Depuis l’apparition des premiers spécimens, Veepee en 2014 et BlaBlaCar en 2015, la population de licornes françaises suit une courbe exponentielle. Sa croissance a néanmoins connu un coup d’accélérateur particulièrement marqué en 2021, avec quatorze naissances (voir le tableau page 27). Ce groupe d’animaux imaginaires, mais très communs aujourd’hui, compte désormais 23 éléments, selon le décompte de CFNEWS (lire page 31 la définition d’une licorne). Signe de la frénésie actuelle, certaines pépites enchaînent les tours sur quelques mois, à l’image de Back Market. Après une opération de 276 M€ au printemps à plus d’1Md€ de valorisation, la place de marché releva 450 M€ en décembre auprès de Sprints Capital et des historiques Eurazeo, Aglaé Ventures, General Atlantic et Generation Investment Management. C’est aussi le cas de Sorare, passant d’un tour de 30 M€ à un autre de 580 M€ mené par SoftBank, PayFit (90 M€ puis 254 M€ auprès de General Atlantic en chef de file), Ankorstore (84 M€ puis 250 M€ mené par Tiger Global Management et Bond Capital) et Vestiaire Collective, réunissant deux fois 178 M€, avec d’abord Tiger et Kering en co-lead puis SoftBank.
Trois (quasi) décacornes
Back Market sort du troupeau en se valorisant 5,1 Md€, suivi par deux autres, aussi à mi chemin, ou presque, du statut de décacorne (10 Md€). La fintech Qonto vaut ainsi 4,4 Md€ grâce à une enveloppe de 486 M€ apportée par un cercle prestigieux comprenant Tiger Global, Technology Crossover Ventures (TCV), Alkeon Capital Management, Eurazeo, KKR et Insight Partners. De son côté, la plateforme de cartes de footballeurs virtuelles Sorare atteignait 3,7 Md€ un peu avant l’été.
Le changement de rythme des naissances de licornes accompagne l’internationalisation de leur financement. « La typologie des investisseurs présents sur les plus gros tours de growth a changé. L’intérêt pour les pépites françaises des grands VCs et plus encore des investisseurs LBO ou non traditionnels comme Dragoneer ou Coatue s’est aiguisé, allant de pair avec une certaine « globalisation » de la tech française. Ces fonds, très dotés, ont fait mécaniquement grandir les valorisations », constate Raphaëlle d’Ornano, associée du cabinet d’Ornano + co très actif dans les gros tours de tech.