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Afrique #155 : Tarjama, Saint-Gobain, Jumo, MFS Africa, Zembo...


| 2487 mots
© Tarjama

© Tarjama

Services aux entreprises : Tarjama / Amethis / (Émirats arabes unis / Moyen-Orient et Afrique du Nord / France)

Nour Al Hassan, Tarjama

Nour Al Hassan, Tarjama

Après un premier investissement dans le marocain Magriser (relire bulletin #128), nouvelle transaction bouclée pour Amethis MENA Fund II, qui a réalisé son premier closing à 85 M€ (101 M$) en août dernier : le véhicule axé sur les PME à croissance rapide en Maroc, Égypte, Tunisie, et Jordanie a pris une participation minoritaire dans le dubaïote Tarjama, le principal fournisseur de technologies et de services linguistiques dans la région MENA (en anglais « Middle East and North Africa »). La société fondée et dirigée depuis 2008 par l’entrepreneuse jordanienne Nour Al Hassan développe des produits de technologie linguistique B2B intelligents, notamment un moteur de traduction automatique axé sur l’arabe, ou encore Cleverso, un système de gestion de traduction, répondant ainsi aux besoins linguistiques et de localisation d’un large éventail d’entreprises. Bien que ni le montant ni le pourcentage d’acquisition n’aient été divulgués, Amethis MENA Fund II est connu pour prendre des tickets compris entre 5 et 15 M€ dans les entreprises à fort potentiel rejoignant son portefeuille.

Laurent Demey, Amethis

Laurent Demey, Amethis

Le soutien du fonds français aidera Tarjama à améliorer sa technologie d’intelligence artificielle, et à mettre en œuvre sa stratégie de croissance organique et inorganique ambitieuse sur les principaux marchés de la région (voir fiche opération avec les conseils sur CFNEWS). « Cet investissement d’Amethis crée une opportunité exceptionnelle pour nous de renforcer nos capacités technologiques et de positionner en toute sécurité Tarjama en tant que leader de l’IA linguistique dans la région. Nous sommes impatients de cette prochaine phase de croissance où nous allons considérablement développer notre portefeuille de produits actuel, créer de nouveaux produits axés sur le client et étendre notre présence sur les marchés mondiaux. », a déclaré Nour Al Hassan, la P-dg fondatrice. « En investissant dans Tarjama, Amethis est fier de soutenir non seulement un leader du marché attrayant de la localisation de la région MENA, mais également une PME à forte croissance dirigée par des femmes qui a déjà atteint la parité hommes-femmes », s’est réjoui de son côté Laurent Demey, associé co-fondateur d’Amethis.

 

BTP & Matières premières : usine de gypse / a.b.e.® Mauritius / Saint-Gobain (Kenya / Maurice / France)

© Saint-Gobain / Septfontaine

© Saint-Gobain / Septfontaine

Présent en Afrique subsaharienne depuis 1929, avec des bureaux de représentation en Afrique du Sud (siège), au Ghana, au Kenya et en Côte d’Ivoire, le groupe tricolore Saint-Gobain y étend sa présence avec une double acquisition au Kenya et à Maurice, s’inscrivant dans le cadre d’un plan stratégique « Grow & Impact » présenté début octobre. Il vient en effet de mettre la main à Nairobi sur son premier site de production kényan, à savoir une usine de gypse (un minéral principalement exploité dans le secteur de la construction pour la production du plâtre), et envisage d’y investir dans une ligne de production de chimie de la construction. Par ailleurs, il se renforce dans les mortiers techniques, additifs et produits imperméabilisants à Maurice, grâce à une prise de participation majoritaire dans a.b.e.® Mauritius, une filiale de l’entreprise de chimie française Chryso depuis septembre 2010. Cette dernière a elle-même quitté le portefeuille de la firme de private equity britannique Cinven en mai dernier, rejoignant Saint-Gobain en échange d'un peu plus d'1 Md€ (lire l’article Chryso rejoint un géant coté sur CFNEWS). Ces acquisitions permettront au géant coté d’accélérer sa croissance dans le domaine de la construction légère et durable en Afrique, continent où il dispose désormais de vingt-neuf sites industriels (dont neuf nouvelles usines ouvertes au cours des deux dernières années) dans douze pays. Le leader des matériaux et solutions de construction, qui a engrangé 38,1 Md€ de revenus l’an dernier avec plus de 167 000 collaborateurs - dont environ deux mille en Afrique - a acquis ses premières usines de gypse africaines en 2005, avec le rachat de British Plaster Board ; il a ensuite ajouté l’activité mortiers à son portefeuille en 2006 avec l’acquisition du sud-africain Tylon.

