voit que ces entreprises chinoises, confrontées à ces délais et à ce manque de financement, s'intéressent aux bourses européennes et notamment à celle du marché français sur Alternext précisément. "Car outre l'augmentation de leurs fonds propres, ces introductions augmentent leur visibilité en Europe, favorisent les croissances externes et offrent de la liquidité aux actionnaires", reprend-il.
Les deux premières IPO sur Alternext en 2008
Cette année justement , Alternext a accueilli ses deux premières IPO chinoises. Forte d'une valorisation de 85 M€, China Corn Oil, producteur et vendeur de 35 % du marché chinois de l'huile de maïs, a fait son entrée le 25 mars en fanfare : l'événement a même été salué par une cérémonie exceptionnelle présidée par Jean-François Théodore, directeur général adjoint de NYSE Euronext. Deux semaines plus tard, le 8 avril, ce fut au tour du groupe immobilier Huacheng Real Estate de faire son entrée, avec une valorisation de 165 M€. “Ces deux premières introductions sont un grand pas en avant pour NYSE Euronext, reconnaissait Alain de Foucaud (photo), associé en charge du pôle boursier de Taylor Wessing, le conseil juridique sur ces deux opérations. Juridiquement, le travail a été fastidieux pour que les entreprises correspondent à tous les critères exigés à l’entrée d’Alternext. Mais nous y sommes arrivés, et, forts de cette expérience, nous sommes prêts à continuer sur cette voie, en conseillant d’autres sociétés chinoises qui désireraient intégrer la place de Paris.”
“China Corn Oil et Huacheng Real Estate se sont très bien défendues, ajoutait Yannick Petit, puisque les cours n’ont pas décroché et sont restés proches des cours d’ouverture, ce qui est une relativement bonne performance étant donné le contexte actuel.”
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Trois introductions à l'étude
Il était temps de pouvoir montrer que la France pouvait accueillir des sociétés chinoises car en ce domaine l'hexagone accuse toujours un certain retard par rapport à ses voisins européens. En effet, pour l'instant, seules 2 sociétés chinoises sont cotées sur Alternext et 3 sur le Marché Libre, contre 74 au London Stock Exchange et 11 au Deutsche Börse. Mais cela pourrait changer sous peu. Plusieurs dossiers d'introduction sur NYSE Euronext sont à l'étude. Y travaillent main dans la main le cabinet Taylor Wessing, pour les questions juridiques, l'équipe de Allegra Finance, qui opère en tant que "listing sponsor", ou encore IDMidcaps, bureau d'analyse financière indépendant spécialisé sur les valeurs moyennes. A l'occasion de la conférence, trois sociétés chinoises ont d'ailleurs été présentées, qui pourraient faire prochainement leur entrée : le fabricant de meubles d'extérieur Ningbo Great Leisure, fondé en 2000 à Ningbo, qui a affiché un chiffre d'affaires de 19,8 M€ et un profit net de 1,4 M€ en 2007 ; le fabricant d'outils Toolux, né en 1992 à Shengzhou, qui a affiché un chiffre d'affaires de 10,3 M€ et un profit net de 2,4 M€ en 2007; et enfin le fabricant de gants Dongda, créé en 2000 à Zhejiang, et fort d'un chiffre d'affaires de 13,1 M€ pour un profit net de 1,4 M€ en 2007. Ces trois sociétés, dont l'introduction sur Alternext est à l'étude, ont en commun de réserver leur production à l'exportation et de réaliser la majorité de leurs ventes sur le continent européen. “Le côté exotique des sociétés chinoises, ainsi que leurs croissance et rentabilité élevées, font d’elles des sociétés assez peu sensibles à la mauvaise santé des marchés, explique Yannick Petit (photo). Je suis certain que les investisseurs français vont s’intéresser de plus en plus à ces sociétés, surtout lorsqu’elles viendront leur présenter leurs résultats chaque semestre, et qu’ils constateront leur étonnante progression.”