La fête est bel et bien finie pour l’écosystème tech. L’essor de l’activité, jusqu’à l’euphorie généralisée entre les étés 2020 et 2022, a laissé la place à un reflux marqué depuis plus d’un an. Le capital-innovation a perdu la moitié de ses montants au premier semestre 2023 et les valorisations moyennes sont redescendues à des niveaux de 2019 voire d’avant. En cause, le ralentissement économique et la hausse des taux d’intérêt détournant les LPs du capital-investissement, en particulier du segment plus risqué du financement de l’innovation, et alimentant la baisse des marchés publics.
Le Nasdaq n’a pas connu d’effondrement néanmoins puisque l’indice phare de la tech américaine, considéré comme précurseur du non-coté, n’a abandonné que 6,6 % de janvier à fin novembre, et même gagné 15 % en novembre. Pas de quoi espérer malgré tout un nouveau cycle de croissance rapidement. « Le recul très fort des valorisations, en late stage surtout, est loin d’être terminé. Nous n’en sommes qu’à la moitié du chemin », estime Raphaëlle d’Ornano, associée fondatrice du cabinet d’audit juridique et financier d’Ornano + Co.
Raréfaction des tours de plus de 100M€
Le retournement de tendance apparaît particulièrement marqué dans le domaine des levées de fonds. « Ce marché est gelé. Même s’ils continuent en apparence de jouer le jeu et montrent une motivation, la plupart des fonds ont fermé leurs investissements. Ils disent vouloir revenir courant de l’année prochaine », constate Jean-Philippe Jacob, associé au sein du cabinet d’avocats Yards. Un petit filet alimente encore les tours à trois chiffres en millions - sept en 2023 contre
quinze à même époque l’année dernière -, mais seules deux licornes, aux activités bien différentes des autres, ont vu le jour de janvier à novembre 2023. Le producteur de batteries Verkor, financé surtout par des fonds d’infrastructure et des industriels, et le fabricant d’une LED pour écrans Aledia, tous deux grenoblois, sont d’ailleurs représentatifs d’une évolution des levées les plus significatives vers des jeunes entreprises au profil très industriel, en lieu et place d’éditeurs Saas ou de places de marché. Toute la chaîne de financement n’est toutefois pas touchée de la même manière. « Le seed et dans une moindre mesure la série A restent actifs, alors que les segments suivants, à partir de la série B, sont franchement grippés, relève Antoine
Ganancia, managing partner chez la banque d’affaires Clipperton.