 

Services financiers : Jumo / Fidelity Management & Research Company / Visa / Kingsway Capital (Afrique du Sud / États-Unis / Royaume-Uni)

Andrew Watkins-Ball, le fondateur et actuel directeur général de Jumo, a déménagé le siège social de la fintech du Cap à Singapour en septembre 2018, dans le cadre son expansion au Pakistan. - © Jumo

Andrew Watkins-Ball, le fondateur et actuel directeur général de Jumo, a déménagé le siège social de la fintech du Cap à Singapour en septembre 2018, dans le cadre son expansion au Pakistan. - © Jumo

La fintech sud-africaine Jumo, qui propose des services financiers aux entrepreneurs et aux entreprises des marchés émergents, lève 104 M€ (120 M$) dans le cadre d’un nouveau cycle de financement dirigé par l’américain Fidelity Management & Research Company, dont il s’agit du premier investissement dans une société africaine. Désormais valorisée autour de 346 M€ (400 M$), l’entreprise a également su convaincre la multinationale californienne Visa ainsi que le la société d’investissement londonienne Kingsway Capital de participer à ce tour de table. Opérationnellement active au Ghana, en Tanzanie, au Kenya, en Ouganda, en Zambie, en Côte d’Ivoire et au Pakistan, la jeune pousse créée et dirigée depuis 2015 par Andrew Watkins-Ball revendique dix-huit millions de clients (particuliers et petites entreprises), qui auraient bénéficié de 3 Md€ (3,5 Md€) de prêts grâce à sa technologie. Sa plateforme basée sur l’IA fournit une gamme complète d’infrastructures et de services dont les banques ont besoin pour fonctionner. Jumo compte utiliser ces nouvelles ressources pour augmenter son portefeuille de produits financiers, fournir aux commerçants et grandes entreprises des options de prêt à plus long terme, et s’étendre au Nigeria et au Cameroun dès 2022. Depuis son lancement, la fintech a levé - selon les données recensées par Crunchbase - plus de 225 M€ (260,7 M$) en equity et en dette auprès de bailleurs de fonds tels que Finnfund, Gemcorp, Proparco, Leapfrog et Goldman Sachs (relire bulletins #21 et #82).

 

Services financiers : MFS Africa / AfricInvest / Goodwell Investments / Lun Partners Group / Allan Gray Ventures / Endeavor Catalyst / Equator Capital Partners / Endeavor South Africa / CommerzVentures (Afrique du Sud / Tunisie / Pays-Bas / Hong-Kong / États-Unis / Allemagne)

© MFS Africa

© MFS Africa

La société de paiements numériques panafricaine MFS Africa, basée à Johannesbourg, vient de finaliser une série C d’un montant de 86 M€ (100 M$) dont 60 M€ (70 M$) en equity et le solde en dette. Mené conjointement par le capital-investisseur tunisien AfricInvest - via son véhicule Financial inclusion vehicle (FIVE) - le néerlandais Goodwell Investments et le hong-kongais Lun Partners Group, la levée de fonds a également mobilisé les américains Allan Gray Ventures, Endeavor Catalyst, Equator Capital Partners (via son véhicule ShoreCap III), Endeavor South Africa (Endeavor Harvest) et l’allemand CommerzVentures. Fondée en 2009 et dirigée par Dare Okoudjou, la plus grande plateforme panafricaine de paiements numériques du continent connecte entreprises, banques, opérateurs de mobile money et sociétés de transfert d’argent les uns aux autres et à plus de 320 millions de portefeuilles mobiles dans plus de 35 pays africains. Ce tour de table fait suite à une série d’opérations de croissance externe au cours des dix-huit derniers mois, dont le dernier en date est le nigérian Capricorn Digital, société mère de la start-up Baxi. L’argent récolté permettra de recruter de nouveaux talents sur le continent et au-delà, tout en soutenant l'expansion au Nigeria et en ouvrant de nouveaux bureaux régionaux sur les principaux marchés africains, ainsi qu’aux États-Unis et en Chine. La pépite sud-africaine compte également sur ce financement pour renforcer ses fonctions de gouvernance, de risques et de conformité (GRC), ainsi que sa trésorerie et sa réserve de liquidités.

