« 2021 a été une année exceptionnelle en termes de nombre de transactions réalisées sur le secteur agro-alimentaire », pose Jacques Ropartz, directeur associé chez CFI Athema. Un constat qui se vérifie à la lecture des opérations référencées par CFNEWS, soit 165 opérations (capital-investissement, LBO, IPO et M&A) lors de l’année écoulée, contre 135 en 2020 et 158 en 2019. Parmi les plus gros deals de 2021, figurent notamment le rachat de Panzani par CVC pour 550 M€, la vente de Cémoi à Sweet Products pour former un ensemble d’1,2 Md€ de chiffre d’affaires, ou encore celle de Leerdammer à Lactalis pour 700 M€ (voir l’infographie ci-dessous). Un dynamisme qui s’explique en partie par le report de certaines opérations de 2020, mais aussi par le flegme des investisseurs. « La quasi-totalité des LBO est menée par des fonds spécialisés ou disposant d’un track-record dans ce secteur leur permettant de se différencier et de maîtriser les paramètres d’investissement, surtout dans les périodes un peu chahutées comme celle que nous avons traversée depuis deux ans », rappelle Ronan Lauzel, directeur d’affaires chez Sodica Corporate Finance.
Des coopératives dynamiques
Certains dossiers présents de longue date sur le marché ont, eux aussi, réussi à se déboucler. Frial, spécialiste normand des produits surgelés aux 182 M€ de revenus, a ainsi trouvé preneur auprès du groupe Le Duff. La transaction est d’ailleurs révélatrice d’une tendance de taille : l’arrivée en force des industriels, qui concentrent 85 deals sur l’année, alors qu’ils « représentaient traditionnellement le tiers du volume des transactions », compare Aurélien Ferrand, directeur d’affaires chez Sodica CF. Cette dynamique a été largement alimentée par les coopératives, comme en témoigne l’acquisition de Yoplait par Sodiaal ou encore de Soufflet par InVivo moyennant 2,2 Md€. Les coopératives régionales ne sont pas non plus en reste. Lienhart s’est ainsi adossé à son confrère alsacien CAC tandis qu’Aqualia a fait le choix d’entrer dans le giron de Le Gouessant. Sans oublier le mouvement de consolidation des PME et ETI de la filière : « en ces périodes mouvementées, certaines entreprises familiales ont estimé que le moment était opportun pour se rapprocher d’acteurs plus établis, ayant des structures et des modèles résilients », ajoute Pierre Jourdain, président du conseil d’administration d’Azulis Capital. Pour accompagner cet appétit de croissance externe, certains conseils M&A ont adopté une démarche buy side. « Du fait des liquidités abondantes sur le marché, nous avons accepté davantage de missions d’achat qu’à l’accoutumée. A l’inverse, il n’est pas toujours facile de convaincre les vendeurs que le moment est opportun car ils préfèrent attendre d’avoir pleinement retrouvé leur niveau d’activité de 2019 et redressé leurs marges », explique Alexandre Briand, directeur associé chez In Extenso Finance & Transmission, faisant également état d’un « retard [qui] n’a pas encore été rattrapé pour de nombreux projets d’investissement ».