Les chiffres fluctuent selon les études, mais le constat reste le même : les épargnants français sont largement sous-exposés au private equity. Selon France Invest, la classe d’actifs pèserait moins de… 0,1 % de leur patrimoine. Le capital-investissement est pourtant présent de longue date chez les investisseurs privés. Apparu à travers les fonds fiscaux (FIP et FCPI) en 1997 avant de faire son grand retour en 2019 dans les contrats d’assurance vie et le PER via les FCPR, il connaît aujourd’hui un nouveau souffle sous l’impulsion de plateformes 100 % digitalisées, pilotées par des sociétés de gestion innovantes. « Très rapidement après la loi Pacte, j’ai vu naître la volonté chez les GPs d’adresser la clientèle privée en changeant le moins possible leur modèle opérationnel. Au même moment, les acteurs de la gestion privée cherchaient à diversifier le patrimoine de leurs clients sur des fonds en respectant les standards institutionnels (qualité, transparence, frais, reporting…) », retrace Estelle Dolla, fondatrice de Private Corner, qui met à disposition de 250 partenaires distributeurs des fonds de fonds et feeders ayant réuni 350 M€ depuis l’obtention de son agrément AMF fin 2020.
Pour autant, mettre en relation GPs et LPs privés n’a rien d’une sinécure. « Ouvrir le private equity aux particuliers nécessite de mobiliser une somme considérable d’énergie, de talents, de technologie, de ressources humaines et de capitaux », décrit Frédéric Stolar, managing partner et co-fondateur d’Altaroc (650 M€ sous gestion). Ce challenge pour les fonds et leurs prestataires - notamment les dépositaires - a donc amené certains acteurs à pousser à l’extrême la carte du digital. C’est le cas de Tygrow, « pure player du service » né en avril 2022 avec la vocation de structurer des fonds pour des entités non agréées ou des sociétés de gestion ne souhaitant pas s’embarrasser de ces petites lignes au passif. « Le papier et le mail ne fonctionnent pas pour traiter un nombre important d’investisseurs. Seul le digital permet d’adresser cette volumétrie », expliquent les co-fondateurs, Nicolas Baboin et Florent Colombet, précisant n’assurer « ni la commercialisation des fonds, ni le sourcing des deals », laissant ces activités aux mains de leurs clients tout en leur fournissant les outils pour le faire (un comité d’investissement et une plateforme d’onboarding des souscripteurs). Un avis partagé par Fèmy Mouftaou, directeur commercial chez Equitis qui, avant la naissance de Tygrow et Private Corner, était en situation de quasi-monopole sur le marché de la structuration de feeders et fonds de fonds avec 1,5 Md€ gérés à travers une cinquantaine de véhicules.