 

Transports & Électricité : Zembo / InfraCo Africa / Dob Equity / Mobility54 (France / Ouganda / Royaume-Uni / Pays-Bas)

© Zembo

© Zembo

Le  fabricant de motos électriques Zembo, basé à Lyon et Kampala, lève 3 M€ en amorçage auprès du britannique InfraCo Africa (société d’investissement membre du Private Infrastructure Development Group - PIDG), du néerlandais Dob Equity (fonds à impact dédié aux pays d’Afrique de l’Est) et de Mobility 54 (un VC opérant en Afrique sous l’égide du japonais Toyota Tsusho Corporation et du groupe tricolore CFAO). La start-up fondée en 2018 par Étienne Saint-Sernin et Daniel Dreher assemble des motos électriques qu’elle met ensuite en circulation, mettant à disposition des conducteurs de motos-taxis (boda boda) des véhicules entièrement électriques, dont elle facilite l’acquisition via un système de paiement à l’usage. Zembo exploite également un réseau de stations de recharge solaire et d’échange de batteries. Disposant actuellement d’une flotte de 200 motos-taxis électriques fonctionnant avec 20 stations d’échange de batteries, elle ambitionne de vendre (ou mettre en location-vente), d’ici mi-2023, pas moins de deux mille motos électriques. Elle souhaite en outre s’appuyer sur cet apport financier de 3 M€ pour construire quarante nouvelles stations d’échange de batteries d’ici le premier trimestre 2023 (voir fiche opération sur CFNEWS). Ayant vocation à soutenir des projets liés à la mobilité verte sur le continent africain, Mobility 54 a par exemple investi cette année dans Moja Ride, plateforme digitale ivoirienne de paiements principalement dédiée aux opérateurs publics de transport (relire bulletin #131) et Autochek, une start-up nigériane offrant des solutions digitales pour le secteur automobile (relire bulletin #153).

 

Services juridiques - Avocats d’affaires : Hamzi Law Firm / DS Avocats (Maroc / France / Afrique / Moyen-Orient)

Zineb Hamzi et Patrice Mouchon, © DS HLF (ex Hamzi Law Firm)

Zineb Hamzi et Patrice Mouchon, © DS HLF (ex Hamzi Law Firm)

DS Avocats accélère en Afrique en s’alliant avec le casablancais Hamzi Law Firm (HLF), un cabinet pluridisciplinaire fondé en 1999 et accompagnant investisseurs, dirigeants de PME et grandes entreprises internationales et marocaines dans leurs projets au Maroc, en Afrique de l’Ouest et au Moyen-Orient. Son équipe de deux associés et huit collaborateurs multilingues, menée par l’associée fondatrice Zineb Hamzi et Patrice Mouchon, avocat au barreau de Paris (également associé fondateur de Davies et Mouchon et associé gérant de DMH Africa), intervient plus particulièrement en matière de droit des affaires, restructuration sociale et mobilité internationale, PPP et financement de projets, propriété intellectuelle, informatique et protection de données, ainsi qu’en contentieux et arbitrage. Rebaptisée à cette occasion DS HLF, la firme marocaine dispose également d’expertise dans les domaines des énergies et des infrastructures, du tourisme et de l’hôtellerie, de l’assurance et du transport, ainsi qu’en technologie, média et télécommunications. Ce rapprochement commercial (et non capitalistique, comme confirmé par Laure Escalpez, directrice marketing et communication de DS Avocats), qui couronne des années de collaboration, permettra au cabinet créé à Paris en 1972 et dirigé par Olivier Fages de renforcer sa présence sur le continent africain, où il disposait déjà d’un bureau à Dakar, mais également de s’ouvrir au Moyen-Orient. Les clients des deux structures bénéficieront ainsi d’un réseau international de vingt-quatre bureaux, répartis dans quatorze pays.

