Sujet à la mode dans le monde du financement de l’innovation, l’émergence du corporate venture fait pourtant figure de serpent de mer bien connu des VC les plus anciens. Mais après plusieurs mouvements de balanciers depuis les années 1990 marqués par la bulle Internet et son éclatement,
puis la crise de 2008, il semble particulièrement remuant depuis quatre ans environ. L’accélération est indéniable puisque la proportion des membres du CAC 40 actifs en la matière est passée de 40 % à 60 % entre 2015 et 2016, selon des études de Bain et du pôle Systematic avec Orange. « C’est une tendance lourde. Il n’y a pas un grand groupe ou une ETI qui ne réfléchit pas au moins à cette question. Le CVC (corporate venture capital) représente pour eux un outil parmi d’autres d’open innovation », constate Valérie Gombart, associée de Hi Inov, qui gère notamment un fonds de la SNCF. Et la tendance ne devrait pas s’arrêter avec la publication il y a un an du décret encourageant fiscalement ce capital-risque d’entreprise (lire l’encadré page 49).
Ce phénomène transforme par son ampleur l’environnement des fonds d’investissement traditionnels
puisque désormais chacun doit se positionner par rapport à ces acteurs, récents pour une grande part même si plusieurs pionniers comme Orange côtoient des VC depuis une trentaine d’années. Dans cet univers en expansion, industriels et fonds financiers peuvent se retrouver un jour concurrents pour investir dans une cible, le lendemain co-investisseurs, mais aussi, et c’est un aspect plus récent, partenaires dans une relation de gérants / souscripteurs.