Big C, Foncia, SMCP, Lafarge India. CFNEWS a enregistré 27 transactions supérieures à 100 M€ sur un total de 129 entre l'Asie et la France.
Selon les données de CFNEWS, 129 opérations franco-asiatiques* ont été opérées en 2016. Les deals de plus de 100 M€ représentent plus de 20,9 % (soit 27 deals). 58 transactions cross-border portant sur des cibles asiatiques ont été signées : parmi elles les cessions françaises en Asie font partie des plus grosses opérations; 12 d'entre elles sont supérieures à 100 M€. Les investissements asiatiques se poursuivent dans l’Hexagone : 71 opérations ont été recensées par CFNEWS, dont 15 transactions au delà de 100 M€ (voir les tableaux ci-dessous).
Cessions françaises importantes en Asie
La première place du podium des plus grosses cessions revient au thaïlandais Big C, cédé à son compatriote TCC par le groupe Casino (lire ci-dessous). Le distributeur tricolore avait, pour rappel, souffert de l’attaque de l'activiste américain Muddy Waters et devait pallier à la la menace d’agences de notation de baisser sa notation. Les deux cessions en Thaïlande et au Vietnam lui ont apporté respectivement 3,1 Md€ et 920 M€. En particulier, la cession de Big C, générant une plus-value de 2,4 Md€, a permis au groupe un désendettement de 3,3 Md€. Le cimentier franco-suisse Lafarge Holcim a également engagé, de son coté, de nombreuse cessions en Inde, Chine, au Vietnam et Sri Lanka, en empochant un montant total de plus de 3,4 Md€.
Quatre opérations initiées par des acteurs tricolores en Asie figurent au palmarès 2016. La palme revient à la prise de participation de 20 % par Aéroports de Paris dans le programme de privatisation partielle d’Airports Corporation of Vietnam pour une valeur de 1,2 Md$ (1090 M€).
Les transactions supérieures à 100 M€ en Asie en 2016
Investissements d’envergure en France
Le LBO ter de Foncia est à la tête du classement (voir le tableau ci-dessous). Eurazeo et Bridgepoint, actionnaires depuis juillet 2011 ont cédé le spécialiste des services immobiliers résidentiels et de l’administration de biens, à un trio mené par le suisse coté Partners Group, suivi par le québécois Caisse de dépôt et placement du Québec et le fonds souverain chinois China Investment Corp (lire ci-dessus). Le take-over du propriétaire des trois marques parisiennes SMCP par le géant du textile chinois Ruyi se positionne en deuxième place avec le montant de 1,3 Md€ (lire ci-dessus). Après un dual track, SMCP a in fine choisi l'offre chinoise, en espérant y saisir le cœur de la nouvelle classe moyenne, qui préfère aujourd’hui la gamme entry lux au luxe.
Parmi ces 15 transactions, deux concernent le secteur immobilier, confirmant ainsi l’attention d’investisseurs asiatiques pour la région parisienne. La première est l’achat de l’immeuble So Ouest, de 33 000 mètres carrés de bureaux, au-dessus du centre commercial du même nom à Levallois-Perret par le sud-coréen Samsung SRA AM, branche immobilière de l’assureur sud-coréen Samsung Life - elle-même membre du conglomérat Samsung - pour 333,8 M€. La seconde est une opération de sale & leaseback réalisée par Natixis. Ce dernier a également cédé à un sud-coréen, Korea Post, l'immeuble rénové à Paris pour un montant de 176 M€, en s'engageant sur un bail de 10 ans pour sa filiale Banque Privée 1818.
Les principaux investissements des acteurs asiatiques en France en 2016
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Transactions avortées en Allemagne
L’année 2016 n’a guère été marquée par des transactions politiquement "sensibles" en France sauf la montée de Jin Jiang dans AccorHotels. Le cinquième acteur mondial du secteur hôtelier est devenu le premier actionnaire du fleuron hôtelier français, passant de 5 % du capital fin janvier à 10 % fin février, et enfin 15 % fin mai dernier (lire ci-dessous). Le chinois souhaite toujours atteindre les 29 % du capital, soit juste en deçà des 30 %, seuil de l’OPA obligatoire. Mais le marché et l’administration française n'y sont pas favorables.
Outre-Rhin, plusieurs opérations importantes menées par des investisseurs chinois ont été stoppées, notamment, deux OPA sur Aixtron et Osram Licht (ancienne filiale de Siemens). L’acquisition de l’équipementier semi-conducteur allemand Aixtron pour 670 M€ lancée par le fonds chinois FGC (Fujian Grand Chip Investment Fund) a été bloquée par les autorités américaines et allemandes. Le veto est lié à l’inquiétude de l'accès de la Chine à la production de nitrure de gallium (GaN) et à la technologie de nanotubes, permettant des applications militaires. Aixtron compte en particulier des clients dans la sécurité, dont l’américain Northrop Grumman et le français Thales.
En revanche, depuis presque un an, ChemChina a lancé la méga OPA de 43 Md$ sur le bâlois Syngenta, géant du secteur chimiste et semencier. L'opération, qui devait se boucler avant la fin d’année, a déjà obtenu le feu vert, en septembre dernier, des autorités américaines. L'Union Européenne est toujours en cours d'examinanation du dossier et pourrait exiger des cessions d’actifs. ChemChina a reporté à deux reprises la date de finalisation, en espérant toujours closer au premier trimestre prochain.
Nouvelles opérations attendues en 2017
Les deux géants d’Asie, la Chine et le Japon, ont joué un rôle de premier plan dans le M&A international cette année. L’Empire du Milieu a déboursé 217 Md$ pour la croissance externe, dont 105 Md$ à l'international (35,6 Md$ de transactions avortées) alors que le montant investi par l’Archipel a atteint plus de 93 Md$, selon Thomson Reuters. Sous la pression de la baisse du Renminbi - devise chinoise (unité de mesure: yuan) -, le gouvernement chinois projette de durcir le contrôle des flux de capitaux sortants afin de freiner les sorties « non saines » de capitaux. L'impact sur les investissements chinois générés par cette nouvelle réglementation reste incertain, toutefois deux gros dossiers sont en cours. En effet, après la cession d'Areva NP, le groupe nucléaire Areva va engager en ce début de l’année une recapitalisation d'un montant total de 5 Md€, qui sera majoritairement souscrite par l’État français avec l'appui de partenaires extérieurs : le japonais MHI, le chinois CNNC et le kazakh Kazatomprom. Le géant nucléaire russe Rosatom souhaiterait également intégrer le nouveau tour de table d’Areva. L’opération représenterait une « refondation de la filière nucléaire française ». Par ailleurs, l'exploitant de onze domaines skiables français (Tignes, Val d’Isère, Les Arcs, les Deux Alpes, etc.), ainsi que du Parc Astérix, du musée Grévin, ou encore du Futuroscope de Poitiers, la Compagnie des Alpes - détenue à 39,54 % par la Caisse des Dépôts- cherche activement un partenaire chinois pour lui céder de l’ordre de 10 à 15 % du capital. Elle avait entamé des négociations avec le conglomérat privé chinois Fosun - propriétaire du français Club Méditerranée et actionnaire du québécois Cirque du Soleil- mais sans aboutir. La Compagnie des Alpes pourrait s’implanter dès 2017 en Chine pour y développer de stations de ski et des parcs d’attraction.
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* le Moyen-Orient non inclut dans les données.