 

Événements :

  • 18 novembre (14-15h10) : conférence annuelle de presse en ligne du Système régional d’analyse stratégique et de gestion des connaissances (ReSAKSS), organisée par AKADEMIYA2063 en partenariat avec la Commission de l’Union Africaine (CUA), qui réunira des acteurs étatiques et non étatiques pour délibérer sur les principales conclusions et les recommandations politiques du rapport ATOR 2021 du ReSAKSS. Au programme des discussions : l’impact de la pandémie de la Covid-19 sur les systèmes alimentaires en Afrique et des options de politiques permettant d’assurer la reprise et de renforcer la résilience face aux chocs futurs.
  • Abidjan, 1-3 décembre : troisième édition des Market Days de l’Africa Investment Forum, organisée par la Banque Africaine de Développement (BAD) dans un contexte marqué par la volonté de relancer les économies africaines après la Covid-19. Les investisseurs rassemblés à Abidjan tâcheront d’évaluer de nouvelles opportunités d’investissements.

 

Et aussi...

  • La société marocaine spécialisée en logistique Sadaa Invest (conseillée par UGGC Africa) et le livreur de colis français Colis Privé (via sa holding internationale) ont mis en place une co-entreprise baptisée Colis Privé Maroc. Cette joint-venture aura à cœur de renforcer la distribution de colis aux particuliers sur le territoire africain, en particulier dans la livraison du « dernier kilomètre ».
  • La firme de capital-investissement panafricaine AfricInvest s’associe pour la première fois directement à un hôpital au Kenya, en finançant - par l’intermédiaire de son véhicule de dette, AfricInvest Private Credit (APC) - le prestataire de soins de santé kényan Ruai Family Hospital (RFH Healthcare), qui exploite huit établissements de santé dans le pays. Ce dernier utilisera cet argent  pour étendre la chaîne d’hôpitaux à de nombreux autres endroits à travers le pays, ainsi que pour solidifier la position du fonds de roulement du groupe. La filiale dette privée d’AfricInvest s’apprêterait par ailleurs (selon Africa Business Plus) à financer d’autres entreprises au Sénégal ou au Nigeria.
  • Africa REN, une société d'investissement française spécialisée dans le développement de projets dans les EnR en Afrique, vient de lancer la construction de Kodeni Solar, la plus grande centrale solaire du Burkina Faso. Afin de financer d'autres projets énergétiques durables en Afrique de l'Ouest, elle a par ailleurs scellé un nouveau partenariat avec la banque de développement néerlandaise (FMO) et le fonds d'investissement sud-africain Metier Sustainable Capital.
  • La Banque Africaine de Développement (BAD) et l’Agence Française de Développement (AFD) ont signé le 10 novembre un accord de cofinancement et de partenariat. Objectif : renforcer leurs relations et mobiliser des ressources supplémentaires pour des projets à fort impact en Afrique.
  • Le futur hôtel Lincoln Casablanca, réalisé par le groupe français coté de développement territorial Réalités, et qui sera géré par la marque Radisson Collection (du groupe américain Radisson Hotels), ouvrira ses portes en 2025. Construit par l’architecte français Hubert Bride en 1916, l’hôtel cinq étoiles - à la façade classée patrimoine historique - offrira après rénovation 120 chambres et suites réparties sur 13 500 m2 et sur trois niveaux, avec deux restaurants, deux bars, un salon de thé, un espace coworking, des espaces de séminaires modulables, un spa et un parking couvert sur deux niveaux de sous-sols.
  • Le groupe coté Orange s’associe avec NuRAN, une société canadienne qui fournit des solutions sans fil mobiles et à large bande, pour connecter des dizaines de millions de personnes via la construction de sites de mise en réseau au Cameroun et en RDC.

 

Bonne fin de semaine et à mardi prochain !

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