Pas de rebond, mais une légère hausse des prix des transactions des PME et ETI non cotées de la zone euro. Après une légère inflexion les trois premiers mois de l’année, l’indice Argos revient à son multiple de valorisation de l’automne 2022 avec une médiane à 9,9 fois l’Ebitda. « Malgré les vicissitudes des trois dernières années, le mid-market affiche une stabilité remarquable depuis 2017, avec des valorisations oscillant entre 9 et 10,5x l’Ebitda, en dehors de l’anomalie de 2021 liée au Covid », commente Louis Godron, président d’Argos Wityu. Une résistance de l’indice portée par les acquéreurs industriels, avec un prix médian de 9,6 fois l’Ebitda. Néanmoins, la part des multiples extrêmes représente près d’une transaction sur deux, un record, avec 22 % réalisées à des multiples supérieurs à 15, toujours portés par la santé et la tech, et 26 % inférieurs à 7.
Les petites opérations résistent
Au premier semestre, l’activité transactionnelle des PME et ETI de la zone euro affiche un repli de 30 % en valeur. Un chiffre tiré par le recul de l’upper-mid-market de 45 %, en ligne avec celui du M&A mondial de 38 % selon les données Refinitiv. Le nombre de transactions européennes chute, lui, de 15 % et même de 22 % pour les LBO, qui représentent moins de 15 % des fusions-acquisitions, en volume, mais aussi en valeur. Du jamais vu. Une conséquence directe de la hausse continue des taux d’intérêt qui freine les banques à se positionner sur des opérations fortement leveragées, mais aussi de la différence d’appréciation du risque entre les vendeurs et les acheteurs. « Nous n’observons pas une tendance baissière, temporise Louis Godron. Les entreprises en portefeuille se portent bien et on peut s’attendre à une reprise des volumes avec des valorisations qui se maintiennent. » Le printemps a en effet enregistré une légère croissance du nombre de transactions de 2 % par rapport au premier trimestre 2023 et de 32 % en valeur, grâce à un lower-mid-market (15 à 150 M€ de VE) moins volatile.
Des leviers plus prudents
Si les financements des acquisitions demeurent difficiles à obtenir sur le haut du mid-market, les fonds de dette pourraient offrir une alternative. Sur le marché français, le nombre de transactions unitranche s’avère pourtant en recul selon l’indice Aether FS. « Le taux d’opérations s’est avéré relativement faible au deuxième trimestre, mais le marché a bien repris fin juin », commente Edouard Narboux, CEO d’Aether FS. Avec quinze transactions au deuxième trimestre 2023, comparées aux 36 de la même période en 2022, ce marché accuse lui aussi le coup des hausses de taux de base. Pour maîtriser le coût de la dette, les arrangeurs mettent en place des opérations avec des leviers plus prudents qu’en 2022 analyse l’étude. Au second trimestre, le levier moyen au closing s'établit à 4,47x pour un spread de 6,08 %, contre plus de 4,6x au printemps 2022. La clause de toggle, de plus en plus présente dans les documentations d’unitranche à la demande des emprunteurs, permet de relever le levier en capitalisant une partie des intérêts non payés en fin de période. Les marges se stabilisent néanmoins au-dessus des chiffres de 2022, à 1,43 % par tour d’Ebitda aux deux premiers trimestres de 2023.